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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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courir des jours et
des nuits entières, animé d’une mystérieuse énergie. S’il n’était pas aussi
rapide qu’un cheval, personne ne le battait quand il s’agissait de se déplacer
sur des terrains escarpés. Il avait l’agilité d’une chèvre ou d’un chamois, sautait
d’une aspérité à l’autre avec une légèreté et une élégance surprenantes chez un
garçon de son apparence.
    Le chef du poste lui remit un document codé et scellé en lui
enjoignant de ne pas s’arrêter tant qu’il n’aurait pas intercepté l’ordre. Il
disposait de deux avantages : le mauvais temps, ainsi que sa parfaite
connaissance du territoire qui lui permettait de raccourcir, couper, simplifier
le moindre itinéraire.
    Pullus partit sur-le-champ, sous la pluie et la grêle, en
s’abritant sous un bouclier tenu au-dessus de sa tête. Quand la grêlée cessa,
il dissimula ce dernier dans un buisson et poursuivit sa route plus rapidement.
Il courait sans hésitation ou incertitude sur des sentiers mondés. Trempé par
les éclaboussures, il filait au pied des arbres dépouillés, à travers des
champs encore nus, des fermes endormies. Les chiens aboyaient en entendant son
pas rapide et léger, comme celui du dieu des voleurs, pour se taire aussitôt
après : le bruit qu’il produisait s’évanouissait dans le néant aussi vite
qu’il apparaissait.
    Cet infatigable coureur se demandait comment sauver les deux
messagers et comment se comporter s’il lui fallait en laisser mourir un –
mais lequel ? – pour sauver l’autre. Il s’interrogea sur l’identité
des deux speculatores et, ayant écarté un certain nombre d’hypothèses,
se concentra sur deux visages, deux voix, deux de ses rares amis en comptant le
chien du poste et la chevrette qu’il trayait chaque matin.
    Vibius et Rubius ? Il était prêt à parier la chevrette.
S’il s’agissait bien d’eux, il n’aurait pas à choisir car il connaissait leur
façon de se mouvoir : une pièce de monnaie leur dictait la route. Il
élaborait aussi des calculs : ils étaient certainement partis de Lux
fidelis, sur le cours supérieur du Reno, depuis cinq jours, dont deux de
mauvais temps. Celui qui, des deux, était descendu vers l’est avait d’abord
trouvé une route facile. Celui qui, en revanche, avait affronté directement la
montagne avait suivi un itinéraire difficile, avant d’être en mesure
d’accélérer l’allure. Pullus décida d’intercepter le premier, qui qu’il fût, et
coupa à travers champs et bois en se fiant à son sens inné de l’orientation,
tel un aveugle guidé par son instinct. Il atteignit la route au matin, à
quelques milles d’un relais important. S’il avait vu juste, un des deux hommes
arriverait là avant le soir. Il pénétra dans la mansio, où il présenta
le code qui annulait le premier ordre et enjoignait de diffuser le contrordre
aux relais suivants jusqu’à Rome. Un messager partit sur-le-champ.
    Il avait accompli son devoir et il aurait donc pu regagner Lux
insomnis, cependant il n’en avait pas le cœur. En outre, si l’un des speculatores était un de ses amis, il tenait à l’attendre afin de voir de ses propres yeux
si sa mission avait ou non réussi.
    Il avait cessé de pleuvoir, mais Pullus, trempé, tremblait
de froid. De temps à autre il courait en rond pour se réchauffer ou scrutait
l’horizon, la route luisant de pluie qui descendait du nord. Une charrette
tirée par un mulet passa. Son conducteur jeta un coup d’œil distrait à
l’étrange personnage qui courait autour d’une pierre milliaire. Ce fut ensuite
le tour d’un berger menant un troupeau de brebis et d’un paysan qui poussait
une vachette sur le bas-côté en terre battue. Au fil des heures, les passages
se multipliaient ; enfin, dans l’après-midi, apparurent deux cavaliers,
distants l’un de l’autre. Le second avançait avec difficulté.
    Le premier s’immobilisa pour l’attendre. Pullus le
reconnut : c’était Rufus.
    « Rufus ! s’écria-t-il de tout son souffle.
Rufus ! »
    Le cavalier sauta à terre et se rua vers lui.
« Pullus ! Je savais que nous te verrions. » Il l’étreignit.
    Le second cavalier survint un peu plus tard. Il s’agissait
de Vibius. Il portait sur son corps les marques d’un affrontement violent, et
son cheval paraissait épuisé.
    « Comment se fait-il que vous arriviez
ensemble ? », interrogea Pullus.
    Vibius répondit : « Hier matin, alors que
j’approchais

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