Les Dieux S'amusent
flèche frôle la
colombe et coupe la cordelette à laquelle elle était attachée. L’oiseau en
profite pour s’enfuir à tire-d’aile, et la foule éclate déjà en
applaudissements lorsque Pâris, le troisième concurrent, bande son arc
précipitamment et tue la colombe en plein vol. Les plus fins tireurs du Far
West, armés de leur colt ou de leur Winchester, n’ont jamais fait mieux depuis.
L’invention des échecs
Pour tromper leur ennui, les Grecs et les Troyens
pratiquaient aussi divers jeux de société. L’un d’entre eux, celui des échecs, fut
même inventé, dit-on, pendant le siège de Troie, par Palamède, cet astucieux
roi grec dont le principal but, dans l’existence, était de montrer qu’il était
aussi intelligent qu’Ulysse.
Ayant fixé les principes généraux de ce nouveau jeu, il
lance un défi à Ulysse. Celui-ci ne tarde pas à prendre l’avantage. Alors, pour
se sauver d’une défaite imminente, Palamède se met à inventer, à chaque coup, de
nouvelles règles qui l’avantagent et qui finissent par lui donner la victoire. C’est
ce jour-là qu’Ulysse, qui n’avait déjà pas pardonné à Palamède de l’avoir forcé
à participer à la guerre, jura qu’il se vengerait…
Cependant, les rois grecs, éloignés de leurs foyers et
privés de leurs épouses, trouvaient les soirées bien longues. Pour les
distraire, et aussi parce qu’il adorait parler, Nestor eut l’idée de leur
raconter chaque soir une histoire, à la fin du dîner qu’ils prenaient ensemble.
Il s’agissait tantôt de légendes anciennes et fantastiques, tantôt
d’aventures réelles auxquelles Nestor avait lui-même participé dans sa jeunesse.
Le premier récit de Nestor fut la légende de Persée et de la Méduse.
Le premier récit de Nestor : Persée et la Méduse
Il était une fois un roi d’Argos, nommé Acrisios, qui n’avait
qu’une fille appelée Danaé. Étant allé consulter un oracle pour savoir s’il
aurait un jour des descendants mâles, Acrisios s’entendit répondre qu’il n’aurait
pas de fils et que, s’il avait un petit-fils, celui-ci le tuerait. Pour ne
prendre aucun risque, Acrisios enferma sa fille Danaé dans une haute tour d’airain,
ouverte sur le ciel mais fermée sur le monde extérieur par une porte unique
dont Acrisios gardait toujours la clé. Une fois par jour, il lui apportait ses
repas et, le reste du temps, il la laissait seule à l’abri des regards de tous
les êtres vivants, sauf des oiseaux.
Un jour, l’aigle de Jupiter, volant au-dessus de la tour, aperçut
Danaé et fut frappé de sa beauté. Il alla rendre compte de sa découverte à
Jupiter, qui se mit aussitôt en tête de faire la conquête de la belle captive. Comme
il ne pouvait pas entrer dans la tour par la porte, il résolut d’y entrer par
le ciel. Pour réaliser ce projet, il adopta l’apparence d’une pluie d’or, et c’est
sous cette forme que, par une nuit d’été, il alla prodiguer ses caresses à
Danaé. Quelques mois plus tard, Acrisios s’aperçut que sa fille était enceinte.
Il la fit enfermer dans un tonneau, qui fut jeté à la mer. Porté par les
courants, le tonneau s’échoua sur une île. Danaé en sortit et donna le jour à
un fils qu’elle appela Persée. Le roi de cette île, Polydecte, séduit par la
beauté de Danaé, ne tarda pas à lui faire la cour. Mais, désireuse de se
consacrer entièrement à son fils, elle repoussa longtemps les avances du roi. Ce
n’est que le jour où Persée eut seize ans qu’elle se sentit libérée de ses
obligations maternelles et qu’elle accepta d’épouser Polydecte. Celui-ci
organisa un grand repas de fiançailles, où furent invités de nombreux voisins. Chacun
apporta un présent. Seul Persée, qui n’avait pas un sou, dut venir les mains
vides. Il en fut si humilié qu’à la fin du repas, ayant bu plus que de raison, il
offrit au roi d’aller chercher pour lui, n’importe où dans le monde, le cadeau
le plus rare que Polydecte pourrait désirer. Polydecte vit dans cette
proposition l’occasion de se débarrasser facilement d’un beau-fils importun. Il
chargea Persée d’une mission dont, pensait-il, le jeune homme ne reviendrait
pas vivant :
— Va me chercher, lui dit-il, la tête de la Méduse.
La Méduse était l’une des trois sœurs appelées les Gorgones.
C’étaient des monstres affreux, au corps recouvert d’écaillés de crocodile et à
la tête hérissée de serpents. Leur visage était
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