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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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poitrine avec son bâton. Mustela s’effondra.
    Publius Sextius le releva et l’installa sur la seule chaise
disponible. Appuyé contre le dossier, il évoquait un mannequin désarticulé.
    « Pour commencer, tu vas me répéter le message que tu
as transmis, lui souffla-t-il au visage.
    — Pas question. »
    Publius lui décocha un coup de poing phénoménal en plein
visage. Mustela gémit de douleur. « De toute façon, tu me tueras.
    — Tu te trompes. Si tu parles, je te donne ma parole
que je ne verserai pas ton sang. »
    Déjà éprouvé par son long voyage, Mustela était physiquement
et moralement épuisé. « On dit que Publius Sextius tient toujours parole,
parvint-il à articuler.
    — Il en est ainsi, au nom des dieux ! Alors ?
insista-t-il en brandissant une nouvelle fois son bâton.
    — J’ai demandé qu’on intercepte deux speculatores sur la via Flaminia ou sur la via Cassia.
    — Je comprends, commenta le centurion en passant avec
indifférence derrière lui. C’est tout ?
    — C’est tout, je le jure. Je suis éreinté, je n’en peux
plus. Laisse-moi tranquille maintenant. »
    Publius lui saisit la tête et, d’un mouvement sec, lui brisa
le cou.
    « Voilà. À présent tu es tranquille, et moi, j’ai tenu
parole. »
    Il regagna la cour, monta à cheval et repartit à vive
allure.

 
Chapitre XVII
    In
Monte Appennino, Lux insomnis, pridie Idus Martias,
    tertia
vigilia
    Monts
de l’Apennin, « Lumière sans sommeil », 14 mars,
    troisième
tour de garde, une heure du matin
     
    Publius Sextius avait pris possession manu militari du poste de signalement. Il s’était imposé aux auxiliaires du génie en exhibant
son titulus et l’insigne noueux de son grade, puis s’était installé dans
la tour de guet pour transmettre un contrordre. Il sauverait ainsi Rufus et
Vibius, qu’il ne connaissait pas, certes, mais qui étaient sûrement deux
courageux serviteurs de l’État. Allumer le feu n’avait pas été une mince
affaire : le temps s’était gâché, les nuages avaient masqué la lune et des
éclairs s’étaient abattus sur les cimes giflées par un vent impétueux. Il
s’était mis à pleuvoir par intermittence. Tourmenté, le centurion n’avait cessé
d’évaluer le tronçon de route qu’il aurait pu parcourir s’il ne s’était pas interrompu.
Mais la lumière, lux insomnis, comme le nom en code du poste, était la
seule façon d’arrêter les tueurs. Une fois le message transmis, il attendit la
réponse.
    « Réponds, saleté d’ivrogne, réponds »,
grogna-t-il. Or, la seule lumière qui apparaissait sur l’Apennin était celle
des éclairs. Le centurion abandonna la terrasse de signalement et descendit
dans la pièce qui se trouvait à l’étage inférieur. Il étala sur la table
l’itinéraire que lui avait confié Nebula et laissa son doigt courir jusqu’au
croisement de la via Cassia.
    « Trop loin, murmura-t-il. Impossible. Il faut que je
continue ma propre route. Que la fortune vous assiste, les gars ! »
    Il sortit, sauta à cheval et repartit.
    En réalité, les soldats du poste avaient bien reçu ses
signaux, mais l’orage qui flagellait le bâtiment les empêchait de quitter leur
logement. Des nuages ourlés de blanc, traversés par les éclairs, déversaient
sur la tour de furieux grêlons qui éclataient au contact du dallage, se brisant
en mille morceaux aussi brillants que des diamants, et martelaient la
construction comme des projectiles lancés par une catapulte.
    Le message avait été déchiffré à travers les petites
fenêtres ébrasées de la tour. Le chef du poste se demandait ce qu’il pouvait
bien se passer à Rome pour que des instructions aussi contradictoires soient
transmises. Mais la longue suite de guerres civiles lui avait appris à ne pas
se poser trop de questions et à exécuter les ordres pourvu que le code fût
exact. Le nouveau message annulait l’ordre précédent d’interception concernant
deux speculatores. Il convoqua un garçon maigre, presque squelettique,
au regard halluciné. Parce qu’il n’avait pas un poil de barbe, mais juste un
léger duvet semblable à celui des poussins, on le surnommait Pullus.
    Ce garçon n’avait ni père ni mère, ou plutôt ignorait leur
identité. C’était l’armée qui l’avait élevé. Pour se rendre utile, il exerçait
toutes sortes de métiers, palefrenier, boulanger, cuisinier ou marmiton.
Surtout, il excellait dans la course. Il était capable de

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