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Les croisades vues par les arabes

Les croisades vues par les arabes

Titel: Les croisades vues par les arabes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amin Maalouf
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assenèrent plusieurs coups sans parvenir à transpercer sa cotte de mailles. Quand les batinis virent que les poignards n'avaient pas prise sur l'émir, l'un d'eux cria : « Frappez en haut, à la tête! » De leurs coups, ils l'atteignirent à la gorge et le lardèrent de blessures. Al-Borsoki mourut en martyr et ses meurtriers furent mis à mort.
    Jamais- la menace des Assassins n'a été aussi sérieuse. Il ne s'agit plus d'une simple entreprise de harcèlement, mais d'une véritable lèpre qui ronge le monde arabe à un moment où il a besoin de toute son énergie pour faire face à l'occupation franque. D'ailleurs la série noire continue. Quelques mois après la disparition d’al-Borsoki, son fils, qui vient de lui succéder, est assassiné à son tour. A Alep. quatre émirs rivaux se disputent alors le pouvoir, et Ibn al-Khachab n'est plus là pour maintenir un minimum de cohésion. En automne 1127, tandis que la ville sombre dans l'anarchie, les Franj réapparaissent sous ses murs. Antioche a un nouveau prince, le jeune fils du grand Bohémond, un géant blond de dix-huit ans qui vient d'arriver de son pays pour prendre possession de l'héritage familial. Il a le prénom de son père, et surtout son caractère impétueux. Les Alépins s'empressent de lui payer tribut, et les plus défaitistes voient déjà en lui le futur conquérant de leur cité.
    A Damas, la situation n'est pas moins dramatique. L'atabek Toghtekin, vieillissant et malade, n'exerce plus aucun contrôle sur les Assassins. Ils ont leur propre milice armée, l'administration est entre leurs mains et le vizir al-Mazdaghani, qui leur est dévoué corps et âme, entretient des contacts étroits avec Jérusalem. De son côté, Baudouin II ne cache plus son intention de couronner sa carrière par la prise de la métropole syrienne. Il semble que seule la présence du vieux Toghtekin empêche encore les Assassins de livrer la ville aux Franj. Mais le sursis sera court. Début 1128, Patabek maigrit à vue d'œil et n'arrive plus à se lever. A son chevet, les intrigues vont bon train. Après avoir désigné son fils Bouri pour successeur il s'éteint le 12 février. Les Damascains sont désormais convaincus que la chute de leur ville n'est plus qu'une question de temps. 
    En évoquant, un siècle plus tard, cette période critique de l'histoire arabe, Ibn al-Athir écrira à juste titre : 
Avec la mort de Toghtekin disparaissait le dernier homme capable de faire face aux Franj. Ceux-ci semblaient alors en mesure d'occuper la Syrie tout entière. Mais Dieu, dans son infinie bonté, eut pitié des musulmans.

TROISIÈME PARTIE
LA RIPOSTE (1128-1146) 
J'allais commencer la prière lorsqu'un Franj se précipita sur moi, m'empoigna et me tourna le visage vers l'Orient en me disant : « C'est ainsi qu'on prie! » 
Oussama IBN MOUNQIDH Chroniqueur (1095-1188)
    CHAPITRE VI 
LES COMPLOTS DE DAMAS
Le vizir al-Mazdaghani se présenta comme chaque jour au pavillon des Roses, dans le palais de la Citadelle, à Damas. Il y avait là, raconte Ibn al-Oalanissi, tous les émirs et les chefs militaires. L'assemblée s'occupa de plusieurs affaires. Le maître de la ville, Bouri, fils de Togh_tekin, eut un échange de vues avec les présents, puis chacun se leva pour regagner sa demeure. Selon la coutume, le vizir devait partir après tous les autres. Quand il se mit debout, Bouri fit un signe vers l'un de ses familiers et celui-ci frappa al-Maz-daghani de plusieurs coups de sabre sur la tête. Puis on le décapita et on porta son corps en deux morceaux à la porte de Fer afin que tout le monde puisse voir ce que Dieu fait de ceux qui ont usé de fourberie.
    En quelques minutes, la mort du protecteur des Assassins est connue dans les souks de Damas, et suivie sur-le-champ d'une chasse à l'homme. Une foule immense se répand dans les rues, brandissant sabres et poignards. Tous les batinis, leurs parents, leurs amis, ainsi que tous ceux que l'on soupçonne de sympathie à leur égard sont traqués à travers la ville, poursuivis chez eux et égorgés impitoyablement. Leurs chefs seront crucifiés sur les créneaux des remparts. Plusieurs membres de la famille d’Ibn al-Qalanissi prennent activement part au massacre. On peut penser que le chroniqueur lui-même, qui est en ce mois de septembre 1129 un haut fonctionnaire de cinquante-sept ans, ne s'est pas mêlé à la populace. Mais son ton en dit long sur son état d'esprit en ces heures sanglantes : Au matin, les

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