Les contrebandiers de l'ombre
bien ne pas voir de mal à leurs activités frauduleuses. Pourquoi une telle confiance en moi ?
Sir Morgan se passa la main sur le front :
— Vous êtes un marin, capitaine Leighton. Pas un naufrageur. Deux activités inconciliables, je le sais. Et j'ai navigué suffisamment longtemps dans vos eaux pour savoir quel homme vous êtes. Pour être franc, je n'aurais jamais cru que nous serions un jour alliés. Mais, en tant que maître de Merdraco, vous êtes spécialement intéressé dans cette histoire. Vous devez désirer que justice soit faite, non ?
— Vous êtes au courant, alors ?
— Oui. C'est le genre de bruit qui se répand vite. Et j'en suis désolé, croyez-le bien, mais j'ai présumé que vous aviez maintenant une bonne raison d'en finir avec ces contrebandiers. Et spécialement avec Jack Shelby.
Dante approuva :
— Avez-vous aussi remarqué que Jack Shelby est persuadé d'être dans son bon droit en perpétrant ces crimes contre moi et mes biens... et ma famille, maintenant ? demanda Dante pour voir ce que savait sir Morgan.
— C'est le père de cette fille qu'on vous a suspecté d'avoir tuée. Vous me l'aviez dit à Londres, enfin, vous y aviez fait allusion. Cela dit, j'étais à Marleigh ce soir, et j'ai entendu des propos tout à fait flatteurs à votre sujet dans une taverne très populaire. Avoir vidé de la sorte le sbire de Shelby vous a taillé un succès certain. Il semble de toute façon que la moitié de la population trouve Shelby... cinglé, et cela depuis quinze ans. D'autres se rappellent quel genre de fille était la jeune Lettie. Finalement, il serait facile de trouver d'autres suspects pour cette vieille histoire, parmi lesquels une ou deux femmes jalouses.
— Oui, j'ai l'impression qu'ils veulent bien me donner le bénéfice du doute à présent. Surtout parce que je suis revenu riche.
Dante ne faisait pas montre de beaucoup d'émotions ni d'illusions.
Sir Morgan sourit tristement.
— Vous êtes bien amer, capitaine Leighton. Je suppose que c'est normal. Mais vous êtes modeste, et vous avez fait à ces villageois une autre démonstration que celle de votre richesse.
Votre présence et... le petit incident leur ont beaucoup plu. Ils ne vous voyaient pas comme ça, mettant la main à la pâte. Je ne voudrais pas rendre les choses plus difficiles pour vous, capitaine, mais j'ai besoin que vous restiez mon suspect numéro un, afin de tromper les contrebandiers. Je veux qu'ils fassent des erreurs pour les appréhender tous, et l'un d'eux en particulier. Les prendre sur le fait sera plus sûr. Les responsables du naufrage dû Hindrance seront punis avec toutes les rigueurs de la loi.
— Vous et votre frère étiez très proches ?
— Oui. Mon père est mort alors que nous étions enfants. Je suis devenu le chef de famille, en quelque sorte. Le reste de ma famille n'est plus, et le seul moyen qui me reste de veiller sur mon frère, c'est de le venger.
—Faites bien attention à avoir le vrai coupable sous la main.
—A part le grand chef qui est derrière, je sais exactement qui je cherche, le rassura sir Morgan.
— Shelby?
— Oui.
—Et peut-être votre petit lieutenant Handley ? devina Dante.
—On ne peut rien vous cacher...
— Votre méfiance à son égard ne m'a pas échappé. Vous ne pensez pas qu'il pourrait être le cerveau que vous cherchez ?
— Je ne crois pas qu'il soit suffisamment intelligent pour mener une telle entreprise, si bien rodée. Ou bien est-ce un merveilleux acteur? Mais j'en doute : il suit les ordres... comme les autres.
— Et Shelby ? Il est malin comme un singe.
— Mais il s'emporte trop facilement, surtout pour une opération aussi délicate que le naufrage du Hindrance, ou même pour mettre une telle organisation sur pied. Il prend ses ordres ailleurs.
— Donc, vous voulez faire croire aux contrebandiers que vous me suspectez de les diriger...
Shelby sera aux anges ! prédit le marquis. Si je marche dans votre combine, je tiens à participer à toute l'action. C'est ça ou je fais cavalier seul contre Shelby.
— Comme il n'y a pas beaucoup de monde par ici en qui j'ai confiance, je ne crois pas que je puisse me passer de vous.
Les deux anciens ennemis allaient signer un pacte. Chacun avait cependant des motifs différents.
— Je redoute pour vous la réaction de Rhea : elle mettra du temps à vous pardonner, pour l'autre jour !
— Je regrette profondément de l'avoir blessée, mais il me fallait convaincre le
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