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Les croisades vues par les arabes

Les croisades vues par les arabes

Titel: Les croisades vues par les arabes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amin Maalouf
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Caire au lendemain du drame, en avril 1257. 
    Quoi qu'il en soit, après la disparition des deux souverains, le jeune fils d’Aïbek s'installe sur le trône. Pas pour longtemps. A mesure que la menace mongole se précise, les chefs de l'armée égyptienne réalisent qu'un adolescent ne peut assumer la responsabilité du combat décisif qui se prépare. En décembre 1259, au moment où les hordes de Houlagou commencent à déferler sur la Syrie, un coup d’Etat porte au pouvoir Qoutouz, un homme mûr, énergique, qui parle d'emblée le langage de la guerre sainte et appelle à la mobilisation générale contre l'envahisseur ennemi de l'islam. 
    Avec le recul historique, le nouveau coup d’Etat du Caire apparaît comme un véritable sursaut patriotique. Tout de suite, le pays se met sur le pied de guerre. Dès juillet 1260, une puissante armée égyptienne pénètre en Palestine pour affronter l'ennemi. 
    Qoutouz ne l'ignore pas, l'armée mongole a perdu l'essentiel de ses effectifs depuis que Mongka, Khan suprême des Mongols, étant mort, son frère Houlagou a dû repartir avec son armée pour participer à l'inévitable lutte de succession. Dès la prise de Damas, le petit-fils de Gengis Khan a quitté la Syrie, ne laissant dans ce pays que quelques milliers de cavaliers commandés par son lieutenant Kitbouka. 
    Le sultan Qoutouz sait que c'est le moment ou jamais d'assener un coup à l'envahisseur. L'armée égyptienne commence donc par attaquer la garnison mongole de Gaza qui, prise de court, résiste à peine. Puis les mamelouks avancent vers Acre, n'ignorant pas que les Franj de Palestine se montrent plus réticents que ceux d'Antioche à l'égard des Mongols. Si certains de leurs barons se réjouissent encore des défaites de l'islam, la plupart sont effrayés par la brutalité des conquérants asiatiques. Aussi, lorsque Qoutouz leur propose une alliance, leur réponse n'est pas négative : s'ils ne sont pas prêts à participer aux combats, ils ne sont pas opposés à laisser passer l'armée égyptienne sur leurs terres et à lui permettre de se ravitailler. Le sultan peut ainsi avancer vers l'intérieur de la Palestine, et même vers Damas, sans avoir à protéger ses arrières. 
    Kitbouka s'apprête à marcher à leur rencontre lorsque éclate une insurrection populaire à Damas. Les musulmans de la cité, excédés par les exactions des envahisseurs et encouragés par le départ de Houlagou, élèvent des barricades dans les rues et mettent le feu à des églises épargnées par les Mongols. Il faudra plusieurs jours à Kitbouka pour rétablir l'ordre, ce qui permet à Qoutouz‘ de consolider ses positions en Galilée. C'est aux environs du village d'Ain Jalout, « la fontaine de Goliath », que les deux armées se rencontrent le 3 septembre 1260. Qoutouz a eu le temps de cacher la plupart de ses troupes, ne laissant sur le champ de bataille qu'une avant-garde commandée par le plus brillant de ses officiers, Baibars. Kitbouka arrive précipitamment et, mal renseigné, tombe dans le piège. Avec toutes ses troupes, il se lance à lîattaque. Baibars recule, mais tandis qu’il le poursuit le Mongol se voit soudain entouré de toutes parts par des forces égyptiennes plus nombreuses que les siennes.
    En quelques heures, la cavalerie mongole est exterminée. Kitbouka lui-même est capturé et aussitôt décapité. 
    Le 8 septembre au soir, les cavaliers mamelouks entrent en libérateurs dans Damas en liesse.

CHAPITRE XIV
Fasse Dieu qu'ils n'y mettent plus jamais les pieds.
    Bien moins spectaculaire que Hittin, moins inventive aussi sur le plan militaire, Ain Jalout apparaît néanmoins comme l'une des batailles les plus décisives de l'Histoire. Elle va en effet permettre aux musulmans, non seulement d'échapper à l'anéantissement, mais aussi de reconquérir toutes les terres que les Mongols leur avaient prises. Bientôt les descendants de Houlagou, installés en Perse, se convertiront eux-mêmes à l'islam pour mieux asseoir leur autorité. 
    Dans l'immédiat, le sursaut mamelouk va conduire à une série de règlements de comptes avec tous ceux qui ont soutenu l'envahisseur. L'alerte avait été chaude. Désonnais, plus question d'accorder un sursis à l'ennemi, qu'il soit franj ou tatar. 
    Après avoir repris Alep début octobre 1260 et repoussé sans difficulté une contre-offensive d'Houlagou, les mamelouks envisagent d'organiser des raids punitifs contre Bohémond d’Antioche et Hethoum

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