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Les croisades vues par les arabes

Les croisades vues par les arabes

Titel: Les croisades vues par les arabes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amin Maalouf
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situation à la mère d'Ismaël, la princesse Zomorrod, « Emeraude ».
Elle en fut horrifiée, rapporte le chroniqueur de Damas. Elle fit venir son fils et le réprimanda vivement. Puis elle fut amenée, par son désir de faire le bien, ses sentiments religieux profonds et son intelligence, a envisager la manière dont le mal pourrait être extirpé à la racine et la situation rétablie pour Damas et ses habitants. Elle se pencha sur cette affaire comme l'aurait fait un homme de bon sens et d'expérience qui examine les choses avec lucidité. Elle ne trouva d'autre remède a la malfaisance de son fils que de se débarrasser de lui et de mettre ainsi fin au désordre croissant dont il était responsable.
    L'exécution ne se fera pas attendre.
La princesse ne songea plus qu'a ce projet. Elle guetta un moment où son fils se trouvait seul, sans esclaves ni écuyers, et ordonna a ses serviteurs de le tuer sans pitié. Elle-même ne manifesta ni compassion ni chagrin. Elle fit porter la dépouille vers un endroit du palais où on pourrait la découvrir. Tout le monde se réjouit de la chute d’Ismaël. On remercia Dieu et on adressa louanges et prières en faveur de la princesse.
    Zomorrod a-t-elle tué son propre fils pour l'empêcher de livrer Damas à Zinki? On peut en douter quand on sait que la princesse épousera, trois ans plus tard, ce même Zinki, et le suppliera d'occuper sa ville. Elle n'a pas non plus agi pour venger Sawinj, qui était le fils d'une autre femme de Bouri. Alors, sans doute faut-il se fier à l'explication que nous en donne Ibn al-Athir : Zomorrod était la maîtresse du principal conseiller d’Ismaël, et c'est en apprenant que son fils projetait de tuer son amant, et peut-être aussi de la punir elle-même, qu'elle aurait résolu de passer à l'action. 
    Quelles que soient ses véritables motivations, la princesse a ainsi privé son futur mari d'une conquête facile. Car le 30 janvier 1135, jour de l'assassinat d'Ismaël, Zinki est déjà en route vers Damas. Lorsque son armée traverse l'Euphrate une semaine plus tard, Zomorrod a installé sur le trône un autre de ses fils, Mahmoud, et la population se prépare activement à la résistance. Ignorant la mort d'Ismaël, l'atabek envoie des représentants à Damas pour étudier avec ce dernier les modalités de la capitulation. Evidemment on les reçoit poliment, mais sans les mettre au courant des derniers développements de la situation. Furieux, Zinki refuse de rebrousser chemin. Il établit son camp au nord-est de la ville et charge ses éclaireurs de voir où et comment il pourrait attaquer. Mais il comprend vite que les défenseurs sont décidés à se battre jusqu'au bout. Ils ont à leur tête un vieux compagnon de Toghtekin, Moinuddin Ounar, un militaire turc rusé et obstiné que Zinki va retrouver plus d'une fois sur son chemin. Après quelques escarmouches, l'atabek se résout à chercher un compromis. Afin de lui sauver la face, les dirigeants de la ville assiégée lui rendent des hommages et reconnaissent, d'une manière purement nominale, sa suzeraineté. 
    A la mi-mars, l'atabek s'éloigne donc de Damas. Pour relever le moral de ses troupes, éprouvées par cette campagne inutile, il les conduit immédiatement vers le nord et s'empare à une vitesse stupéfiante de quatre places fortes franques dont la tristement célèbre Maara. Malgré ces exploits, son prestige est entamé. Ce n'est que deux ans plus tard qu'il parviendra, par une action d'éclat, à faire oublier son échec devant Damas. Paradoxalement, ce sera alors Moinuddin Ounar qui lui fournira, sans le vouloir, l'occasion de se réhabiliter.

CHAPITRE VII 
UN EMIR CHEZ LES BARBARES
    En juin 1137, Zinki est arrivé, avec un impressionnant matériel de siège, et a installé son camp dans les vignobles qui entourent Homs, principale ville de la Syrie centrale, que se disputent traditionnellement Alépins et Damascains. Pour l'heure, ces derniers la contrôlent, le gouverneur de la cité n'étant autre que le vieil Ounar. Voyant les catapultes et les mangonneaux alignés par son adversaire, Moinuddin Ounar comprend qu'il ne pourra pas résister longtemps. Il s'arrange pour faire savoir aux Franj qu'il a l'intention de capituler. Les chevaliers de Tripoli, qui n'ont aucune envie de voir Zinki s'installer à deux jours de marche de leur ville, se mettent en route. Le stratagème d'Ounar a parfaitement réussi : craignant d'être pris entre deux feux, l'atabek

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