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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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reconnaissante de ce que tu
as fait… Hélas, c’était inutile.
    — Je ferais n’importe quoi pour toi, ma reine. Si César
avait accepté la couronne le jour des Lupercales, personne ne s’y serait
opposé, le sénat aurait ratifié cet état de fait, tu serais devenue la
souveraine du monde et je t’aurais servie avec dévotion, heureux d’être à tes
côtés, de te protéger. Mais César n’a pas compris…
    — César n’a pas voulu. Je lui en ai parlé à plus d’une
reprise, n’obtenant que son refus. Il a reconnu son fils mais de manière
privée. Et maintenant… tu as sans doute entendu la prophétie des Livres
sibyllins.
    — Oui, j’en ai entendu parler.
    — Mes prêtres ont un certain ascendant sur les vôtres,
grossiers et primitifs. Mais César ne réagira pas, j’en suis presque certaine.
De toute évidence, je ne compte pas pour lui.
    — Pour moi, tu es tout… tout, ma reine.
    — Tu dis ça pour me consoler.
    — Je le dis parce que c’est la vérité. Ton image est
toujours présente à mon esprit, jour et nuit. Ton visage, ton corps…
    — Et mes sentiments ? Mes espoirs, mes
aspirations ?
    — Aussi. Je désire tout ce que tu désires.
    — Es-tu prêt à le jurer ?
    — Je le jure, ma reine, sur ma propre vie.
    — Alors écoute-moi, car ce que je m’apprête à te dire
est de la plus grande importance. Il en va de notre avenir, de celui de mon
fils, du monde entier. »
    Un long silence s’ensuivit. L’oreille collée à l’interstice,
Silius craignit que le couple ne se fût déplacé. Or, la voix de Cléopâtre
retentit de nouveau. Bien que déformée et atténuée, elle trahissait une
sensualité irrésistible, que soulignait son accent exotique. Silius l’avait vue
plusieurs fois mais ne l’avait jamais entendue. Il comprenait maintenant
pourquoi elle avait fait tourner la tête de César et de tous ceux qui l’avaient
rencontrée, vue, écoutée.
    « J’ai appris qu’une menace pèse sur César. »
    Antoine garda le silence.
    « Le sais-tu ? »
    Il s’abstint de répondre.
    « Je suis seule dans cette ville, je n’ai personne sur
qui compter. »
    Antoine prononça des mots que Silius ne parvint pas à
saisir. Cléopâtre reprit : « J’ai toutefois quelques connaissances.
J’ai ainsi réussi à me mettre en contact avec un proche de César, un homme qui
s’apprêtait à partir en mission dans le nord de la péninsule. Je l’ai prié
d’enquêter pour moi sur cette menace, je lui ai fourni des indications et
d’autres contacts… »
    Silius songea en frémissant à Publius Sextius.
    « Je lui ai fait jurer que cela resterait un secret
entre nous en lui laissant entendre qu’il en allait de la sécurité de César,
qui me tenait immensément à cœur et dont il ne semblait guère se soucier.
J’aurai une réponse d’ici demain. Après, il pourrait être trop tard. Tu
comprends ? »
    Silius imagina qu’Antoine opinait du chef.
    « Bien, poursuivit Cléopâtre. Dans ce cas tu serais la seule
personne à laquelle je pourrais me fier dans cette ville. Cicéron me déteste,
tout comme de nombreux autres. Prends donc garde, Antoine, sois prudent.
Fais-le pour moi et pour mon fils. »
    La conversation en resta là. Silius se dit que, s’il était
averti, César prendrait des mesures immédiates. Il s’agissait maintenant de
s’éclipser. Il était impossible de rebrousser chemin car le trou qu’il avait
pratiqué dans la coupole du laconicum était inaccessible. Il lui fallait
donc chercher une issue dans la demeure. Grâce à l’obscurité et à sa
connaissance des lieux, il arriverait sans doute à gagner le péristyle puis le
quartier des services et à sortir par la porte secondaire entre deux rondes.
    Une rafale de vent subite s’engouffra par le trou de la
coupole et souleva un nuage de cendres. Silius éternua malgré lui.
    Il s’immobilisa, le cœur battant. Le silence régnait. Au
fond, n’importe quel occupant de la demeure aurait pu éternuer. Cela n’avait
rien d’inquiétant.
    Il traversa sur la pointe des pieds le tepidarium et
le frigidarium, puis atteignit la porte qui donnait sur le péristyle. Il
l’ouvrit le plus silencieusement possible. Seules quelques lampes étaient
allumées sous le portique et il n’y avait personne en vue. Il s’achemina donc
vers l’atrium en rasant le mur.
    Une voix retentit soudain derrière lui et des torches
s’allumèrent. « Un mauvais rhume, Silius Salvidienus.

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