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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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gaucher. Un peu plus tard la gauche, puis les pieds1...
    - Tout cela est barbare !
    - Mais non, c'est pour le bien de l'enfant. Toi aussi tu as été entravé de cette façon, et tu ne t'en es pas porté plus mal !
    Picousa, la nourrice que Calpurnia avait engagée, fut priée d'emmener le bébé dans sa chambre. C'était une Grecque2 d'environ vingt-cinq ans qui avait déjà servi dans la famille d'un parent. Grande fille, d'aspect plutôt sévére, elle avait été choisie pour pouvoir nourrir le bébé dans le cas o˘
    la mére viendrait à manquer de lait ou à tomber malade. Terentia, en effet, avait souhaité allaiter son fils puisque le lait maternel était considéré
    comme le meilleur. " Je le nourrirai aussi longtemps que je le pourrai ", avait-elle déclaré.
    La vie de la maison se régla sur un rythme nouveau, 1. Au cours des siécles, et jusqu'au début du XXe, ces régles romaines de puériculture ne changeront guére.
    2. Il était de bon ton à Rome d'utiliser des nourrices grecques de naissance. C'était en tout cas l'avis de Plutarque né lui-même en Béotie.
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    celui des tétées, des bains et des manipulations. Cette derniére prescription des médecins romains, qui divisait l'opinion et pour laquelle la nourrice Picousa était, disait-on, trés douée, consistait à se livrer sur le corps du bébé à une sorte de modelage dont le but était par exemple d'arrondir la tête, de corriger le nez, de parfaire les genoux, d'affiner les chevilles. Il s'agissait de tout faire pour que l'enfant devienne dés l'adolescence un beau garçon romain et ressemble si possible à l'un de ces éphébes de marbre dont on admirait les statues le long des promenades du forum. Terentia, aprés avoir hésité, avait accepté de satisfaire à la mode mais exigé d'être présente chaque fois que l'on manipulerait son fils, massage esthétique qui ne commença d'ailleurs que lorsque Petronius fut libéré de ses langes. C'était déjà un beau garçon, plein de santé et de vigueur dont le grand-pére disait, en dessinant son portrait, qu'il avait une tête d'architecte, ce qui n'était pas pour déplaire à Calpurnia qui voyait déjà dans le bambin le prochain patron du Vélabre.
    - Aura-t-il ma chance de tomber sur un empereur b‚tisseur ? demandait Rabirius.
    - Ne te fais pas de souci, lui répondait sa femme. Tous les Césars, les mauvais comme les bons, veulent attacher leur nom à des monuments.
    Les années avaient passé. Calpurnia comptait maintenant ses cheveux blancs le matin en faisant sa toilette. Le grand événement avait été le départ de Terentia pour l'Espagne o˘ elle avait rejoint son mari, appelé, aprés la construction réussie du grand pont sur le Danube, à en élever un autre, encore plus important, sur le Tage. Petronius, lui, grandissait au Vélabre entre sa grand-mére et Rabirius, béat devant l'enfant qu'il considérait comme son petit-fils.
    Ce soir-là, on avait parlé des exactions de Domitien qui vidait les caisses de l'Etat pour lever de nouvelles cohortes chargées de sa défense personnelle.
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    I
    - Tout cela est odieux mais qu'y pouvons-nous ? dit Calpurnia. Viens, mon chéri, allons retrouver Petronius que j'ai autorisé à dîner avec nous ce soir. Tu sais, il est merveilleux, notre petit-fils ! Il faut vite lui trouver des maîtres qui le feront travailler. En grec il est plus fort que moi. quant à la géométrie et au dessin, n'en parlons pas !
    - Je vais m'occuper de cela. L'architecture commence par un vaste savoir général. Et si je veux qu'il me remplace lorsqu'il aura vingt ans, il n'y a pas de temps à perdre ! Et Terentia ? Il y a un moment qu'elle n'a pas donné de ses nouvelles. Va-t-elle bientôt revenir ? Heureusement que Petronius semble ne pas souffrir de cet éloignement. Il est heureux avec nous.
    - Je sais, mais il me tarde de revoir ma fille. Par bonheur elle n'a pas accompagné son mari dans les montagnes enneigées de la Dacie mais il a fallu qu'elle reparte avec lui en Lusitanie. Pourquoi ce garçon dont tu reconnais le talent ne veut-il pas travailler avec toi ? Sa place est au Vélabre !
    - Il est fier, comme tous les hommes de son pays. Il aime mieux ne pas travailler sous mes ordres, ni sous les ordres de personne. Il veut être l'architecte à part entiére de ses úuvres et préfére être le premier dans les provinces que le second à Rome. Ce qu'il est en train de faire là-bas est prodigieux : son pont, j'ai vu les plans, enjambe le

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