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Les conquérants de l'île verte

Les conquérants de l'île verte

Titel: Les conquérants de l'île verte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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captif. Elle
n’a sûrement pas de cuve, sinon pour se laver ou se baigner, ou encore pour
faire la vaisselle après une nuit de sommeil. Allons à une autre. »
    Ils entrèrent donc dans une autre et, là, le captif déclara
qu’elle contenait de quoi étancher sa soif. Néra le déposa sur le sol. Dans la
pièce se trouvaient effectivement des cuves pour se baigner et se laver, mais
chacune d’elles contenait un breuvage. En outre, un baquet à lessive se
dressait au milieu de la salle. Après avoir bu une gorgée dans chacun des
récipients, le captif souffla la dernière goutte hors de ses lèvres sur les
habitants de la maison, lesquels en moururent tous. Sur ce, Néra ramena le
prisonnier vers la maison des tortures.
    Mais il vit alors une chose surprenante : à la place de
la forteresse, la colline était brûlée devant lui et, dans le monceau de têtes
fichées sur des pieux qui l’occupaient, il reconnut les têtes d’Ailill, de
Maeve et de tous leurs familiers.
    Cependant, comme une foule de guerriers s’engageaient dans
l’ombre, il les suivit à l’intérieur du tertre. Une fois dedans, tous ces
hommes allèrent trouver le roi et lui montrèrent les têtes qu’ils avaient
emportées. Quant à Néra, il demeurait prudemment à l’écart. « Qu’avez-vous
fait à l’homme qui vous accompagnait ? leur demanda le roi. – Nous ne lui
avons rien fait, car il n’était pas avec les autres, répondirent-ils. –
Faites-le venir devant moi afin que je lui parle. » Ils entraînèrent Néra
vers le roi qui lui demanda : « Comment es-tu venu jusqu’ici ? –
Je l’ignore, répondit Néra. J’ai suivi les guerriers qui ont assailli et brûlé
la forteresse. – C’est bon, reprit le roi. Va dans cette maison là-bas. Une
femme seule t’y accueillera. Dis-lui que c’est moi qui t’envoie vers elle, et
viens chaque jour m’apporter un fagot de bois. »
    Il en fut ainsi. La femme lui souhaita la bienvenue, et il
coucha avec elle cette nuit-là. Et, chaque jour, dès lors, il apporta un fagot
de bois à la maison du roi. Mais, chaque jour, il voyait un aveugle qui,
portant un boiteux sur son dos, sortait de la maison du roi et se rendait
auprès d’un mur, devant la maison. « Est-ce là ? demandait l’aveugle.
– Sûrement, répondait le boiteux. Maintenant, allons-nous-en. »
    Fort étonné de cet étrange comportement, Néra finit par
demander à la femme ce qu’elle savait à son sujet. « Le boiteux et
l’aveugle s’approchent de la couronne qui se trouve cachée dans le mur,
répondit-elle. Cette couronne est un diadème en or que le roi arbore lors d’une
fête, car elle est magique et donne la puissance à qui la porte. On l’a cachée
dans ce mur afin que personne, hormis le roi, n’y puisse toucher. – Mais
pourquoi, reprit Néra, viennent-ils à deux s’assurer que la couronne est
toujours là ? – Ce n’est pas difficile : comme l’un est aveugle et ne
voit rien, que l’autre est boiteux et ne peut marcher, le roi est sûr que la
couronne ne sera pas dérobée. – Une chose me tracasse encore, reprit Néra. Je
me demande ce qui s’est passé le jour où j’ai pénétré dans le tertre. J’ai vu
que la forteresse de Cruachan avait été détruite et incendiée, et que les gens
de ton peuple ont tué Ailill et Maeve, ainsi que toute leur maisonnée. – Ce
n’est pas exact, répondit la femme. C’est une armée d’ombres qui est allée dans
la forteresse. Mais ce que tu as vu se réalisera si tu n’avertis pas les tiens.
– Mais comment faire ? – Lève-toi et va vers eux. Ils entourent toujours
le chaudron, et ce qu’il contient n’a pas encore été mangé. Dis-leur de se
tenir sur leurs gardes, à la prochaine nuit de Samain ,
car les hommes du tertre doivent attaquer à ce moment-là la forteresse de
Cruachan et tous ceux qui s’y trouvent. Ce que tu as vu n’est pas encore.
Conseille aussi à Ailill et à Maeve de venir attaquer le tertre la veille de Samain , car il a été prédit depuis longtemps que ce tertre
serait détruit par Ailill et Maeve et qu’ils s’empareraient de la couronne du
roi Briun. Cette couronne leur conférera la suprématie sur tous les autres
peuples de l’Irlande. – Mais comment sauront-ils que je suis vraiment venu dans
le tertre ? demanda Néra. Ils croiront que je raconte des histoires. –
Emporte des fruits d’été, dit la femme. Sache aussi que je suis enceinte de toi
et que je donnerai naissance

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