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Les contrebandiers de l'ombre

Les contrebandiers de l'ombre

Titel: Les contrebandiers de l'ombre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Laurie McBain
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injustifiée. C'était surtout un jaloux et un envieux, par nature. Ma mère a bien essayé de me prévenir...
    La voix de Dante était pleine de regret et d'amertume. Il attendait sa revanche depuis de trop nombreuses années.
    — Mais comment as-tu pu te fier à lui, au départ ?
    — C'était un homme intelligent, malin plus exactement, qui savait masquer ses sentiments, toujours prompt à me satisfaire dans mes moindres désirs, à proclamer son attachement pour moi. Quand j'ai été accusé de meurtre, il a joué magnifiquement les amis déçus et offensés dans leurs sentiments. C'était, de surcroît, un homme respecté dans les environs. Mais tout cela, c'était hier, mon amour, et je ne me fais plus de souci pour aujourd'hui. Je t'ai là, avec moi, pour la première fois depuis trop longtemps.
    Rhea recula légèrement, agitée par ses réflexions, cherchant le visage de son mari.
    — Dante, ce tuteur... est-il toujours vivant ? Où est-il, Dante ?

    Il était parfaitement maître de lui. Cette pondération dans son comportement, il n'en était pas coutumier.
    — Bientôt, il sera en enfer, mais pour le moment, il vit paisiblement à Wolfingwold Abbey.
    Pour gagner ses terres, il doit emprunter la seule route qui traverse la lande, et dès qu'il atteint Marwest Cross, à la jonction des routes du Nord et du Sud, surgissent les tours de Merdraco...
    Il ne peut pas éviter de les voir ! A cet instant, il pense à moi, Rhea. Il sait que je suis quelque part, par là, derrière lui, peut-être, et que j'attends l'heure propice pour l'envoyer dans l'autre monde...

    Chapitre 10

    Dante Leighton ne fut pas véritablement étonné, le lendemain, en recevant une mise en demeure de se présenter à la duchesse de Camareigh durant la journée. La rencontre était depuis trop longtemps prévue, et Dante devina que la patience de Sa Grâce avait fondu à la lumière des dernières informations qu'on lui avait probablement rapportées au sujet de son gendre.
    — Essayez d'être agréable, rappela Kirby au capitaine en brossant les poils de chat qui s'étaient répandus sur son frac bleu.
    — Allons, Kirby, tu sais bien que je suis toujours agréable et diplomate.
    — Sûr... quand vous voulez une faveur. Mais votre langue de miel ne fera aucune impression sur Sa Grâce, prévint Kirby. Elle y voit clair, cette dame. Si vous êtes intelligent, ça se verra.
    Kirby jeta un coup d'œil critique sur l'apparence vestimentaire de son maître. Les boucles châtaines du capitaine avaient été brossées en arrière et attachées avec un ruban noir. Son jabot formait un contraste étonnant avec la peau bronzée de son visage soigneusement rasé et parfumé.
    — Bon, ça va, vous êtes présentable, conclut-il.
    — Dans ce cas, plus aucune raison de redouter l'œil encore plus critique de la duchesse ! fit Dante avec un sourire moqueur.
    Sous une apparente désinvolture, il avait un souci profond que tout se passât bien. Rhea était déjà perturbée par le courroux de son père à l'égard de son mari. Une attitude semblable venant de la duchesse accroîtrait les tensions.
    — Et n'oubliez pas le cadeau, lui rappela Kirby. Bien curieux cadeau, si vous voulez mon avis.
    Kirby lui tendit un paquet.
    — Mais je ne te le demande pas, ton avis, Kirby ! fit le capitaine en roulant des gros yeux, comme un démon.
    Kirby leva les yeux au ciel en soupirant, puis s'empressa d'ouvrir la porte. Le capitaine cessa de ricaner en franchissant la limite de sa chambre. Le petit valet surveilla son maître s'éloignant clopin-clopant, son présent sous le bras.
    Un laquais en livrée bleu et or, les cheveux cachés sous une perruque poudrée, s'effaça devant lui, à l'entrée du salon privé de Mme la duchesse.
    — Lord Dante Jacobi, Votre Grâce, annonça le domestique d'une voix sépulcrale qui fit frissonner le capitaine.
    Dante s'arrêta, médusé, au milieu du tapis aux motifs floraux. La pièce, abondamment meublée, semblait toutefois inhabitée. Dante Leighton était sur le point de battre en retraite quand son attention fut captée par un léger mouvement dans un fauteuil près de la fenêtre. Son étonnement ne faiblit pas.
    Cette femme en présence de laquelle il se retrouvait soudain était une réminiscence du passé, un fantôme presque de sa jeunesse. Elégante, dans une robe vert d'eau pâle et rehaussée de dentelles aux manches et sur le décolleté, elle avait simplement tiré ses cheveux de jais derrière sa nuque.

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