Les Dieux S'amusent
qu’on
veut y mettre. Et voici enfin mon propre bouclier de bronze poli comme un
miroir grâce auquel tu pourras observer les Gorgones sans avoir à les regarder
en face.
Persée chausse les ailes de Mercure, coiffe le casque de
Pluton, s’envole et prend de l’altitude ; il se déplace à reculons vers
les Gorgones, et exécute une délicate manœuvre d’approche en s’aidant du
bouclier-miroir dans lequel se reflètent clairement les silhouettes des trois
sœurs. Invisible pour elles, il prend tout son temps pour repérer la Méduse, à
l’aide du miroir de Minerve. Il lui plonge l’épée de Mars dans le dos et lui
coupe la tête, qu’il introduit dans le sac de Junon. Il reprend alors son vol, toujours
invisible, en direction de l’île où il a laissé sa mère et Polydecte.
En chemin, Persée eut l’occasion, à plusieurs reprises, de
vérifier les pouvoirs surnaturels de la tête de la Méduse. Une première fois, elle
lui servit à pétrifier un serpent gigantesque qui s’apprêtait à dévorer une
jeune fille, nommée Andromède, attachée à un rocher. Il délivra Andromède et en
fit sa femme. Une autre fois, à la fin d’un banquet qui avait mal tourné, il se
vit attaqué par plus de cent convives, bien décidés à le mettre en pièces ;
il n’eut que le temps de sortir la Méduse de son sac, et la salle du banquet se
trouva aussitôt transformée en une galerie de statues. Enfin, arrivé à son île,
il invita perfidement Polydecte à ouvrit le sac de Junon pour y prendre son
cadeau. Ce fut le dernier geste de Polydecte.
Sa tache accomplie, Persée put rendre à Minerve tous les
accessoires qu’elle lui avait prêtés. Il lui fit en outre cadeau, en guise de
remerciement, de la tête de la Méduse, dont il n’était d’ailleurs pas mécontent
de se débarrasser car il craignait d’en être un jour lui-même, par mégarde, la
victime. Minerve, reconnaissante, porta désormais toujours ce redoutable
trophée sur son bouclier.
Persée et Andromède vécurent longtemps et eurent de nombreux
enfants. L’un d’entre eux devait être le père d’Alcmène et par conséquent le
grand-père d’Hercule.
La légende de Persée, que Nestor raconta d’une manière très
détaillée, occupa les dîners des rois grecs pendant plus d’un mois. II faut
croire qu’elle ne lassa pas leur attention puisque, lorsqu’elle fut achevée, ils
en réclamèrent une autre à Nestor. Ce fut celle de Bellérophon et de Pégase.
Second récit de Nestor : Bellérophon et Pégase
Lorsque Persée avait coupé la tête de la Méduse, quelques
gouttes de sang de la Gorgone étaient tombées sur le sol. De ces gouttes naquit
bientôt un cheval ailé, qui fut appelé Pégase. Neptune, qui avait la passion
des chevaux, obtint des deux Gorgones survivantes la permission de le prendre, et
le mit au vert dans un de ses domaines. C’est là que, quelques années plus tard,
Bellérophon le trouva.
La vie de Bellérophon n’est pas sans analogies, tout au
moins dans ses débuts, avec celle d’Hercule.
Comme le héros thébain, il était né des amours illégitimes d’une
mortelle et d’un dieu ; mais son père à lui était Neptune. Comme Hercule, il
avait dans sa jeunesse commis un crime involontaire et fut condamné, pour l’expier,
à se mettre au service d’un roi, nommé Prœtos, et à exécuter les missions que
celui-ci lui confierait. Mais, contrairement à Hercule, Bellérophon ne brillait
ni par la force ni par le courage ; il ne pouvait compter, pour s’acquitter
de ses tâches, que sur la protection divine de son père.
La première et la plus difficile des missions que lui imposa
Prœtos fut d’aller combattre la Chimère. C’était un monstre bizarre, lion
par-devant, serpent par-derrière et chèvre entre les deux. Seul son tronçon
central était vulnérable, et encore à condition de le frapper de haut en bas, dans
le morceau que les bouchers appellent la longe. Peu désireux d’affronter la
Chimère à la loyale, Bellérophon alla demander de l’aide à Neptune. Celui-ci
fit cadeau à son fils du cheval ailé Pégase, ainsi que d’un mors en or
permettant de le diriger :
— Grâce à Pégase, lui dit-il, tu pourras attaquer la
Chimère par la voie des airs.
C’est ce que fit Bellérophon. Traçant des cercles au-dessus
du monstre, il put, sans le moindre risque pour lui-même, le cribler de ses flèches,
jusqu’à ce que l’une d’elles atteignît la partie
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