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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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Rien n’était peut-être plus horrible et moins naturel que le bas égoïsme de ces scélérats ; car l’avarice est la chose la plus hideuse de ce monde. Le pillage et le sacrilège pendant que les piliers du temple s’écroulaient sur leurs têtes ! Combien les vices de l’homme peuvent ajouter aux terreurs de la nature !
    « N’auras-tu jamais fini ? s’écria Burbo impatienté ; ta figure est de pourpre, et tes yeux flamboyants.
    – On n’a pas tous les jours une faim comme la mienne… Oh ! par Jupiter ! quel bruit est celui-ci ? quelle pluie siffle et tombe sur nous ? Les nuages vomissent à la fois l’eau et le feu. Ah ! quels cris perçants !… Burbo, tout est redevenu silencieux ; regarde au dehors. »
    Parmi les autres horreurs de cette heure terrible, la montagne venait de lancer des colonnes d’eau bouillante mêlée et pétrie avec les cendres chaudes ; ces torrents tombaient par fréquents intervalles dans les rues, comme une boue enflammée. À l’endroit même où les prêtres d’Isis s’étaient rassemblés autour des autels, où ils avaient vainement essayé d’allumer les feux sacrés et de brûler leurs encens, le plus impétueux de ces torrents, accru d’énormes masses de scories, venait de précipiter son cours furieux. Il avait passé sur les prêtres agenouillés ; leurs cris avaient été les cris de la mort… Le silence qui leur avait succédé était le silence de l’éternité ! Les cendres, le noir torrent, avaient envahi les autels, couvert le pavé de l’enceinte, et enseveli à moitié les corps frémissants des prêtres.
    « Ils sont morts » dit Burbo, terrifié pour la première fois, et se rejetant au fond de la chambre… « Je ne pensais pas que le danger fût si grand et si fatal. »
    Les deux misérables se regardèrent l’un et l’autre… On aurait entendu battre leurs cœurs. Calénus, le moins courageux de sa nature, mais le plus avare, se remit le premier. « Agissons sur-le-champ et fuyons » dit-il à demi-voix, effrayé lui-même du son de ses paroles. Il mit le pied sur le seuil, s’arrêta, passa sur le pavé brûlant et sur le corps de ses frères, et se dirigea vers la chapelle sacrée, en disant à Burbo de le suivre. Mais le gladiateur frissonna et recula.
    « Tant mieux ! pensa Calénus, ma part sera double. » Il se chargea aussi promptement qu’il le put des trésors du temple, les plus faciles à emporter ; et, sans songer davantage à son compagnon, s’élança hors de l’enceinte sacrée. Un grand éclair, lancé soudain par la montagne, montra à Burbo, resté immobile sur le seuil, le prêtre qui s’enfuyait avec son fardeau. Il prit courage ; il s’avança pour le rejoindre, lorsqu’une pluie épouvantable de cendres tomba à ses pieds. Le gladiateur se sentit défaillir encore. L’obscurité l’environna, mais la pluie continuait à tomber avec violence… amoncelant des amas de cendres et exhalant des vapeurs suffocantes et mortelles… Le malheureux ne pouvait plus respirer. Désespéré, il essaya de fuir… Les cendres le bloquaient sur le seuil… Il poussait des cris en sentant la lave bouillante monter sur ses pieds. Comment se sauver ? Il ne pouvait pas gravir jusqu’à l’espace découvert. Cela eût-il été possible, il n’était plus maître de sa terreur. Mieux valait demeurer dans la cellule, à l’abri au moins des accidents de l’air. Il s’assit et serra les dents. Par degrés, l’atmosphère du dehors, étouffante et pestilentielle, pénétrait jusque dans la chambre ; il n’y pouvait plus résister. Ses yeux qu’il roulait autour de lui aperçurent une hache de sacrifice, que quelque prêtre avait laissée dans la chambre ; il s’en empara ; avec la force désespérée de son bras gigantesque, il essaya de se faire un passage à travers les murs.
    Pendant ce temps-là, les rues étaient devenues solitaires ; chacun avait cherché un asile, un abri ; les cendres commençaient à remplir les plus basses parties de la cité. Çà et là, pourtant, on entendit les pas de quelques fugitifs, se hâtant avec précaution ; on voyait leurs figures pâles et hagardes, à la lueur bleue des éclairs, ou bien à celle des torches, au moyen desquelles ils s’efforçaient d’assurer leur marche. Mais de moment en moment, l’eau bouillante ou les cendres qui descendaient, ou quelque vent orageux et mystérieux s’élevait et mourait tout à coup, éteignant ces lumières

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