Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
Vom Netzwerk:
prié, Terentia... Mais qui ?
    - Jésus !
    Et elle s'enfuit dans sa chambre.
    Le mariage n'apporta pas de grand changement dans la vie quotidienne.
    Rabirius n'était peut-être pas un amant passionné mais il aimait sincérement Calpurnia.
    241
    D travaillait beaucoup. Elle l'aidait dans ses choix et dirigeait la maison avec un allant retrouvé. Est-ce parce qu'elle prenait de l'‚ge ? Terentia sortait moins souvent et semblait reprendre go˚t aux traditions de la maison, ce qui faisait plaisir à sa mére.
    Si la vie au Vélabre demeurait sereine, à Rome l'atmosphére s'affirmait chaque jour plus pesante. Le régne de Domitien dégénérait en une tyrannie policiére et administrative. Peu à peu, les qualités de César - il en avait tout de même quelques-unes, comme son vrai désir de servir l'Etat ou sa persévérance dans la conduite de guerres pénibles - se trouvaient occultées aux yeux de l'opinion publique par la terreur qui s'installait. L'Empereur exilait ses ennemis ou ceux qui étaient soupçonnés de l'être. Beaucoup de sénateurs n'attendaient pas sa sentence et s'enfuyaient jusqu'en Scythie.
    Les îles étaient pleines de déportés, les exécutions se multipliaient.
    Comme au temps de Néron, on apprenait l'élimination de personnages considérables et respectés, accusés sans raison de conspiration. Domitien, guindé dans son costume triomphal, avait peur. Comme Néron, il tentait de vaincre cette peur en faisant trembler l'Empire.
    Rabirius rapportait du chantier ou du palais des nouvelles de plus en plus terrifiantes. Un soir, en rentrant, il fit signe à Calpurnia de venir le rejoindre dans l'atelier :
    - L'horreur devient insoutenable ! dit-il. Lucius voudrait quitter le palais et se retirer hors de Rome, comme certains grands consulaires ou Frontin, le conquérant de la Bretagne, mais il sait que cette retraite sera considérée par Domitien comme une trahison et punie comme telle.
    - Je pensais que Lucius s'accommodait des excés de l'Empereur !
    - Moi aussi je m'en accommode.
    - Ce n'est pas la même chose. Toi tu construis des monuments, des palais, tu ne participes pas quotidiennement aux tristes affaires du gouvernement.
    - Ne sois pas injuste avec Lucius. quand on est entre 242
    les mains d'un Domitien on ne peut faire autre chose que subir. Mais je voulais te rapporter la derniére infamie.
    - Tu sais, Rabirius, j'en ai entendu raconter, des infamies impériales depuis que j'ai l'‚ge de m'émouvoir ! Je revois Sevurus et Celer rentrant l'air sombre et dire : " Ce n'est plus possible. Jusqu'o˘ peut aller l'horreur ! "
    - Je vais te le dire : Domitien vient de condamner la Grande Vestale Cornelia à être emmurée vivante dans un souterrain !
    - Oh ! qu'a donc fait la malheureuse ?

    - Elle est accusée d'avoir violé son vúu de chasteté avec un chevalier !
    - Mais il y a longtemps que ces lois ancestrales ne sont plus appliquées !
    Pourquoi restaurer des traditions aussi barbares ?
    - Tout le monde à Rome se pose la question. Et l'on ne se gêne pas pour rappeler que César, aujourd'hui défenseur de la morale, a lui-même commis le crime d'inceste en prenant pour maîtresse Julie, la toute jeune fille de son frére Titus, qu'il a contrainte à avorter et qui en est morte !
    Au Vélabre, Martial évalua un jour plaisamment la sympathie dont jouissaient les Flaviens dans un raccourci dont il avait le secret : " Le premier était vertueux, le second était bon. Et le troisiéme ? quand pourra-t-on dire sans crainte ce qu'il a été ? "
    Ce n'était évidemment pas le genre de plaisanterie que l'on pouvait lancer au bain ou au forum car les sinistres delatores, bas agents d'une basse police, sortaient des caves o˘ Vespasien les avait relégués.
    - Ce retour des délateurs rémunérés ne trompe pas, disait Juvénal. Ce sont les oiseaux noirs des mauvais augures. Ils livrent leurs proies à César en attendant de dévorer son cadavre.
    Malgré tout, le monde romain était encore partagé. Les militaires appréciaient Domitien qui avait augmenté leur solde et porté à dix le nombre de cohortes prétoriennes, les sénateurs détestaient celui qui discutait leur
    243
    autorité. Les défenseurs de l'ordre moral étaient pour les lois sur les moeurs, les gens épris de liberté n'acceptaient que celles interdisant la castration des garçons ou le commerce des eunuques et rejetaient le recours aux rigueurs d'un autre ‚ge. Le contrôle fiscal sur les Juifs, la suspicion contre

Weitere Kostenlose Bücher