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Les conquérants de l'île verte

Les conquérants de l'île verte

Titel: Les conquérants de l'île verte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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bien, voici : ce sont les deux chevaux merveilleux que possède
Dobar, roi de Sicile. La mer et la terre leur conviennent également, et il est
fréquent de les voir galoper sur les vagues. Il n’est pas de chevaux plus
rapides et plus résistants qu’eux. Il n’est pas non plus de char plus solide et
plus beau que celui auquel ils sont attelés. De plus, si souvent que l’on tue
ces chevaux, toujours ils renaissent, et chaque fois plus beaux et plus sains
qu’ils ne l’étaient auparavant, pourvu du moins que l’on en rassemble tous les
os. Non, je crois qu’il ne vous sera pas facile de les obtenir, car on les
garde précieusement dans les écuries du roi.
    « Maintenant, continua Lug, savez-vous quels sont les
sept porcs que je vous demande ? Ce sont les porcs que possède Éasal, roi
des Colonnes d’Or. Ils ont cette particularité merveilleuse que, quand bien
même on les tue chaque soir, on les retrouve vivants le lendemain matin. Et
celui qui en mange un morceau n’est plus jamais malade ni en mauvaise santé.
    « Le petit chien que je vous réclame porte le nom de
Failinis, et il appartient au roi d’Ioraidh. Il a ceci de singulier qu’aucune
des bêtes qui le regardent ne peut rester debout et se couche sur le sol. Comme
les porcs d’Éasal, il vous sera difficile de l’obtenir. La broche à rôtir que
je vous demande est l’une de celles qui servent aux femmes de Fianchair pour
préparer leur nourriture. Mais il est presque impossible de s’en emparer, tant
ces femmes sont vigilantes et surveillent avec soin leur bien. Quant aux trois
cris que je vous demande également de pousser sur une colline, ce sont les
trois cris de la colline de Miodchain, dans les pays du nord. Or, c’est un
interdit pour Miodchain et ses enfants de laisser quiconque pousser un cri sur
cette colline. C’est chez lui que mon père a fait son apprentissage, et si j’ai
la faiblesse de vous pardonner votre crime, Miodchain ne vous le pardonnera
certainement pas. Voilà le prix de la compensation que je vous demande. »
    Les fils de Tuirenn demeurèrent silencieux, et une grande
angoisse les saisit. Ils quittèrent l’assemblée et allèrent trouver leur père
pour lui expliquer ce qui s’était passé, et quelle compensation réclamait Lug
au Long Bras pour le meurtre de Cian, fils de Diancecht. « Voilà de
mauvaises nouvelles, dit Tuirenn. Vous allez vous attirer mort et destruction
si vous partez à la recherche de ce que vous réclame Lug. Mais vous ne sauriez
faire autrement, et il faut bien avouer que c’est là justice, car vous avez
commis le pire crime qui se puisse commettre. Mais je vous préviens : vous
ne pourrez obtenir tout cela sans les pouvoirs merveilleux de Mananann ou de
Lug lui-même. Voici donc ce que je vous conseille : demandez qu’on vous
prête le cheval de Mananann, c’est Lug qui le monte, actuellement. Lug ne
pourra vous le prêter, puisque le cheval n’est pas à lui. Aussi refusera-t-il.
Alors, vous lui demanderez la barque que Mananann lui a prêtée également. Et
comme c’est un interdit pour lui de rejeter une seconde demande de prêt, vous
l’obtiendrez. Et, croyez-moi, la barque vous sera plus utile que le
cheval… »
    Les fils de Tuirenn allèrent donc trouver Lug au Long Bras,
le saluèrent et lui dirent qu’ils ne pourraient jamais obtenir le prix de la
compensation si lui-même ne les aidait pas. Et ils le prièrent alors de leur
prêter le cheval de Mananann.
    « C’est impossible, répondit-il, ce cheval ne
m’appartient pas. – Alors, dit Brian, fils de Tuirenn, prête-nous la barque de
Mananann. – Cette fois, dit Lug, je ne puis vous la refuser. Prenez-la. – Et où
se trouve-t-elle ? – À Brug-na-Boyne [76] . »
    Une fois en possession de la barque, les fils de Tuirenn
allèrent dire adieu à leur père. Celui-ci les vit partir avec tristesse et
désespoir, car il savait l’entreprise vouée à l’échec, même avec la barque de
Mananann. Ethné, fille de Tuirenn, accompagna ses frères jusqu’au port et, là,
elle leur chanta un chant plaintif dans lequel elle déplorait que les fils de
Tuirenn eussent commis pareil attentat contre le père de Lug et fussent par là
condamnés à errer à travers le monde en quête de choses impossibles à obtenir.
    Les trois frères s’embarquèrent et gagnèrent la pleine mer.
« Quelle route allons-nous prendre ? demandèrent les deux cadets. –
Allons à la recherche des pommes, répondit Brian,

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