Les cons
à peinture.
- Mercredi soir je vais acheter la bombe de orange. Ensuite je peins le fond et je découpe les pochoirs.
- Jeudi matin, debout à 6 heures, je peins les pochoirs (sous la neige un peu)
- Jeudi soir : première couche de vernis au retour du taf, deuxième couche 4 heures après, Comme j'avais mis la planche dans la cabane au fond du jardin, où qu'il fait froid et humide, elle a pas séché des masses entre les deux couches.
- Vendredi matin, debout à 6 heures, troisième couche de vernis sur les deux autres pas encore bien sèche.
J'avais acheté le vernis commercial le plus résistant qui existe. C'est celui qu'on utilise pour les coques des bateaux. Comme une planche de descente, elle encaisse beaucoup plus qu'un bateau, alors j'ai mis beaucoup de vernis.
Le con.
Entre les opérations sur la planche, j'étais sensé vendre des machines. Mais si vous avez lu le chapitre 9 (pas que je vous en veuille si vous l'avez zappé, il parle de la même chose pendant huit pages), vous vous doutez que j'étais tout fébrile à l'idée de revoir Dédé. Faut dire qu'elle m'avait fait une sacrée impression la petite. Alors j'avais un peu du mal à me concentrer sur le suivi de mes clients.
Et puis, Vendredi soir, je me casse du taf à 5 heures (j'en pouvais plus), je saute dans le Berlingo et je file à la maison, à plus de 40 miles par heure, moi qui respecte toujours scrupuleusement les limites de vitesse.
Arrive là, je constate que ma pute de planche a pas fini de sécher. Qu'à cela ne tienne Étienne, je monte les trucks dessus avec deux vis chacun (pour pouvoir la poser sans qu'elle touche le sol) et je la cale dans le coffre, à l'abri de tout contact. J'entasse aussi dans la voiture : un calebut de rechange, un gros pull, une couverture, une boite de capotes (y a pas de mal à prendre des précautions non ?), Ma couette, mon canif... Je m'envoie un sandwich au plastique pour la route et je démarre en faisant patiner le disque d'embrayage.
S'en suivent deux heures de route pendant lesquels j'ai rongé mes ongles, mon frein et mon levier de vitesse et me voilà à Hullavington, 100 habitants, PNB supérieur à celui du Burkina.
Pendant que mon cerveau gauche essaye de trouver l'entrée de sa prison, mon cerveau droit s'horrifie de ses conditions de détention. Après échec de mon cerveau gauche, je l'appelle. Elle est en plein repas de famille, je vais l'attendre au pub.
Le pub est le seul commerce de la ville d'Hullavington. Près du coin du bar où je pose mon coude, un mec qui vient de finir sa pinte fait un signe à la patronne, grosse, blonde, plantureuse et vergetures qui la lui remplit. Pour le geste, je commande un cheeseburger et un verre d'eau.
Et puis elle arrive, on se pose à une table, l'un devant sa bouffe, l'autre devant sa bière. C'est quand même un moment spécial quand deux étrangers, seuls amis dans ce pays l'un de l'autre, se retrouvent après un mois d'absence. Et oui, seuls amis. Paul Pol c'est à la limite un pote. On se voit une fois par mois pas plus, chaque fois pour faire la teuf. Ha oui, y a JP et Sophie... Bon ben c'était spécial quand même et je vous emmerde.
On a construit le plan dans le pub, à partir des quelques scénarios que j'avais concoctés. Objectif : Avebury Henge qui est un alignement de menhir à la mode de Carnac probablement. J'en sais rien, j'ai jamais été à Carnac.
Alors j'ai conduit encore une heure jusqu'à Avebury. J'ai essayé de l'initier au black metal sans grand succès. Arrivé à Avebury, on s'est garés quelque part ; j'ai sorti la planche toujours pas sèche et je l'ai foutue sous la voiture. On a rabattu la banquette arrière et installé le campement. Et puis j'ai sorti le bidon de punch pour fêter ça.
Évidemment, je vous raconte pas tout, mais comme disait Balzac : « on ne peut décrire en mille page qu'une infime partie de ce qu'il se passe en une seconde » (qu'y disait, Balzac). Pour résumer : mon taux de création de nouvelles connexions neuronales quadruple en sa présence. C'est bien toujours la Grande Ourse que j'avais rencontré à Bristol et là, je l'avais que pour moi. J'étais tellement content de pouvoir discuter d'égal à égal avec une prêtresse de la truc-de-oufferie que j'en oubliais mes hormones. Quel exploit.
Et puis on s'est couchés, fatigués et
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