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Les croisades vues par les arabes

Les croisades vues par les arabes

Titel: Les croisades vues par les arabes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amin Maalouf
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détachement de chevaliers chargés de veiller à la bonne application du traité d'alliance. Une de leurs missions consistait notamment à contrôler les portes de la cité et à protéger les fonctionnaires francs chargés d'encaisser le tribut annuel de cent mille dinars que Chawer avait promis de payer au royaume de Jérusalem. Un impôt aussi lourd, joint a la présence prolongée de cette force étrangère, ne pouvait que provoquer le ressentiment des citadins.
    L'opinion s'est donc peu à peu mobilisée contre les occupants. On chuchote, et dans l'entourage même du calife, qu'une alliance avec Noureddin serait un moindre mal. Des messages commencent à circuler, à l'insu de Chawer, entre Le Caire et Alep. Le fils de Zinki, peu pressé d'intervenir, se contente d'observer les réactions du roi de Jérusalem. 
    Ne pouvant ignorer cette rapide montée de l'hostilité, les chevaliers et les fonctionnaires francs installés dans la capitale égyptienne prennent peur. Ils envoient des messages à Amaury pour qu'il vienne à leur secours. Le monarque commence par hésiter. La sagesse lui commande de retirer sa garnison du Caire et de se contenter du voisinage d'une Egypte neutre et inoffensive. Mais son tempérament l'incline à la fuite en avant. Encouragé par la récente arrivée en Orient d'un grand nombre de chevaliers occidentaux impatients de « casser du Sarrasin », il se décide en octobre 1168, pour la quatrième fois, à lancer son armée à l'assaut de l'Egypte. 
    Cette nouvelle campagne débute par une tuerie aussi affreuse que gratuite. Les Occidentaux s'emparent en effet de la ville de Bilbeis où, sans aucune raison, ils massacrent les habitants, les hommes, les femmes et les enfants, aussi bien les musulmans que les chrétiens de rite copte. Comme le dira très justement Ibn al-Athir, si les Franj s'étaient mieux conduits à Bilbeis, ils auraient pu prendre Le Caire le plus facilement du monde, car les notables de la ville étaient prêts à la livrer. Mais, en voyant les massacres perpétrés à Bilbeis, les gens décidèrent de résister jusqu'au bout. De fait, à l'approche des envahisseurs, Chawer ordonne de mettre le feu à la vieille cité du Caire. Vingt mille cruches de naphte sont déversées sur les échoppes, les maisons, les palais et les mosquées. Les habitants sont évacués vers la ville nouvelle, fondée par les Fatimides au x° siècle, et qui groupe essentiellement les palais, les administrations, les casernes ainsi que l'université religieuse d'al-Azhar. Pendant cinquante-quatre jours, l'incendie fait rage. 
    Entre-temps, le vizir a essayé de maintenir le contact avec Amaury pour le convaincre de renoncer à sa folle entreprise. Il espère y parvenir sans une nouvelle intervention de Chirkouh. Mais au Caire son parti faiblit. Le calife al-Adid, en particulier, prend l'initiative d'envoyer une lettre à Noureddin lui demandant de voler au secours de l'Egypte. Pour émouvoir le fils de Zinki, le souverain fatimide a joint à sa missive des mèches de cheveux : Ce sont, lui explique-t-il, les cheveux de mes femmes. Elles te supplient de venir les soustraire aux outrages des Franj. La réaction de Noureddin à ce message angoissé nous est connue grâce à un témoignage particulièrement précieux, qui n'est autre que celui de Saladin, cité par Ibn al-Athir :
Quand les appels d'al-Adid arrivèrent, Noureddin me convoqua et m’informa de ce qui se passait. Puis il me dit : « Va voir ton oncle Chirkouh à Homs et presse-le de venir ici au plus vite, car cette affaire ne souffre aucun délai. » Je quittai Alep et, à un mille de la cité, je rencontrai mon oncle qui venait précisément pour cette affaire. Noureddin lui ordonna dese préparer à partir pour l'Egypte.Quand les appels d'al-Adid arrivèrent, Noureddin me convoqua et m’informa de ce qui se passait. Puis il me dit : « Va voir ton oncle Chirkouh à Homs et presse-le de venir ici au plus vite, car cette affaire ne souffre aucun délai. » Je quittai Alep et, à un mille de la cité, je rencontrai mon oncle qui venait précisément pour cette affaire. Noureddin lui ordonna dese préparer à partir pour l'Egypte.
    Le général kurde demande alors à son neveu de l'accompagner, mais Saladin se récuse.
Je répondis que je n'étais pas près d'oublier les souffrances endurées à Alexandrie. Mon oncle dit alors à Noureddin : « Il faut absolument que Youssef vienne avec moi! » Et Noureddin répéta donc ses

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