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Les croisades vues par les arabes

Les croisades vues par les arabes

Titel: Les croisades vues par les arabes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amin Maalouf
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propositions, le Seldjoukide aide Zinki à résister aux assauts du calife qui durant trois mois, et en vain, assiège Mossoul. 
    Cet échec marquera un toumant fatal dans la fortune d'al-Moustarchid. Abandonné par la plupart de ses émirs, il sera vaincu et capturé en juin 1135 par Massoud, qui le fera sauvagement assassiner deux mois plus tard. On retrouvera le prince des croyants nu sous sa tente, les oreilles et le nez coupés, le corps transpercé d'une vingtaine de coups de poignard. 
    Tout absorbé par ce conflit, Zinki est bien entendu incapable de s'occuper directement des affaires syriennes. Il serait même resté en Irak jusqu'à l'écrasement définitif de la tentative de restauration abbasside, s'il n'avait reçu, en janvier 1135, un appel désespéré d'Is-maël, fils de Bouri et maître de Damas, lui demandant de venir prendre possession de sa ville le plus rapidement possible. « S'il se produisait quelque retard, je serais forcé d'appeler les Franj et de leur livrer Damas avec tout ce qu'elle contient, et la responsabilité du sang de ses habitants retomberait sur Imadeddin Zinki. » 
    Ismaël, qui craint pour sa vie et croit voir dans chaque coin de son palais un meurtrier à l'affût, est décidé à quitter sa capitale et à aller se réfugier, sous la protection de Zinki, dans la forteresse de Sarkhad, au sud de la ville, où il a déjà fait transporter ses richesses et ses vêtements. 
    Le règne du fils de Bouri avait pourtant connu des débuts prometteurs. Arrivé au pouvoir à dix-neuf ans, il a fait preuve d'un dynamisme admirable, dont la reprise de Banias était la meilleure illustration. Il est certes arrogant et n'écoute guère les conseillers de son père ni de son grand-père Toghtekin. Mais on est prêt à mettre cette attitude sur le compte de sa jeunesse. En revanche, ce que les Damascains supportent mal, c'est l'avidité croissante de leur maître. qui lève régulièrement de nouveaux impôts. 
    Ce n'est pourtant qu'en 1134.que la situation s'est mise à prendre un tour tragique, quand un vieil esclave, du nom d‘Ailba. autrefois au service de Toghtekin, a tenté d'assassiner son maître. Ismaël, qui a échappé à la mort de justesse, a insisté pour recueillir lui-même les aveux de son agresseur. « Si j'ai agi de la sorte, a répondu l'esclave, c'est pour gagner la faveur de Dieu en débarrassant les gens de ton existence malfaisante. Tu as opprimé les pauvres et les sans-appui, les artisans, les gagne-petit et les paysans. Tu as traité sans ménagements civils et militaires. » Et Ailba de citer les noms de tous ceux qui, affirme-t-il, souhaitent comme lui la mort d'Ismaël. Traumatisé jusqu'à la folie, le fils de Bouri se met à arrêter toutes les personnes nommées et à les mettre à mort sans autre forme de procès. Ces exécutions injustes ne lui suffirent pas , raconte le chroniqueur de Damas. Nourrissant des soupçons à l'égard de son propre frère, Sawinj, il lui infligea le pire des supplices en le faisant périr d'inanition dans une cellule. Sa malfaisance et son injustice ne connurent plus de limites . 
    Ismaël est alors engagé dans un cycle infernal. Chaque exécution fait croître en lui la peur d'une nouvelle vengeance et, pour tenter de se prémunir, il ordonne de nouvelles mises à mort. Conscient de ne pouvoir prolonger cette situation, il décide de livrer sa ville à Zinki et de se retirer dans la forteresse de Sarkhad. Or le maître d'Alep est, depuis des années, unanimement détesté par les Damascains, depuis que fin 1129 il a écrit à Bouri pour l'inviter à participer à ses côtés à une expédition contre les Franj. Ce que le seigneur de Damas avait accepté avec empressement, lui dépêchant cinq cents cavaliers commandés par ses meilleurs officiers et accompagnés de son propre fils, le malheureux Sawinj. Après les avoir accueillis avec des égards, Zinki les avait tous désarmés et emprisonnés, faisant dire à Bouri que si jamais il osait lui tenir tête les otages seraient en danger de mort. Sawinj n'avait été relâché que deux ans plus tard. 
    En 1135, le souvenir de cette trahison est encore vif chez les Damascains et, lorsque les dignitaires de la cité ont vent des projets d'Ismaël, ils décident de s'y opposer par tous les moyens. Des réunions ont lieu entre les émirs, les notables et les principaux esclaves, tous veulent sauver et leur vie et leur ville. Un groupe de conjurés décide d'exposer 1a

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