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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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les chrétiens et les mesures d'ordre contre les temples et leurs vestales grossissaient les rangs des mécontents.
    Domitien avait peur d'ennemis qu'il s'était forgés à force d'ambition maladive, d'absolutisme aveugle, d'exils injustes. Rome aussi tremblait car l'histoire avait montré au peuple gérant du monde que les abus de pouvoir aboutissent toujours à l'engrenage fatal du soulévement et de la répression. Longtemps inexistante, l'opposition s'organisait en secret et Domitien sentait le danger qui rôdait derriére les colonnes de marbre de son palais. Il en venait à douter de la fidélité de l'affranchi Parthe-nius qui avait jusque-là organisé et dirigé sa garde personnelle. Ses soupçons maladifs pesaient jusque sur l'Impératrice dont il guettait les gestes et surveillait les relations. Personne, il est vrai, n'avait oublié la maniére dont, vingt-cinq ans auparavant, il avait enlevé Domitia à son mari Aelius Lamia, ni la fuite de la jeune femme en compagnie du célébre mime Paris.
    L'Empereur l'avait répudiée puis reprise aprés avoir fait exécuter et le mari et l'histrion. Mais, depuis, Domitia avait perdu jeunesse et séduction. Ses familiers lui conseillaient la prudence.
    Faire le vide autour de soi - il venait d'évincer Norba-nus et Petronius Secondus, les deux préfets du prétoire -était une dangereuse recette sécuritaire. Il croyait en supprimer les effets en cherchant des victimes exemplaires qui lui permettraient de rappeler à tous les Romains qu'il était un maître redoutable.
    Les philosophes firent d'abord l'affaire, à commencer par Epictéte, un stoÔcien ami de Pline, contraint de se retirer à Nicopolis, en Epire, o˘ il put mettre en application sa doctrine : " Abstiens-toi, résigne-toi. " Dion 244
    Chrysostome, lui, erra chez les Scythes et les Gétes, gagnant son pain en bêchant la terre.
    Aprés les philosophes vint le tour des Juifs, qui furent soumis à un contrôle fiscal plus sévére afin de vérifier s'ils payaient bien à Jupiter Capitolin l'ancienne double drachme due autrefois au temple de Jérusalem.
    L'inspection de la circoncision, effectuée sur la voie publique, suscita bien des réprobations. Suétone écrira comment il avait vu, dans sa jeunesse, un agent du fisc s'assurer, devant une foule nombreuse, si un vieillard de quatre-vingt-dix ans était circoncis. Enfin les chrétiens, aprés trente ans de tranquillité, recommencérent à être persécutés. C'est Namantana, une amie de Terentia, qui fit à la maison le récit des premiéres agressions.
    - Vous savez, dit-elle, que je fréquente assid˚ment les réunions d'un groupe de chrétiens. Parmi ces derniers il y avait Flavia Domitilla, une niéce de Domitien...
    - Pourquoi dis-tu " il y avait " ? demanda Rabirius.
    - Parce qu'elle vient d'être arrêtée.
    - Il a fait arrêter sa niéce ?
    - Hélas, oui ! Et elle n'est pas la seule. Son mari, qui n'est autre que le cousin de l'Empereur, est aussi en prison.
    - N'est-ce pas le consul Flavius Clemens ?
    - Si, et l'on craint pour leur vie.
    - On leur reproche d'être chrétiens ?
    - Officiellement de rejeter la religion des Romains et de suivre les múurs juives sans être juifs. La religion chrétienne est ainsi assimilée à
    l'athéisme et punissable.
    - Sois prudente, dit Calpurnia. Je sais que Terentia, elle aussi, serait capable de faire des bêtises.
    - Pas des bêtises ! Comme moi elle assumerait sa croyance. C'est justement parce qu'il y a des persécutions qu'il faut rester unis et montrer que la sincérité de notre foi n'est pas à la merci des provocations de Domitien.
    - Mais, s'écria Rabirius, c'est l'Empereur ! Et les chrétiens romains se sont toujours déclarés fidéles et loyaux sujets de Rome. C'est Paul, je crois, qui leur a recom-245
    mandé de garder dans leur liturgie une priére pour César...
    - C'est vrai, mais si César refuse cette politique de paix, nous n'y pouvons rien. Et mes amis sont pessimistes.
    Le seul fait marquant de toutes ces années, qui datait déjà de plusieurs mois, était la présence de plus en plus fréquente au Vélabre d'un jeune architecte espagnol venu tenter sa chance à Rome et que Rabirius avait pris sous son aile.
    Julius Lacer avait vingt-cinq ans. Brun et sec comme les fils de Lusitanie, il ne manquait pas de charme, et Rabirius avait senti le talent percer sous son enthousiasme. Le jeune homme, plein d'idées souvent irréalistes mais parfois géniales, était féru de

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