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Les croisades vues par les arabes

Les croisades vues par les arabes

Titel: Les croisades vues par les arabes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amin Maalouf
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fils, Mahmoud, de lui livrer sa capitale sans combat. La princesse hésite, tergiverse. Ne pouvant compter sur elle, Zinki finit par la délaisser. Mais, en juillet 1139, alors qu'il se trouve à Harran, il reçoit un message urgent de Zomorrod : il lui annonce que Mahmoud vient d'être assassiné, poignardé dans son lit par trois de ses esclaves. La princesse supplie son mari de marcher sans tarder sur Damas pour s'emparer de la ville et châtier les meurtriers de son fils. L'atabek se met immédiatement en route. Les larmes de son épouse le laissent totalement indifférent, mais il estime que la disparition de Mahmoud pourrait être mise à profit pour réaliser enfin sous son égide l'unité de la Syrie. 
    C'était compter sans l'éternel Moinuddin Ounar, rentré à Damas après la cession de Homs, et qui, à la mort de Mahmoud, a pris directement en main les affaires de la cité. S’attendant à une offensive de Zinki, Moinuddin a élaboré sans tarder un plan secret pour y faire face. Même si, pour le moment, il évite d'y recourir et s'occupe d'organiser la défense. 
    Zinki ne marche d'ailleurs pas directement sur la ville convoitée. Il commence par attaquer l'antique cité romaine de Baalbek, la seule agglomération de quelque importance qui soit encore tenue par les Damascains. Son intention est à la fois d'encercler la métropole syrienne et de démoraliser ses défenseurs. Au mois d'août, il installe quatorze mangonneaux autour de Baalbek, qu'il pilonne sans relâche avec l'espoir de s'en emparer en quelques jours afin de commencer le siège de Damas avant la fin de l'été. Baalbek capitule sans difficulté, mais sa citadelle, bâtie avec les pierres d'un ancien temple du dieu phénicien Baal, résiste deux longs mois. Zinki en est si irrité que, lorsque la garnison finit par se rendre, fin octobre, après avoir obtenu l'assurance d'être épargnée, il ordonne de crucifier trente-sept combattants et d'écorcher vif le commandant de la place. Cet acte de sauvagerie, destiné à convaincre les Damascains que toute résistance confinerait au suicide, produit l'effet contraire. Solidement unie autour d'Ounar, la population de la métropole syrienne est plus que jamais décidée à se battre jusqu'au bout. De toute manière, l'hiver est proche, et Zinki ne peut envisager un assaut avant le printemps. Ounar utilisera ces quelques mois de répit pour mettre au point son plan secret. 
    En avril 1140, quand l'atabek accentue sa pression et se prépare à une attaque générale, c'est précisément le moment que choisit Ounar pour mettre son plan à exécution : demander à l'armée des Franj, commandée par le roi Foulque, de venir en force au secours de Damas. Il ne s'agit pas d'une simple opération ponctuelle, mais de la mise en application d'un traité d'alliance en bonne et due forme qui va se prolonger au delà de la mort de Zinki. 
    Dès 1138, Ounar avait, en effet, envoyé à Jérusalem son ami le chroniqueur Oussama Ibn Mounqidh pour étudier la possibilité d'une collaboration franco-damascaine contre le maître d'Alep. Oussama, qui avait été bien reçu, avait obtenu un accord de principe. Les ambassades s'étant multipliées, le chroniqueur était reparti vers la Ville sainte au début de 1140 avec des propositions précises : l'armée franque forcerait Zinki à‘s'éloigner de Damas; les forces des deux Etats s'uniraient en cas d'un nouveau danger; Moinuddin paierait vingt mille dinars pour couvrir les frais des opérations militaires; une expédition commune, enfin, serait menée, sous la responsabilité d'Ounar, pour occuper la forteresse de Banias, tenue depuis peu par un vassal de Zinki, et la remettre au roi de Jérusalem. Pour prouver leur bonne foi, les Damascains confieraient aux Franj des otages choisis dans les familles des principaux dignitaires de la ville. 
    Il s'agissait pratiquement de vivre sous un protectorat franc, mais la population de la métropole syrienne s'y résigne. Effrayée des méthodes brutales de l'atabek, elle approuve unanimement le traité négocié par Ounar, dont la politique s’avère, en tout cas, indéniablement efficace. Craignant d'être pris en tenaille, Zinki se retire à Baalbek, qu'il donne en fief à un homme sûr, Ayyoub, avant de s'éloigner lui-même, avec son armée, vers le nord en promettant au père de Saladin de revenir bientôt venger son revers. Après le départ de l'atabek, Ounar occupe Banias et la livre aux Franj,

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