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Les Dieux S'amusent

Les Dieux S'amusent

Titel: Les Dieux S'amusent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Denis Lindon
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funérailles d’Hector,
et doté, comme premier prix, d’un taureau de quatre ans, vit s’opposer en
finale Ajax au plus jeune fils de Priam, un certain Polydore. Ajax était plus
grand et plus lourd, Polydore plus adroit et plus mobile. Au début, tournant
autour d’Ajax et gardant ses distances, Polydore parvient à toucher à plusieurs
reprises son adversaire, qui encaisse cependant sans broncher. Ajax, à son tour,
passe lourdement à l’attaque et décoche un puissant swing du droit. Polydore
esquive le coup. Déséquilibré, Ajax tombe dans la poussière sous les risées de
l’assistance. Vexé, il se relève aussitôt et reprend le combat. Mais ses coups
puissants n’atteignent que le vide. Polydore les voit venir, se baisse ou se
recule rapidement, et profite chaque fois des ouvertures que lui offre Ajax
pour placer des crochets secs et précis. Voyant que son compatriote est en
difficulté, Ulysse, placé au premier rang des spectateurs, intervient alors
traîtreusement : il fait des signes pressants à Polydore, qui à ce moment
lui fait face, comme pour lui signaler quelque chose derrière son dos ; Polydore
tourne la tête un court instant, et Ajax en profite pour placer enfin, au
menton de son adversaire, un direct dévastateur. Polydore s’écroule, hors de
combat. On amène alors le taureau qui était promis au vainqueur et, pour
montrer à quel danger a échappé Polydore, Ajax décoche à l’animal un terrible
coup de poing qui lui brise le crâne.
    Le match de boxe Ajax-Polydore ne fut cependant pas l’événement
le plus important de la trêve. C’est au dixième jour de celle-ci que devait
être célébré le mariage d’Achille avec Polyxène, fille de Priam, que celui-ci
avait promise à Achille lorsqu’il était allé lui demander le corps d’Hector. Or
il y avait au moins deux personnes qui voyaient ce mariage d’un mauvais œil. La
première était Briseis, qui était toujours amoureuse d’Achille et ne voulait
pas le perdre. La deuxième était Pâris, qui craignait, non sans raison, qu’une
fois devenu le gendre de Priam, Achille ne cherchât à rétablir la paix entre
les Grecs et les Troyens, moyennant la restitution d’Hélène à Ménélas. Et Pâris
ne tenait pas du tout à faire les frais d’une telle réconciliation. Il résolut
donc de tout faire pour empêcher le mariage et, partant du principe que, pour
se marier, il faut être deux, il jugea que le meilleur moyen était d’assassiner
Achille. Cependant, Pâris savait désormais que, grâce au bain que lui avait
donné sa mère dans les eaux magiques du Styx, le corps d’Achille était
invulnérable sur toute sa surface, sauf au talon droit, et que ce talon était
protégé en permanence par une talonnière de bronze. Après avoir longuement
réfléchi à ce problème, Pâris eut une idée. Il alla voir Briseis et lui tint
ces propos :
    — Ma chère enfant, tu es sur le point de perdre Achille.
Pour reconquérir son amour, suis mes conseils : lorsque commencera le
grand bal donné à l’occasion du mariage, va trouver Achille et demande-lui de t’accorder
une danse. Tu danses si bien qu’assurément il retombera amoureux de toi.
    Pâris savait que, pour danser, Achille serait bien forcé de
retirer sa talonnière et qu’ainsi, pendant quelques instants, il serait
vulnérable.
    Briseis fit ce que lui demandait Pâris, Achille fît ce que
lui demandait Briseis, et Pâris fit ce que personne ne lui demandait : visant
Achille au talon, il lui décrocha une flèche empoisonnée qui le blessa
mortellement. Juste avant d’expirer, entouré de ses amis, Achille eut le temps
de murmurer :
    — Je lègue mes chevaux et mes armes à…
    Mais il n’eut pas la force de terminer sa phrase.
    Indignés par ce meurtre, les Grecs crient à la trahison et, comme
l’avait prévu Pâris, Agamemnon déclare que la trêve est rompue et que les
combats reprendront le lendemain. Mais, pendant que les Troyens, consternés, retournent
vers leurs remparts, une violente dispute s’élève parmi les rois grecs, pour
savoir lequel d’entre eux héritera d’Achille. Pour les calmer, le sage Nestor
propose son arbitrage :
    — Les armes et les chevaux d’Achille doivent être
attribués à celui qui a rendu le plus de services à la cause grecque. Que
chacun d’entre vous vienne défendre ses propres mérites et, si vous voulez bien
me faire confiance, c’est moi qui jugerai.
    Sa proposition est agréée.
    Le premier à

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