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Les Dieux S'amusent

Les Dieux S'amusent

Titel: Les Dieux S'amusent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Denis Lindon
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Troie
    Après la rupture de
la trêve, la guerre a repris. Pour renforcer l’armée grecque
affaiblie par la mort d’Achille et d’Ajax, Ulysse a fait venir de Grèce le fils
d’Achille, un jeune prince nommé Pyrrhus. Dès l’arrivée de Pyrrhus, Ulysse, dans
un mouvement de générosité, lui a remis les armes, la cuirasse et le casque d’Achille.
Mais Pyrrhus, pour jeune et vaillant qu’il soit, est loin de valoir son père ;
même revêtu de son armure, il ne saurait le remplacer.
    Un jour, au cours d’une escarmouche, les Grecs font
prisonnier un devin troyen nommé Héléno. Ulysse l’interroge sur l’état d’esprit
des Troyens et sur l’issue de la guerre. Héléno lui répond d’un air de défi :
    — Pour nous vaincre, il vous faudrait les armes d’Hercule.
    Ulysse se souvient alors que près de dix ans plus tôt, au
moment où l’armée grecque approchait des rivages de Troie et faisait une escale
dans l’île de Lemnos, l’un des princes grecs, Philoctète, qui possédait
justement l’arc et les flèches d’Hercule, avait été mordu par une vipère et
abandonné par les Grecs à son sort.
    — Il faut, déclare Ulysse, aller chercher Philoctète, s’il
est encore vivant, et le faire venir devant Troie.
    Mais qui va se charger de cette délicate mission ? Ulysse
réfléchit.
    — Seul Pyrrhus, qui n’était pas avec nous lorsque nous
avons abandonné Philoctète, peut maintenant se présenter à lui sans provoquer
sa colère. Pour ma part, j’accompagnerai Pyrrhus jusqu’à l’île de Lemnos et, tout
en restant dans les coulisses, je lui dirai ce qu’il doit faire.
    Ulysse, Pyrrhus et un détachement de soldats grecs s’embarquent
donc pour Lemnos. Dès leur arrivée, Pyrrhus, qui a l’impétuosité de la jeunesse,
se dispose à partir à la recherche de Philoctète en déclarant que, s’il le
trouve, il le prendra par la peau du cou et le traînera jusqu’au navire.
    — Moi aussi, lui dit Ulysse, quand j’étais jeune, j’étais
toujours prêt à employer la violence. J’avais la langue paresseuse et le bras
toujours prêt à agir. Mais l’expérience m’a appris que ce qui mène le monde, c’est
la parole et non les actes, la ruse et non la force.
    Et Ulysse explique à Pyrrhus ce qu’il doit faire s’il trouve
Philoctète.
    Celui-ci avait survécu, grâce à sa constitution robuste et à
l’arc d’Hercule, qui lui avait permis de se procurer du gibier. Pyrrhus ne
tarde pas à le découvrir, assis devant l’entrée d’une grotte. Récitant
fidèlement la leçon d’Ulysse, Pyrrhus s’adresse à Philoctète en ces termes :
    — Je suis Pyrrhus, fils d’Achille. Il y a quelques mois,
à la mort de mon père, j’ai rejoint l’armée grecque devant les remparts de
Troie. Mais les rois grecs, et en particulier cette crapule d’Ulysse, se sont
comportés si mal avec moi que j’ai décidé de les quitter pour rentrer en Grèce.
Ayant appris qu’ils t’avaient lâchement abandonné sur cette île, je me suis
arrêté, sur le chemin du retour, pour te proposer de rentrer avec moi.
    Philoctète accepte avec joie, va chercher dans sa grotte son
arc et ses flèches et accompagne Pyrrhus en boitant un peu, car sa blessure au
pied a laissé des séquelles.
    À peine Philoctète est-il monté dans le bateau de Pyrrhus qu’Ulysse
et ses soldats sortent d’une cachette voisine, ligotent Philoctète et, malgré
ses protestations, l’emmènent aux rivages de Troie.
    Là, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Philoctète
finit par accepter de participer au combat contre les Troyens.
    — Nous avons pour toi une mission importante, lui dit
Ulysse. Tu sais que Pâris est un archer redoutable. Tous les matins, avant son
petit déjeuner, il s’amuse, du haut des remparts de Troie, à faire un carton
sur nos soldats et en tue un ou deux, comme des perdreaux. Il sait qu’il peut
le faire impunément, car, ayant l’avantage de l’altitude, il est hors de portée
de nos propres archers. Mais l’arc d’Hercule, que tu es seul à savoir manier, a
une telle puissance que tes flèches pourraient sans doute l’atteindre.
    De fait, le lendemain matin, au moment où comme d’habitude, sans
méfiance et sans hâte, Pâris cherchait du regard sur qui il allait tirer, Philoctète,
d’une distance de plus de deux cents mètres, lui décoche un trait qui l’atteint
en pleine poitrine. Pâris s’écroule, perdant son sang en abondance. Il se
souvient alors, pour la

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