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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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discrètement les appartements
d’Artémidore et constata que personne ne le surveillait.
    « Que fais-tu ici ? interrogea-t-il.
    — Et toi ?
    — Antistius m’envoie. Je suis venu t’avertir que César
est sorti. Il avait décidé de ne pas se rendre au sénat pour faire plaisir à
son épouse. Mais un personnage important qui porte le même nom que ton maître
est arrivé.
    — Brutus ?
    — Oui. Il l’a convaincu, ou plutôt presque forcé à
aller au sénat. Antistius est inquiet, il demande si tu as des nouvelles pour
lui.
    — Par les dieux ! Vite, conduis-moi à une sortie
praticable ! »
    Tandis que le garçon s’engageait dans le couloir, Artémidore
griffonna quelques mots sur un bout de parchemin :
     
    La conjuration aura lieu presque certainement
aujourd’hui.
    Je te remettrai plus tard la liste des conjurés.
     
    Après quoi il lui emboîta le pas jusqu’à une porte
secondaire. Il lui tendit alors le message. « Prends ça. Cours le plus
vite possible et donne-le à César en chemin. Je le précéderai à la curie. L’un
de nous doit réussir. Si tu échouais, va à la Domus et remets ce mot en
mains propres à Antistius. Dis-lui que je compte livrer à César le même
message. »
    Le jeune homme s’éloigna à toute allure. Il aperçut le
cortège de César à l’entrée du Champ de Mars et tenta de l’approcher, mais la
cohue l’en empêcha : tout le monde voulait parler à l’homme d’État, tout
le monde avait une pétition à lui tendre. Malgré ses efforts pour se frayer un
chemin, le garçon fut repoussé et presque jeté à terre. Il fit une seconde
tentative, mais il avait maintenant affaire à un mur humain impénétrable.
Penaud et à bout de souffle, il prit le chemin de la Domus. À son
arrivée, il demanda à un domestique où se trouvait Antistius. L’homme lui
répondit qu’il était parti. Alors il s’assit dans un coin de la cuisine.
    « Je l’attendrai jusqu’à son retour. Il faut que je lui
remette quelque chose en mains propres. »
    Pendant ce temps, Artémidore s’efforçait de fendre la foule
qui occupait les rues et les places, ignorant lui-même pourquoi il se démenait
autant. Peut-être pensait-il que le destin lui avait offert l’opportunité de
changer le cours des événements et qu’il convenait de ne pas la laisser échapper.
     
     
    Romae,
ad Pontem Sublicium, Id. Mart., hora tertia
    Rome,
pont Sublicium, 15 mars, huit heures du matin
     
    Le bateau accosta après le pont et le batelier descendit
dans la cale. « Nous sommes arrivés, centurion ! s’exclama-t-il. On
peut dire que tu as sacrément dormi. »
    Publius Sextius ouvrit les yeux et les cacha aussitôt
derrière sa main pour se protéger contre la lumière éblouissante du soleil. Il
gagna lentement le pont, tandis que le batelier finissait de jeter les amarres
et d’installer la passerelle, détacha son cheval et le conduisit à terre avec
prudence.
    « Attends ici. J’enverrai quelqu’un te payer. J’ai
besoin de cette bête.
    — Ne t’inquiète pas. Je sais reconnaître un homme de
parole du premier coup d’œil. J’attendrai. »
    Publius Sextius sauta sur le cheval et se dirigea vers les
jardins de César.
     
     
    Romae,
in Curia Pompeii, Id. Mart., hora quarta
    Rome,
curie de Pompée, 15 mars, neuf heures du matin
     
    César quitta sa litière peu avant la curie, préférant gagner
le bâtiment à pied, comme toujours. Mais du monde l’attendait à l’entrée.
Antoine, sur les marches, vint à sa rencontre pour lui frayer un chemin, tandis
que Decimus Brutus se tenait à ses côtés afin de le protéger contre les Romains
déchaînés. Certains d’entre eux le saisissaient par sa tunique, d’autres
essayaient de lui tendre une requête ou une pétition, d’autres encore
entendaient juste le toucher car il était tout ce que chacun aurait voulu être.
    Soudain, il s’immobilisa : il avait aperçu une tête connue.
    Spurinna. Le voyant.
    Il l’appela.
    L’homme se retourna. Les individus qui se pressaient autour
de lui s’écartèrent, devinant que personne ne devait s’interposer entre les
deux hommes.
    « Spurinna, répéta César, un sourire ironique aux
lèvres. Eh bien, ce sont aujourd’hui les ides de mars, et il ne m’est rien
arrivé. »
    L’haruspice le dévisagea d’un air qui signifiait « Ne
comprends-tu donc pas ? » et répondit : « Oui, mais la
journée ne s’est pas encore écoulée », avant de pivoter et

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