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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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mystéres de la nouvelle religion.
    C'est dans l'une de ces catacombes que Terentia avait été initiée. Elle était partie un soir dans les rues désertes et avait gagné la via Aurélia en compagnie de son amie Namantana. De loin, en marchant prudemment, elles avaient vu des ombres les précéder, avancer dans la p‚le clarté de lanternes clignotantes puis s'évanouir soudain dans les ténébres.
    - Nous arrivons, avait soufflé l'amie à l'oreille de Terentia. Si tu le veux, répéte aprés moi la priére que nous allons réciter tous ensemble.
    Emmitouflée dans son manteau, Terentia s'était serrée contre sa compagne et avait dit les mots sacrés aprés elle. Plus on approchait de l'entrée de la grotte que signalait à peine une lanterne sourde, plus elle se sentait légére, coupée de son monde familier, libre et heureuse. Elle se dit qu'elle n'oublierait jamais cette sensation de bien-être, cet enchantement qui réchauffait son corps meurtri par le froid.
    Ce qui s'était passé ensuite tenait du rêve. Comme elle le raconta ensuite à sa mére, elle se souvenait de groupes assis ou agenouillés autour de torches enflammées, qui chantaient des hymnes d'amour. Et aussi d'un homme grand et beau, vêtu d'une sorte de houppelande violette, qui lui avait souhaité la bienvenue et avait longuement parlé de Paul de Tarse, juif, grec et romain, " saisi " par le Christ Jésus et qui avait subi le martyre sous Néron...
    - L'homme à la robe violette est Clément, l'évêque de Rome, avait dit Namantana à Terentia. Il a été ordonné par Pierre, le prince des apôtres, qui a connu Jésus.
    Le récit de Terentia avait bouleversé Calpurnia.
    - Tu as raison d'obéir à ta foi ! lui avait-elle dit. Si tu ne repars pas tout de suite, je t'accompagnerai bientôt dans les entrailles de Rome.
    C'est là que vit l'espoir !
    L'Empereur Domitien, lui, voyait disparaître ses espérances. Son physique d'abord lui faisait peur. Lui, jadis si beau, ne se reconnaissait pas dans l'homme vieillissant
    avant l'‚ge que lui renvoyait son miroir. Il était devenu chauve et son ventre, porté par des jambes ridiculement fluettes, était énorme. La crainte le conduisait à solliciter de plus en plus souvent l'avis des devins et des astrologues. L'oracle de la Fortune de Preneste, auquel il se recommandait réguliérement et qui donnait généralement des présages favorables, venait de lui faire une réponse effrayante dans laquelle il était question de sang qui devait couler à la cinquiéme heure, heure fatidique que son entourage tentait de lui faire oublier en l'effaçant de la journée.

    L'astrologue Asclétarion et un devin qu'on lui avait envoyé de Germanie furent ce jour-là exécutés pour leurs prédictions néfastes, ce qui n'empêcha pas l'Empereur de redouter le lendemain o˘ la lune devait se couvrir de sang dans le signe du Verseau. Au dîner, comme on lui avait servi des truffes, il en avait fait garder une partie en ajoutant : " Si toutefois il m'est permis d'en manger ! "
    Au milieu de la nuit, pris d'une frayeur soudaine, l'Empereur sauta à bas de son lit en hurlant. Il demanda l'heure et, comme la cinquiéme était redoutée, on lui annonça intentionnellement la sixiéme.
    - La sixiéme heure ? s'écria-t-il. Je suis vivant ! Merci aux dieux qui me protégent.
    Rendormi, il ne se réveilla qu'à neuf heures pour ordonner la mise à mort d'un haruspice qui, consulté quelques jours auparavant à propos d'un orage, avait prédit qu'une révolution menaçait César et l'Empire. Comme apaisé par cette décision, il se rendait aux bains lorsque Parthenius, préposé au service de la chambre, l'arrêta en lui annonçant qu'un émissaire devait lui révéler sans délai une affaire de haute importance. L'Empereur pensa qu'il s'agissait d'un des délateurs qui venaient quotidiennement au palais pour dénoncer quelque comploteur. Il rentra dans sa chambre, dit à tout le monde de s'éloigner et demanda que l'on fît entrer le visiteur. C'est là, le quatorziéme jour des calendes d'octobre, que s'acheva la vie sans panache du frére de Titus, dans la
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    quarante-cinquiéme année de son ‚ge et la quinziéme de son régne.
    Au palais, les langues se déliérent vite. Le jour o˘ Phyllis, sa vieille nourrice, faisait transporter secrétement les restes de Domitien, qui n'avait eu droit qu'à des obséques de pauvre, dans le temple de la famille Flavia, Martial et Rabirius pouvaient faire au Vélabre le

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