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Les conquérants de l'île verte

Les conquérants de l'île verte

Titel: Les conquérants de l'île verte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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décidés à exécuter leur menace, Bran
ordonna de faire demi-tour et, de peur qu’ils ne fussent noyés, les fit monter
à bord.
    Ce jour-là, ils ramèrent jusqu’au soir, car le vent n’était
pas suffisant pour les faire avancer. La nuit tombait lorsqu’ils aperçurent
deux petites îles rocheuses et entièrement dépourvues de végétation sur
lesquelles se dressaient deux forteresses. Ils y entendirent du bruit, celui
que faisaient les habitants en conversant très fort et en se vantant à qui
mieux mieux d’avoir accompli les actions les plus héroïques. « Nous
pourrions aborder et leur demander s’ils connaissent la direction de l’île des
Pommiers, dit Diuran le Poète. – Tu as raison, répondit Bran. Allons les
trouver. Ils savent peut-être des choses que nous ignorons. »
    Mais, comme il prononçait ces mots, un vent d’une telle
violence s’abattit sur eux qu’ils se trouvèrent ballottés sur les vagues sans
plus pouvoir diriger le bateau. Après avoir dérivé toute la nuit, ils ne virent
plus, au matin, ni île ni terre ferme, et ils ignoraient absolument tout de
leur position.
    « Tout cela est de votre faute, dit Bran à ses frères
de lait. Vous êtes montés sur ce bateau, alors que le druide Nuca m’avait bien
recommandé, sous peine de grands malheurs, de ne pas prendre plus de seize
hommes comme compagnons de voyage. Maintenant, il ne nous reste plus qu’à
laisser le bateau dériver. Nous verrons bien où il nous mènera. »
    Ils ne répondirent pas, car ils se sentaient coupables. Mais
les autres compagnons de Bran étaient pleins d’angoisse eux aussi, et ils
observèrent tous un grand silence. Ils allèrent ainsi pendant trois jours et
trois nuits au gré des courants sans rencontrer de terre. À la fin du quatrième
jour, ils entendirent un bruit qui provenait du nord-est. « C’est le bruit
des vagues contre un rivage, dit Bran. Dirigeons-nous de ce côté-là, car nous
sommes sûrs d’y découvrir quelque chose. »
    Ils ne mirent pas longtemps à apercevoir une terre. Comme
ils tiraient au sort pour savoir qui descendrait sur le rivage, un énorme
essaim de fourmis, chacune d’elles ayant la taille d’un poulain, surgit sur la
grève et s’avança dans la mer. Visiblement, ces fourmis géantes entendaient
s’en prendre au bateau et en dévorer l’équipage. Bran ordonna de ramer avec
vigueur et ils furent bientôt hors de portée, mais ils passèrent encore trois
jours et trois nuits à errer sur la mer sans savoir où ils se trouvaient.
    Or, au matin du quatrième jour, ils aperçurent dans la
lumière du soleil une île haute et grande, avec des terrasses tout autour. Des
rangées d’arbres se dressaient sur chacune de ces dernières et, sur les
branches, étaient perchés de grands oiseaux. Bran et ses compagnons tinrent conseil
pour décider de ce qu’il convenait de faire, mais ils n’arrivèrent pas à
prendre de décision. Alors Bran résolut d’aborder lui-même, ce qu’il fit, et
très facilement. Il tua des oiseaux et les rapporta au bateau, procurant à tous
une nourriture excellente. Et, là-dessus, ils reprirent la mer.
    Au milieu de la journée, ils aperçurent une autre île qui
leur sembla grande et sablonneuse. Comme ils s’apprêtaient à aborder, ils y
virent une bête qui ressemblait à un cheval, mais elle avait les jambes d’un
chien, un pelage tout hérissé et des ongles pointus. Visiblement, sa joie était
grande, et elle n’attendait que le moment de sauter sur eux pour les dévorer.
Bran ordonna de reprendre le large au plus vite mais, quand la bête s’aperçut
de leur fuite, elle gagna la grève, se mit à creuser le sable et en retira des
galets qu’elle lança contre le bateau. En redoublant de vitesse, les
navigateurs parvinrent néanmoins à lui échapper.
    Ils arrivèrent peu après en vue d’une autre île, celle-ci
très plate. Le sort désigna German pour aller l’explorer, mais Diuran le Poète
voulut l’accompagner, disant qu’à deux on courrait moins de danger. Une fois
débarqués, ils marchèrent avec prudence et débouchèrent sur une vaste prairie
où ils remarquèrent d’énormes empreintes qui semblaient avoir été faites par
des sabots de chevaux. Il y avait aussi, éparpillées un peu partout, de très
grosses coquilles de noix. Et comme il y avait également des ruines de maisons,
ils appelèrent leurs compagnons à venir se rendre compte par eux-mêmes. Mais ce
spectacle les effraya, car

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