Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Dames du Graal

Les Dames du Graal

Titel: Les Dames du Graal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
porte le nom de Sigune. C’est alors qu’elle révèle son nom au jeune homme : « Pour vrai, tu t’appelles Parzival. Ce nom veut dire celui qui passe au travers  » ( Parzival , trad. Spiewok-Pastré). Elle s’affirme comme sa cousine et lui raconte dans quelles circonstances l’homme qu’elle aimait a été tué. Parzival se propose de le venger, mais Sigune lui indique une fausse direction, « car elle craignait qu’il ne perdît la vie et d’accroître par là son propre malheur » ( ibid. ). Et Parzival s’en va vers d’autres aventures.
    Il rencontre de nouveau Sigune après son séjour décevant au château du Roi Pêcheur. « Devant lui il vit, assise sur le tronc d’un tilleul, une demoiselle à laquelle un amour fidèle avait causé d’atroces souffrances, car elle tenait dans les bras le corps embaumé d’un chevalier mort » ( ibid. ). Parzival ne reconnaît pas sa cousine. Celle-ci lui demande ce qu’il fait dans un endroit aussi désert où se dissimulent de nombreux dangers. Parzival lui dit qu’il a passé la nuit dans un mystérieux château où il a été reçu par un roi blessé et où il a perçu des choses merveilleuses. Sigune commence à se réjouir car « à trente lieues à la ronde on n’a jamais construit une demeure en bois ou en pierre si ce n’est cet unique château. Il est cependant le plus somptueux qui se trouve sur terre. Mais personne ne l’a encore trouvé, qui l’a cherché de propos délibéré. Seul aperçoit le château celui qui y est appelé sans le savoir » ( ibid. ). Elle lui révèle alors le nom de ce château, Montsalvage, et celui du roi blessé, Anfortas. Mais lorsqu’elle apprend que Parzival n’a posé aucune question sur ce qu’il a vu, sa douleur redouble et elle éclate en imprécations contre son cousin. « Hélas ! que venez-vous chercher auprès de moi ? Homme sans honneur, être maudit ! Vous portez sur vous la dent d’un loup venimeux puisque, alors que vous êtes si jeune, l’amère fausseté a pris racine en votre cœur… » ( ibid. )
    À ce moment, Parzival reconnaît Sigune, mais constate qu’elle a complètement changé d’aspect. « Hélas ! Où sont tes lèvres vermeilles ? Es-tu bien cette Sigune qui m’a révélé qui j’étais vraiment ? Ta tête est maintenant chauve  ; tes longues boucles brunes ont disparu. Dans la forêt de Briziljan (Brocéliande) tu étais encore jolie et pleine d’attrait, bien que tu connusses déjà cruelle douleur. Maintenant pourtant tu as perdu ta beauté et ta force. Je ne pourrai supporter d’être en si effroyable compagnie. » Parzival tente d’inhumer le mort, mais Sigune s’y refuse obstinément. Elle prévient son cousin que l’épée qu’il porte, forgée par Trébuchet dans le pays de Karnant (Nantes ?), risque de se briser si l’on en frappe une seconde fois juste après le premier coup. Et elle termine son discours en disant. « Je sais très bien qu’à Montsalvage vous avez perdu votre honneur et votre renommée de chevalier. Désormais vous n’obtiendrez de moi aucune réponse » ( ibid. ). Parzival la quitte alors, mais ne la reverra jamais plus au cours de ses errances. Il apprendra seulement qu’elle est morte dans l’ermitage où elle veillait le cadavre embaumé de son mari.
    Ce qui est intéressant dans cet épisode raconté par Wolfram, c’est le fait que la jeune femme est devenue chauve . Ce détail n’apparaît pas dans le Perceval de Chrétien ni dans le Peredur gallois. Par contre, cette Demoiselle Chauve va jouer un rôle considérable dans le récit étrange et complexe que l’on connaît sous les titres de Perlesvaux ou de Haut Livre du Graal , œuvre inspirée par les moines de Glastonbury, destinée à démontrer la supériorité du Christianisme, mais chargée d’éléments empruntés à des traditions celtiques fort archaïques.
    Ce n’est pas à Perceval (Perlesvaux) qu’elle se manifeste tout d’abord, mais devant la cour d’Arthur. Et elle est en bien étrange équipage. Elle est en effet accompagnée par deux autres jeunes femmes et par un char tiré par « trois cerfs blancs, les plus gras et les plus beaux qu’on ait jamais vus ». Toutes trois pénètrent dans la salle où se tient le festin. La première « était fort belle de corps, mais non de visage ; elle portait de magnifiques vêtements de soie et une coiffure toute chargée de pierres précieuses étincelantes qui lui cachait toute la tête.

Weitere Kostenlose Bücher