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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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préparer pour son entretien avec ses
officiers. Il passa une simple tunique qui lui descendait presque aux genoux,
une de ces tuniques qu’il portait pendant ses campagnes militaires, resserrée à
la taille par une ceinture en cuir à boucle de fer. Un serviteur lui laça ses
sandales et l’examina afin de s’assurer que tout était en ordre. « C’est
tout, maître ?
    — Recoiffe-moi », répondit le dictateur en
s’observant dans la glace.
    Le domestique le peigna vers l’avant pour masquer son début
de calvitie.
    C’est alors qu’on frappa à la porte. Silius Salvidienus
entra.
    « Ils sont arrivés ? interrogea César.
    — Oui, ils sont tous en bas. Calpurnia leur offre une
boisson. Il y a là Aemilius Lepidus, Decimus Brutus, Marc Antoine, Gaius
Trebonius et les autres. Ils ont l’air gai.
    — Les places à table ont-elles été attribuées ?
    — Oui, selon ton désir. Decimus Brutus sera à ta droite
et Marc Antoine à ta gauche. »
    L’homme d’État parut réfléchir quelques instants.
    « Quelque chose ne va pas, mon général ?
    — Si Labienus avait été là, c’est lui qui se serait
assis à ma droite.
    — Labienus est mort, général, et tu lui as rendu les
honneurs dus à un ami fidèle et à un ennemi courageux.
    — Très bien, alors. Nous pouvons descendre. »
    Silius lui adressa un signe de tête indiquant qu’il avait
autre chose à lui dire. César renvoya le serviteur.
    « Qu’y a-t-il ?
    — Une affaire qui ne me plaît guère. Et qui suscitera
ta colère.
    — Dans ce cas, mieux vaut que tu m’en parles
immédiatement.
    — Il circule à Rome une interprétation des Livres
sibyllins selon laquelle seul un roi pourra défaire et soumettre les
Parthes. »
    Le dictateur secoua la tête et s’assit en soupirant.
« Voilà où nous en sommes arrivés. Je ne l’aurais jamais imaginé.
    — C’est une affaire sérieuse, général. Une calomnie
supplémentaire à ton encontre visant à consolider le bruit selon lequel tu
aurais l’intention d’instaurer une monarchie à Rome et dans l’empire. Quelqu’un
tente de t’isoler et donc de t’affaiblir. Un roi serait mal vu non seulement du
sénat, mais aussi du peuple. L’incident des Lupercales en est la preuve. La
plupart des spectateurs étaient scandalisés en voyant qu’on t’offrait la
couronne royale.
    — Sais-tu d’où vient cette rumeur ?
    — Non.
    — Cela signifie qu’on me l’attribuera. Je suis le grand
pontife et, par conséquent, le gardien des Livres sibyllins desquels
proviendrait cette espèce d’oracle.
    — Général, le signal est désormais explicite. Il faut
que tu te défendes.
    — Que veux-tu dire ?
    — Tes ennemis mûrissent un plan. On murmure que l’un
d’eux proposera, lors d’une prochaine séance du sénat, de te proclamer
roi… »
    Le regard de César évoquait celui d’un lion traqué par des
chasseurs. Les voix des chefs de l’armée qui se préparaient à conquérir le reste
du monde s’échappaient de l’étage inférieur. Silius, qui se sentait en devoir
de prendre une initiative, rassembla son courage. « M’autorises-tu à te
poser une question ?
    — Je t’écoute.
    — Quelqu’un a-t-il tenté de te mettre en garde au cours
de ces derniers jours ? »
    Le dictateur sursauta, et Silius s’attendit à recevoir une
confidence importante qui lui permettrait de pousser plus loin son
interrogatoire.
    « Je ne parle pas de déclarations explicites,
ajouta-t-il, mais d’allusions voilées, d’expressions cryptiques… Cela ne te dit
rien, général ? »
    César revit l’expression hallucinée de Spurinna,
l’haruspice, qui murmurait : « Prends garde aux ides de
mars ! » Il répondit toutefois : « Allons-y, on nous
attend. »
    Il s’empara d’un rouleau de papyrus intitulé Anabase et s’engagea dans l’escalier.
    Silius lui emboîta le pas. L’arrivée de César dans la salle
de la réunion fut accueillie par des saluts militaires, des cris
d’enthousiasme, des blagues salaces, des expressions de caserne. Sa voix aussi
coupante qu’une épée retentit : « Légats des légions de Rome,
magistrats, chefs de la cavalerie et des auxiliaires !
    — César ! » hurlèrent les hommes à l’unisson.
    Silius eut l’impression que le lion venait de se fourrer
dans le cercle des chasseurs.
     
    La réunion dura deux heures. Partant de l’ Anabase, César
récapitula le compte rendu de Xénophon sur

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