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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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n’était plus auprès de son protecteur. Glaucus l’appela ; pas de réponse. Ils revinrent sur leurs pas ; ce fut en vain, ils ne purent la découvrir : il était évident qu’elle avait été entraînée dans quelque direction opposée par ce torrent humain. Leur amie, leur libératrice était perdue, que dis-je ? leur guide même. Sa cécité rendait la route familière à elle seule… Accoutumée dans sa nuit perpétuelle à traverser les détours de la cité, elle les avait conduits, sans se tromper, vers les rivages de la mer, où ils avaient placé l’espérance de leur salut. Maintenant, de quel côté se dirigeraient-ils ? tout était pour eux sans lumière et sans issue dans ce labyrinthe. Fatigués, désespérés, égarés, ils continuèrent néanmoins leur chemin, malgré les cendres qui tombaient sur leurs têtes, et les pierres, dont les fragments faisaient jaillir, en tombant, des étincelles à leurs pieds.
     
    « Hélas ! hélas ! murmura Ione, je ne puis plus marcher, mes pieds s’enfoncent dans les cendres brûlantes. Fuis, mon ami… mon bien-aimé ; laisse-moi à mon destin malheureux.
    – Tais-toi, ma fiancée… mon épouse… la mort m’est plus douce avec toi que la vie sans toi. Mais hélas ! où nous diriger dans cette obscurité ?… Il me semble que nous avons tourné dans un cercle, et que nous sommes revenus au lieu où nous étions il y a une heure.
    – Ô dieux ! ce rocher… vois… il a brisé ce toit devant nous. La mort est dans les rues à présent…
    – Béni soit cet éclair !… Regarde, Ione, le portique du temple de la Fortune est devant nos yeux : entrons-y, nous y trouverons un abri contre ces pluies terribles. »
    Il la prit dans ses bras, et, après beaucoup de peine et de difficulté, atteignit le temple. Il la porta à l’endroit le plus reculé et le plus couvert du portique, et se pencha sur elle afin que son corps lui servît d’abri suprême contre les cendres et les pierres. La grandeur et le désintéressement peuvent encore sanctifier des moments si affreux.
    « Qui est là ? » dit d’une voix basse et tremblante quelqu’un qui les avait précédés dans ce refuge ; « mais qu’importe ? la chute du monde fait qu’il n’existe plus d’amis ni d’ennemis. »
    Ione se retourna au son de cette voix, et, avec un faible cri, se pressa dans les bras de Glaucus, qui, jetant les yeux dans la direction de la voix, reconnut la cause de ses alarmes. Deux yeux étranges brillaient dans l’obscurité ; un éclair passa et illumina le temple, et Glaucus, en frémissant, aperçut le lion, dont il aurait dû être la proie, couché sous un des piliers, et à côté de lui, sans se douter de ce voisinage, était étendu le corps gigantesque de celui qui venait de leur parler… le gladiateur blessé, Niger.
    L’éclair avait montré l’homme à l’animal, et l’animal à l’homme, mais l’instinct de l’un et de l’autre était assoupi. Bien plus, le lion s’approcha en rampant vers le gladiateur, comme pour avoir un compagnon, et le gladiateur ne recula ni ne trembla : la révolution de la nature avait dissous les terreurs et les sympathies ordinaires.
    Pendant qu’ils étaient abrités d’une façon si terrible, un groupe d’hommes et de femmes, portant des torches, passa près du temple. Ils étaient de la congrégation des Nazaréens. Une émotion sublime et céleste leur avait enlevé ce qu’il y a de terrestre dans la frayeur. Ils avaient vécu dans la croyance, erreur des premiers chrétiens, que la fin du monde était proche. Ils croyaient ce jour venu.
    « Malheur ! malheur ! cria d’une voix aiguë et perçante le vieillard qui les conduisait. Voyez ! Dieu s’avance pour le jugement ; il fait descendre le feu du ciel à la vue des hommes. Malheur ! malheur à vous, les forts, les puissants ! Malheur à vous, porteurs de faisceaux et de pourpre ! Malheur à l’idolâtre et à l’adorateur de la bête ! Malheur à vous qui répandez le sang des saints, et qui vous réjouissez de l’agonie du fils de Dieu ! Malheur à votre Vénus, à la prostituée de la mer ! Malheur ! malheur ! »
    Et, d’une voix sinistre et élevée, toute la troupe répéta en chœur :
    « Malheur ! malheur à la prostituée de la mer ! Malheur ! malheur ! »
    Les Nazaréens passèrent lentement ; leurs torches vacillaient dans la tempête ; leurs voix jetaient des menaces et des avertissements solennels. Ils

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