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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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est dommage que tu ne te sois pas plus occupé d'elle, comme je te l'avais suggéré.
    - Mais, mon maître, je dors quatre heures par nuit, je n'ai pas un instant à moi avec cette sacrée Maison Dorée. Comment voulez-vous que je prenne aussi en charge la surveillance de notre jeune vierge ?
    - C'est vrai. Je vais lui parler. Mais peut-on, à notre époque o˘ les femmes sont émancipées, libres de leur temps, de leurs fréquentations et même de leur corps, prétendre imposer sa volonté à une niéce qui pourrait être mariée depuis plusieurs années1 ?
    - Calpurnia est trop belle, elle a trop de charme pour laisser les hommes insensibles. Je lui suis indifférent, peut-être parce que mes charges actuelles m'empêchent d'être un prétendant plaisant et davantage encore un mari, mais je ne voudrais pas qu'elle se laisse séduire par le premier venu. Essaie, Sevurus, de lui faire avouer ce qu'elle fait et qui elle rencontre au cours de ses sorties. Je l'ai entendue l'autre soir rentrer seule... Lorsqu'on connaît les dangers que l'on court la nuit dans les rues, j'ai peur !
    - Tu l'aimes, n'est-ce pas ?
    - Oui, mais je sais qu'elle ne m'attendra pas. Je sais aussi que Néron ne me pardonnerait pas d'abandonner sa Domus Aurea. Toi non plus d'ailleurs.

    1. Presque toujours, la femme romaine est mariée trés jeune par sa famille.
    Elle n'a pratiquement jamais pu obtenir le droit de choisir son premier mari. C'est souvent aprés le mariage qu'elle se libére et s'affranchit de la tutelle de son mari.
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    Celer ne se trompait pas. Calpurnia, jeune Romaine élevée dans le culte du beau et l'indépendance insouciante des artistes, instruite et intelligente, voulait vivre sa jeunesse, échanger des idées, parler de poésie, écouter de la musique : tout ce qu'elle ne trouvait plus auprés de . Sevurus et de Celer, contraints de consumer leurs jours et I même leurs nuits au service de César.
    Calpurnia n'était pas patricienne mais son ascendance plébéienne ne la gênait pas. Son insolente beauté et la considération dont jouissait son oncle depuis qu'il avait été choisi par Néron faisaient oublier ses origines. Aux cours qu'elle suivait pour étudier la philosophie, la danse 1
    et le chant, elle côtoyait les jeunes filles des meilleures I familles de Rome qui profitaient de la rapide évolution de la condition féminine dans les classes aisées. La vieille morale des premiers temps de la République, le rôle austére de matrone, prêtresse du foyer, auquel elle consignait les femmes, avait basculé dans les oubliettes en quelques décennies. La femme romaine ne vivait plus cloîtrée. Elle sortait, fréquentait qui elle voulait, conversait avec les hommes sur le forum, allait au spectacle, bref, menait une vie mondaine, souvent en dehors de son ménage. Les femmes avaient même obtenu à Rome le droit de former des associations dont elles choisissaient les dirigeantes. Agrippine, la mére de Néron, avait fait partie d'une de ces associations aprés la mort de son premier mari, Passienus Crispus, homme ordinaire mais trés riche, décédé trés (trop) rapidement. Tarlentia, fille d'un sénateur, rencontrée à une leçon de chant, avait emmené Calpurnia à l'une de ces réunions. La jeune fille avait écouté en s'ennuyant un peu un assortiment de femmes savantes qui exaltaient en grec les joies et les soucis de leur cúur. Calpurnia comprenait le grec mais cet étalage de fraîche érudition l'avait agacée.
    Comme cette dame assommante qui, durant une bonne heure, i avait comparé en
    ‚nonnant les poétes actuels à Virgile. * f
    - Je ne mettrai plus les pieds chez tes matrones qui confondent la culture avec le ridicule d'un savoir mal digéré, avait-elle dit à son amie en sortant.
    - Tu as raison, avait répliqué Tarlentia. Nous avons mieux à faire. Tiens, es-tu une bonne sportive ?
    - Je marche, je cours quand je suis pressée et je suis capable d'aider mon oncle à transporter des palettes de cire.
    - Demain, je te conduis au stade. Tu as un corps de déesse, il faut l'entretenir. Je te prêterai des vêtements.
    C'est ainsi que Calpurnia se retrouva sur une pelouse bien verte, derriére le marché de Livie, vêtue d'une culotte collante trés courte et d'un simple foulard noué sur la poitrine. Une dizaine de jeunes femmes s'exerçaient à
    des jeux divers. Les unes lançaient le javelot à la maniére des athlétes grecs, les autres se passaient une balle chargée de son et de

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