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Les conquérants de l'île verte

Les conquérants de l'île verte

Titel: Les conquérants de l'île verte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Les fils de Tuirenn rendirent
hommage au roi de Sicile, et celui-ci leur demanda qui ils étaient, d’où ils
venaient et dans quelle intention. « Nous sommes des mercenaires
d’Irlande, répondit Brian, et nous gagnons nos soldes chez tous les rois de la
terre. – Voulez-vous entrer à mon service ? demanda le roi. – En vérité,
nous le voulons. »
    Ils établirent un contrat et firent alliance avec le roi de
Sicile. Mais, au bout de quinze jours et un mois dans la forteresse, ils
n’avaient pas obtenu le moindre renseignement sur les deux chevaux et le char.
« Ce contrat est mauvais pour nous, mes frères, dit Brian. Nous ne sommes
pas plus avancés aujourd’hui qu’au jour de notre arrivée. – Que penses-tu donc
opportun d’entreprendre ? lui demandèrent ses frères. – Voici ce que nous
allons faire, dit Brian. Prenons nos armes et nos équipements, allons trouver
le roi, et annonçons-lui que nous quitterons son service s’il ne nous montre
son attelage. »
    Ses frères approuvèrent, et tous trois, après s’être
équipés, se présentèrent devant le roi de Sicile. Celui-ci leur demanda
pourquoi ils étaient en tenue de voyage. « Tu vas le savoir, ô roi, dit
Brian. Nous sommes des mercenaires d’Irlande, mais nous ne nous contentons pas
de servir les rois de la terre au moment des guerres et des conflits. Nous
sommes aussi leurs confidents et leurs conseillers, surtout quand ces rois
possèdent de précieux trésors. Or, depuis que nous sommes ici, tu nous as
traités d’une façon bien désinvolte. Nous savons que tu as les deux meilleurs
chevaux et le meilleur char du monde, mais tu t’es bien gardé de nous en parler
et de nous les montrer. Voilà pourquoi nous avons décidé de partir. – Il est
mal à vous de penser à me quitter, répondit le roi, car vous êtes les plus
chers à mes yeux, parmi les mercenaires que j’ai pris à mon service. Dès le
premier jour, si vous me l’aviez demandé, je vous aurais montré ces deux
chevaux et ce char, soyez-en persuadés. Mais puisque vous me faites des
reproches, je m’en vais sans plus tarder satisfaire votre demande. »
    Il ordonna à ses serviteurs d’aller chercher les deux
chevaux, de les atteler au char, et l’équipage survint aussi vite qu’un vent de
printemps. Brian observa avec attention les chevaux. Il arrêta le char, saisit
le cocher par le mollet, et le jetant contre un rocher qui se trouvait à
proximité, lui fracassa le crâne. Puis, grimpant lui-même dans le char, il
porta au roi un coup si violent qu’il lui fendit le cœur et la poitrine. Après
quoi, ses frères et lui combattirent vigoureusement les gardes du roi, les
troupes de la ville, et en firent un grand carnage avant de regagner la barque
de Mananann avec les deux chevaux et le char.
    De là, ils se rendirent en un rien de temps jusqu’au pays d’Éasal
dans l’intention de s’y emparer des porcs merveilleux que leur avait réclamés
Lug au Long Bras. Or, le roi Éasal avait eu vent des exploits accomplis par les
fils de Tuirenn. Aussi vint-il en personne les accueillir lorsqu’ils abordèrent
au pied de sa forteresse. « Pourquoi êtes-vous venus dans ce pays ?
leur demanda-t-il. – Par suite de l’injustice, répondit Brian, et à cause d’une
compensation que nous devons payer. Il s’agit aujourd’hui de tes porcs qu’il
nous faut emmener. Si tu nous les donnes de ton plein gré, nous repartirons en
te manifestant l’ampleur de notre gratitude. Mais si tu refuses de nous les
livrer, nous les emporterons néanmoins, coûte que coûte, après de sanglantes
batailles au cours desquelles nombre des tiens perdront la vie. – Certes, dit
le roi, il serait mauvais pour nous de vous livrer bataille à ce sujet. Je vais
prendre conseil. »
    Il alla donc consulter ses sages et ses devins. Tous furent
d’avis qu’il valait mieux donner les porcs aux fils de Tuirenn plutôt que de
tenter de résister à leurs furieux assauts. Et le roi vint leur dire qu’il
consentait à les laisser emmener ses porcs. Les fils de Tuirenn en furent
émerveillés, car c’était la première fois qu’on leur donnait ainsi une partie
du prix de la compensation sans qu’ils eussent à combattre et à s’exposer aux
dangers. Le roi les emmena dans sa propre résidence pour la nuit. Ils y furent
traités avec déférence et servis de manière à combler leurs désirs, tant en
nourriture qu’en boisson et bons lits pour dormir.
    Le lendemain matin, on

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