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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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révélation.
Antistius reprit en martelant ses mots :
    « Brutus a un professeur de grec, un certain
Artémidore, que j’ai guéri d’un mauvais vitiligo. Tu sais combien les Grecs
tiennent à leur aspect. » Silius sourit : Antistius consacrait lui
aussi des soins méticuleux à sa personne. « Je crois qu’il m’en est
reconnaissant. Je ne lui ai jamais révélé comment j’ai obtenu ce résultat, et
je suis appelé de temps en temps pour renouveler le prodige. Je possède donc un
pouvoir considérable sur cet homme. J’essaie de lui soutirer des informations,
même s’il me faut agir avec prudence. Je ne veux pas risquer de tout
compromettre. Je sais ce que tu vas objecter : nous pourrions ne pas avoir
assez de temps à notre disposition. Mais je dois prendre le risque. Je n’ai pas
le choix, du moins pour le moment. »
    Silius pensa au centurion Publius Sextius et à sa mystérieuse
mission. Il aurait aimé le rencontrer dans ce moment d’incertitude et
d’angoisse. Si César s’en était privé, c’était sans doute parce qu’il ne
craignait pas de danger immédiat. Mais peut-être ne supportait-il plus
l’attente et préférait-il aller vers son destin. Quel que fût ce destin. Il n’y
avait pas de réponse certaine, pas de situation plausible. Il se leva.
    « Je te remercie de m’avoir consacré autant de temps et
d’avoir écouté mes divagations. J’avais besoin d’ouvrir mon cœur à un homme de confiance.
Je me sens mieux maintenant.
    — Tu as bien fait. Reviens quand tu le veux. Je préfère
que nous nous voyions ici plutôt qu’à la Regia. Si je peux te donner un
conseil, ne prends pas d’initiative sans m’en parler. Et ne t’inquiète pas
trop. Nous n’avons pas de certitudes, et tes craintes sont peut-être infondées.
Au fond, César s’est borné à dire que d’étranges bruits circulaient. Une
expression vague.
    — D’accord. Je suivrai tes conseils. »
    Silius sortit. Il passa devant le temple d’Esculape. Sur le
bâtiment principal de l’île flottait l’étendard de la IX e  Légion.
Marcus Emilius Lepidus se trouvait là avec ses soldats. Seul un fou aurait
tenté une action contre une cohorte cantonnée au cœur de Rome, tandis que le
reste de la légion était posté à l’extérieur des murs.
     
     
    Romae,
in Domo Publica, a.d. VIII Id. Mart., hora octava
    Rome,
demeure du grand pontife, 8 mars,
    une
heure de l’après-midi
     
    Silius se rendit directement aux cuisines afin de s’assurer
que le repas de César était prêt. Le menu habituel : de la fougasse à
l’huile d’olive, des fromages de vache et de brebis, quelques tranches de
jambon gallique de Crémone, les immanquables œufs durs avec du sel broyé, de la
chicorée sauvage. Il s’empara du plateau et se dirigea vers le cabinet du grand
pontife.
    « Où étais-tu ? interrogea celui-ci.
    — Sur l’île, mon général. Antistius voulait savoir
comment tu te portais.
    — Que lui as-tu dit ?
    — Que tu te portes très bien et que tu travailles.
    — C’est presque la vérité. Accompagne-moi. Ce repas est
trop copieux. As-tu vu ma femme ?
    — Non. Je viens des cuisines.
    — Elle est partie peu après toi et elle n’est pas
rentrée. Elle a changé, elle est tourmentée. »
    César entama son repas en sirotant de temps à autre un verre
du vin du Rhin que lui envoyait un de ses officiers en garnison au pied des
Alpes orientales. Il parla des élancements que lui causait une vieille blessure
au côté gauche, signe que le temps ne s’était pas amélioré, qu’il ne tarderait
pas à pleuvoir, voire pire. Silius coupa la fougasse et en mangea un morceau
assaisonné de sel, ainsi qu’un œuf.
    Il déclara que la saison était plutôt inclémente pour cette
période de l’année. Nul doute, leur conversation était bien éloignée de leurs
pensées. Puis César s’essuya les lèvres à l’aide d’une serviette et dit :
« Pendant que tu étais sur l’île, un message de Publius Sextius est
arrivé. »

 
Chapitre V
    Mutatio
ad Medias, a.d. VIII Id. Mart., hora decimal
    Relais
« ad Medias », 8 mars, trois heures de l’après-midi
     
    La campagne cispadane filait sous les sabots du cheval de
Publius Sextius, lancé sur la route qui s’étendait, tel un ruban gris, dans le
vert des champs situés au pied de l’Apennin. La brume s’était évanouie, le
soleil resplendissait dans un ciel limpide et froid, projetant sa lumière sur
les sommets

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