Les contrebandiers de l'ombre
voix :
— J'ai appris que d'autres gens ont été mêlés à ces opérations et ont souffert considérablement. C'est une responsabilité qui me revient...
Sir Jacob maugréa pour l'interrompre :
— Pas besoin de t'en faire, mon garçon. Je les ai suffisamment mis en garde. Sans faire de remous, bien sûr, pour ne pas avertir Miles. Mais ils ne voulaient pas m'écouter. Je leur ai prouvé le contraire, conclut sir Jacob avec une grimace de satisfaction. Tu voulais parler de Harry Seacombe ? Pauvre Harry... Il était au courant du danger... Il n'a eu que ce qu'il méritait. Il a voulu écouter sir Miles. Tu n'as pas besoin de te sentir coupable de ce qui leur est arrivé, à lui et à sa famille.
— Harry Seacombe ? demanda Rhea.
—Mmm, le défunt mari de Bess.
—Bess est la petite-fille de sir Jacob, expliqua Dante.
Etonnée, mais renseignée sur l'origine des informations de Dante, Rhea n'était pas totalement satisfaite : Dante savait-il ce que Bess était devenue ? Avait-il désiré une réconciliation avec elle ?
— Comment vont les relations, entre Bess et vous ? demanda Dante.
—Pas différentes, ronchonna le vieil homme. Elle ne m'écoute pas et n'a que son dû.
— Elle vous ressemble trop, sir Jacob, rétorqua Dante. Vous l'avez toujours adorée et le problème vient de là : vous l'avez gâtée.
Sir Jacob fixa longuement des yeux son jeune ami.
— Peut-être est-ce ma faute, oui... (Il observa les cheveux de Rhea, qui paraissaient s'enflammer avec les rayons du soleil.) Je pense qu'elle va se mettre dans tous ses états quand elle aura rencontré ta femme...
— C'est déjà fait.
— Holà ! Elle n'a pas perdu de temps, hein ? fit-il. Bonne excuse pour bavasser, j'imagine.
—Nous avons aussi vu ses enfants.
— Oui... Je ne les vois pas autant que je le voudrais. Comment s'appelle sa fille, déjà ? Une jolie petite, je crois bien. Commence à ressembler à Bessie à son âge. Il faudra que je veille à ce qu'elle ait une bonne dot. Comment est le gamin ? Bess avait l'air un peu hagard la dernière fois que je l'ai vue.
— Anne est une très jolie fille, c'est exact, intervint Rhea. Et Charles me semble un peu réservé. Il n'a pas dit un mot de toute la visite.
— Je le savais bien ! Il a besoin d'un homme pour l'élever convenablement.
Sir Jacob avait longtemps pensé que sa Bess aurait encore sa chance au retour de Dante. Ce dernier aurait certainement élevé Charles dans toutes les règles de l'art. Mais, mise en compétition avec Rhea Claire, la pauvre vieille Bess n'avait pas une chance.
— Je crois avoir vu en Bess une des plus belles femmes qu'on puisse imaginer, déclara Rhea dans un sursaut de générosité qui servait à masquer son ressentiment profond.
Elle ignora l'influence qu'elle attribuait à Bess sur son mari, du fait de leur relation antérieure.
La jeune femme connaissait bien le pouvoir d'un premier et brûlant amour.
Francis désapprouva cette attitude mais se garda de le montrer.
— Si tu le veux bien, Dante, poursuivit-elle, nous pourrions inviter Charles à Merdraco.
Conny et Robin ont à peu près le même âge que lui.
— Qui ? demanda sir Jacob. Tu as eu des fils, mon petit Dante ?
— Un seul. Mais Robin est le petit frère de Rhea, lord Robin Dominick. Conny se nomme Constantin Magnus Brady, enfin je crois, répondit Dante en se tournant vers Rhea pour chercher une confirmation.
— Constantin Magnus Tyrone Brady, le corrigea Rhea.
— Oui, un nom presque plus grand que son bénéficiaire, reprit Dante. C'est mon pupille. Il a servi à bord du Dragon des mers. Un vrai chenapan. Ils sont restés avec leur grand ami Kirby.
— Ah, je pensais bien que tu avais toujours ce vieux têtu. Comprends pas comment tu peux supporter ce nabot au caractère de cochon !
— Il ne m'a jamais quitté, même quand je ne méritais pas sa présence. Maintenant, je ne sais pas ce que je ferais sans lui.
— Une telle loyauté ne se trouve pas souvent, admit sir Jacob à contrecœur... Un fils ? Tu as un fils ? Je comprends maintenant ! Je veux dire ton calme alors que ce beau garçon est au côté de ta femme.
Alastair Marlowe se mit à rougir involontairement.
— Christopher est né en mars à Camareigh. Telle mère, tel fils. Il est ravissant !
Ce fut au tour de Rhea de rougir. Sir Jacob éclata de rire.
— Il n'a pas changé d'un poil : toujours le même séducteur. Je ne suis pas surpris que tu aies un fils, mais beaucoup plus que tu
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