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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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intelligente ", "
    capable de comprendre aisément les gestes et la parole ". Enfin, " ses membres bien proportionnés " laissaient prévoir qu'" elle ne manquait pas de vigueur ".
    Ces conditions remplies, usait-elle, comme certaines sages-femmes, d'étranges remédes, était-elle un peu sorciére ? Elle avait ri quand Terentia le lui avait demandé :
    - N'aie pas peur. Je ne suis pas une pythie, je ne te ferai pas boire d'urine de chévre et ne te conseillerai pas de traitement à base de sang menstruel. Je te demanderai seulement d'être installée dans une grande chambre comportant deux lits, l'un moelleux pour que tu puisses te reposer aprés l'accouchement, l'autre dur afin de t'y allonger durant la période de travail. Il me faudra aussi de l'huile d'olive pure pour les injections, de l'eau chaude, des cataplasmes, des éponges douces, des bandages et un coussin pour déposer le bébé devant et au-dessous de toi en attendant que suive l'arriére-faix.
    - Mais l'accouchement ne se fera-t-il pas sur une chaise spéciale ? demanda Calpurnia. La vieille Aemila qui a mis au monde ma fille en a utilisé une.
    Elle était pourtant une sage-femme de l'ancien temps qui respectait la tradition...
    - Rassure-toi, ma belle, j'apporterai mon siége obstétrical1.
    - Je sais que tu ne me répondras pas, dit Terentia, mais j'essaie quand même : peux-tu me dire si ce sera un garçon ou une fille ?
    - Pline a rassemblé tout ce que les médecins ont écrit là-dessus depuis les Grecs. A mon avis ce ne sont que des fariboles, comme cette théorie qu'il a découverte dans je
    1. Symbole de la naissance, on voit ce fauteuil reproduit sur de nombreux bas-reliefs.
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    ne sais quel traité médical et qui affirme que si l'enfant est un garçon, c'est que la semence du pére a dominé celle de la mére et qu'elle a été
    émise par le testicule droit ! Calpurnia rit :
    - Pline était un ami. Je l'ai fort bien connu. C'était un compilator qui rapportait scrupuleusement toutes les opinions. Mais il ne s'est jamais prononcé sur la véracité de telle ou telle théorie. Alors, tu ne peux rien dire à Terentia ?
    - Non. Je crois que les dieux et la nature n'ont jamais voulu que les parents connaissent avant l'accouchement le sexe de l'enfant. Et je trouve que c'est trés bien ainsi !
    - Je vais prier pour que ce soit un garçon.
    Le petit Petronius naquit un matin de mai sous les meilleurs auspices.
    Terentia ne croyait pas aux augures mais les plus beaux oiseaux du jardin avaient chanté la veille et aussi depuis l'aube alors qu'elle ressentait les premiéres douleurs. De plus, deux amies d'enfance qui avaient embrassé
    depuis longtemps la religion chrétienne étaient venues la voir et lui avaient promis de prier pour elle et pour l'enfant à naître.
    L'accouchement, mené avec douceur et autorité par dame Calmina, se déroula parfaitement selon les régles. L'enfant avait poussé ses premiers cris sur le coussin posé aux pieds de sa mére. C'est là que Rabirius, fou de bonheur, vint le reconnaître au nom du pére absent et dit à la sage-femme, selon le droit et la coutume, qu'il l'acceptait. Les femmes pouvaient donc lui donner les premiers soins et préparer cette vie nouvelle à sa destinée.
    Lorsque le bébé fut lavé, oint d'huile d'olive parfumée à la verveine et que les mains expertes de Calmina, qui avait changé son grand tablier taché, l'eurent frotté avec du sel fin, Terentia put enfin le prendre dans ses bras et vérifier qu'il était bien fait, qu'aucune malformation ne risquait de lui rendre la vie pénible. Calpurnia pleura de 252
    I
    joie lorsque sa fille lui tendit le bébé que Rabirius, intimidé, n'osait pas toucher.
    Calmina mit fin à ce débordement de tendresse familiale en annonçant qu'il fallait maintenant emmailloter le bébé. Avec une agilité prodigieuse, ses longs doigts rabattirent sur le petit corps rouge les linges qui avaient été préparés. Retourné, enserré de langes et de rubans, Petronius fut en un clin d'úil transformé en saucisson gaulois et empêché de faire le moindre mouvement :
    - C'est pour prévenir les risques de déformation des membres et l'irritation du corps ou des yeux, expliqua Calmina.
    - Combien de temps va-t-on laisser mon petit-fils ainsi ligoté ? demanda Rabirius.
    - Le grand-pére s'inquiéte ? dit en riant la sage-femme. Eh bien, dans deux mois on commencera à lui dégager la main droite afin qu'il apprenne à s'en servir et qu'il ne soit pas

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