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Les cons

Les cons

Titel: Les cons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Julien Boyer
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je remarque que la trace qu'on avait faite en arrivant a disparu, recouverte par les nouvelles chutes de neige du début de soirée. De mieux en mieux. Au moins, maintenant, le ciel était clair. On rentre dans la poudreuse sans un mot. À ce moment de l'histoire, on avait aucun doute de notre capacité à rejoindre le camion. Notre seule inquiétude était le compte à rebours.
        Quelle naïveté...
        Grosses différences avec l'après-midi : La neige était toute légère car fraichement tombée, mais beaucoup plus haute.
        Et puis il fait noir aussi.
        Pour redescendre, il existe un sentier plus direct à travers la forêt de sapins mais un peu plus raide. C'est celui là qu'on prend d'habitude. On a donc traversé le bout de clairière qui sépare le chalet du début du sentier, et on a cherché les premières balises... Sans jamais les trouver, la neige avait tout uniformisé, il faisait trop noir. Petite panique, merdemerdemerde, on fait quoi ! Au bout de cinq minutes de recherche infructueuse de balises, pressés par le temps, on a piqué tout droit dans le sous bois, visant la direction suivie par le sentier dans nos mémoires.
        En sous bois il y a moins de neige. On en avait jusqu'à mi cuisse à peu près. C'est pour ça qu'on évitait les clairières où on avait la neige jusqu'à la taille. C'est des raquettes d'1m de diamètre qu'il nous aurait fallu pour cette neige. Comme on était deux, on se partageait la position d'ouvreur. Position doublement inconfortable du fait que c'est lui qui fait le chemin, et c'est lui qui tient la lampe. Comme les deux mains sont accaparées par les bâtons, il faut la mettre dans la bouche. Comme on est pas des putes, on essayait de garder la position de tête le plus longtemps possible, mais j'en chiais tellement quand j'y étais que je passait le flambeau à Thibaut à la moindre occasion.
        On a donc tracé à travers bois. On a retrouvé quelque chose qui ressemblait au chemin plus d'une fois, pour finalement se rendre compte que non, c'était juste notre imagination. Quand on était trop épuisés ou que la lampe montrait des signes de faiblesse, on s'arrêtait un coup et on rechargeait nos batteries et puis celles de la lampe en tournant la manivelle. Super d'ailleurs, ces lampes sans pile qui marchent à l'huile de poignet. On avait pas d'eau, je bouffais de la neige. Mais une bouchée de neige poudreuse, ça représente juste quelques gouttes... Pendant les pause, mon Papa me réapparaissait en vision : « Ti Punch... Ne quitte jamais de vue le sentier balisé... Ti Punch (voix caverneuse)... Tous les zoreils qui ont perdu le sentier de vue ont été retrouves morts congelés... gelés... ééé ». Mais je fermais ma gueule et je souriais à Thibaut : « On est bon, je le sens. Allez, à moi de passer devant ». Et lui de me répondre : « Attends, je vais continuer encore 100 m » avec le même sourire hypocrite. Il m'a avoué plus tard qu'il avait des crises de panique et je suis content qu'il les ait gardées à l'intérieur
        Tailler à travers la forêt, c'est pas du tout comme sur le sentier. Combien de fois on a du faire demi tour, coincés entre une végétation trop dense et une ravine ? Je sais plus, trois-quatre fois. Et me sortez pas que c'est pas grand chose. Quand tu viens de te frayer un chemin entre les branches d'un sapin tombé, que tu viens de descendre un talus sur le cul, que tu viens de contourner un bosquet trop dense pour te rendre compte qu'il faut tout refaire dans le sens inverse, avec la pente en plus, ça te donne de réelles envie de quelque-chosicide.
        Évidemment, on aurait du redescendre pas le même chemin qu'on avait pris à l'aller... Plus long, mais plus doux, et bien dégagé. On s'était foutus dedans, mais c'était trop tard pour réécrire l'histoire, il fallait percer dans cette voie.
        De temps en temps, une sorte de piquet attirait mon attention (« le sentier ! »). C'était systématiquement la cime d'un jeune sapin qui dépassait un peu de la couche de neige.
        On descendait, on cherchait le sentier des yeux, on se parlait pas. Je pensais à Anna, restée en haut à attendre l'arrivée des secours ; avec Greg qui devait empirer de minute en minute. Sans aucun moyen de savoir si on était pas perdus, tombé dans une ravine, ou quoi que ce soit. C'est elle qui avait la pire position. Nous on avait une responsabilité au moins, une mission,

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