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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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l’autre direction, et à emboîter le pas au fugitif.
    Il se lança dans une folle chevauchée sous la lune, parmi
les ombres des arbres qui dessinaient sur le sol des formes tordues, des
silhouettes effrayantes. À chaque tournant, des cailloux roulaient dans le
précipice en contrebas.
    Soudain un oiseau effrayé s’envola devant le cheval de
Publius Sextius, qui se cabra. Surpris, le centurion tomba et glissa dans le
ravin.
    Mustela galopait à perdre haleine. Il se rendit compte bientôt
qu’il n’était plus suivi, aussi freina-t-il sa monture et rebroussa-t-il chemin
en jetant des coups d’œil soupçonneux, semblable par son état de tension à
l’animal que son aspect et son surnom évoquaient.
    Un ricanement de satisfaction étira ses lèvres : le
destrier de son poursuivant errait sans cavalier, il reculait en hennissant et
soufflant, encore apeuré par l’incident. Mustela sauta à terre et se pencha au
bord du ravin. Il y avait là des branches cassées ainsi que des broussailles,
auxquelles était accroché un lambeau de la cape du centurion.
    « Adieu, Publius Sextius », murmura-t-il comme
s’il craignait qu’il ne pût l’entendre. Puis il remonta à cheval et s’éloigna.
     
     
    Romae,
in aedibus Bruti, a.d. III Id. Mart., secunda vigilia
    Rome,
demeure de Brutus, 13 mars, deuxième tour de garde,
    onze
heures du soir
     
    Allongé sur son lit, Artémidore fixait les poutres du
plafond à la lumière de sa lampe. Il se leva pour épier les gardiens qui
bloquaient le couloir, puis se recoucha.
    De temps en temps, des bruits retentissaient, des pas dans
les couloirs ou à travers l’atrium. Il n’avait aucun mal à identifier les sons
tant ils lui étaient familiers. Il connaissait le pas de Brutus, celui de
Portia et même celui de Servilia quand elle rendait visite à son fils et
s’attardait pour le dîner ou pour la nuit.
    Artémidore se versa un verre d’eau et contempla avec
tristesse le plateau de gâteaux que le jeune esclave lui avait apporté :
il n’y avait pas touché. Le garçon lui avait confié que leur maître avait posé
des questions étranges et qu’il le récompenserait s’il lui révélait des détails
intéressants à son sujet. S’il n’avait rien raconté, c’était parce qu’il n’y
avait rien à raconter… Mais Brutus était probablement retourné à la charge, il
avait peut-être même exercé des pressions sur l’esclave, l’avait menacé.
    Artémidore craignait que ce dernier ne fût torturé. Que
ferait-il alors ? Pouvait-on lui demander de résister à la
souffrance ? Le temps pressait. Si Brutus interrogeait de la sorte le
jeune homme, c’était de toute évidence parce que la réalisation de son projet
était imminente : il fallait prévenir tout danger. En repartant, le garçon
avait promis de revenir chercher la vaisselle, mais il ne s’était pas encore
montré.
    Le silence et l’angoisse aiguisaient les sens du maître de
grec et, malgré la fraîcheur de sa chambre, il transpirait abondamment, ce qui
l’obligeait à se désaltérer souvent.
    L’aboiement d’un chien retentit dans la cour arrière, suivi
du grincement de la porte ouverte et refermée, de pas sur le gravier et dans
l’atrium.
    On marchait maintenant dans le couloir. Enfin.
    Il attendit que le jeune homme frappe à sa porte et l’invita
à entrer.
    « Les deux gardiens ont disparu.
    — Ce n’est pas possible.
    — Regarde toi-même. »
    Artémidore entrouvrit la porte. Une lampe brûlait dans le
couloir désert.
    « Je n’y comprends rien. Je ne voudrais pas que ce soit
un piège.
    — Ils pensent peut-être que tu dors et ils ont d’autres
chats à fouetter à cette heure-ci. Les invités sont sur le départ. »
    Il s’empara du plateau et tourna les talons. Artémidore le
retint par le bras.
    « Non, laisse-moi partir, dit l’esclave. J’ai entendu
des choses terribles. Il faut que je m’en aille.
    — Attends. J’ai beaucoup réfléchi au cours de ces
dernières heures et je suis parvenu à une conclusion. Tu devrais quitter cette
maison tant que tu es libre de tes mouvements, tant que tu n’es pas soupçonné.
Je te le dis par affection.
    — Je le sais. Mais où aller ? Tu sais ce qu’on
fait aux esclaves en fuite ?
    — Je témoignerai en ta faveur. Je dirai que je t’ai
confié une commission… Je suis un homme libre et j’ai une réputation. En outre,
le préteur des étrangers, Decimus Brutus, me connaît. Écoute-moi

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