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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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cessérent leur conversation. Le maître était épuisé, il fallait avant tout le ménager, lui assurer une cena tranquille.
    C'était le seul vrai repas de la journée car lejenta-culum et leprandium ne constituaient, le matin et à midi, que de simples collations. Il ne s'agissait chez Sevurus ni de ripaille ni de l'un de ces festins auxquels certains Romains fortunés étaient habitués mais d'un dîner simple préparé
    par Ceria, la vieille esclave, qui servait l'architecte depuis toujours et faisait partie de la famille.
    Les deux jeunes gens, aprés avoir embrassé le maître, allérent vite endosser une tunique propre et le rejoignirent dans la salle à manger.
    Sevurus était déjà allongé sur un triclinium, lit à trois places classique, que l'on trouvait chez tous les Romains riches ou simplement aisés qui
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    tenaient à cet accessoire comme à un élément indispensable à leur confort et à leur image sociale. Ils s'installérent de biais, le coude gauche appuyé sur un coussin, les pieds nus reposant sur le marbre du sol.
    Ceria avait disposé sur la table basse, prés du lit, un plateau chargé de hors-d'úuvre : des escargots, des úufs, de la roquette et des olives.
    Sevurus prit peu de chaque mets mais les jeunes gens, eux, dévorérent le plat. Cal-purnia agita alors une sonnette d'argent et l'intendante de la maison apporta la suite du dîner : des côtelettes grillées accompagnées de féves et de tendres choux verts du jardin. Chacun employa son couteau pour couper dans sa main des morceaux de viande ou piquer des légumes dans le plat quand il ne se servait pas de ses doigts1. Le dessert qui suivit était un g‚teau d'épeautre, variété de blé dur, assez étouffant. Aprés cette épreuve, ils vidérent une coupe de vin de Salerne et Ceria apporta l'aiguiére, la bassine d'argent et la serviette pour que chacun puisse se rincer les mains à l'eau de violette.
    Le dîner, auquel il avait pourtant touché avec modération, avait redonné
    des forces à Sevurus. Oubliés les fatigues et les soucis du chantier ! Il avait repris les couleurs et la gaieté qui lui étaient naturelles. Le vieil artiste était heureux de pouvoir passer une soirée avec les enfants, comme il appelait Calpurnia et Celer. Ce plaisir devenait rare à cause des absences de la jeune fille et parfois de Celer, lorsque celui-ci passait la derniére heure du jour aux thermes et terminait la soirée en compagnie d'Adelphasie, une affranchie de múurs faciles qu'il retrouvait dans une maison du Trastevere. Mais, ce soir-là, à la dixiéme heure, la famille regroupée go˚tait la sérénité. Calpurnia, toujours avare de confidences lorsqu'il s'agissait de sa vie hors de la villa, raconta sa journée sportive avec drôlerie et, si la conversation
    1. Les Romains ne se servaient pas de fourchettes. Ils n'avaient à leur disposition qu'un couteau, des cuilléres de différentes tailles, la plus grande étant la trulla, la louche, et la plus petite la cochlea, cuillére pointue dont on se servait pour vider les coquillages et les úufs.
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    s'orienta sur le chantier de la Domus Aurea. - comment aurait-il pu en être autrement ? -, ce fut pour rappeler les anecdotes qui avaient marqué la journée, car la ruche qui bourdonnait sur les pentes de l'Esquilin fabriquait, en même temps que des péristyles et des jardins, du miel épicé
    de cocasseries. Autre sujet inévitable, on parla de César. Sevurus avait assisté à l'avénement de Néron, à l'accueil enthousiaste que Rome avait fait au jeune homme.
    - Il commença son régne, raconta-t-il, en annonçant au Sénat un programme libéral, déclarant que l'intrigue et la vénalité n'auraient désormais plus accés à la cour. Le plus étonnant, c'est qu'il tint parole. Dés le lendemain de son discours, il se mit au travail avec une grande conscience.
    Et avec humanité. Tenez, un jour o˘ l'on avait soumis à sa signature l'acte d'exécution de deux condamnés de droit commun, il hésita longtemps puis, résigné, murmura : " J'aurais voulu ne pas savoir écrire ! "
    - Le régne s'annonçait donc sous les meilleurs auspices ? dit Calpurnia.
    - Oui, mais il y avait Agrippine, sa mére, qui l'avait fait empereur à la mort de Claude en espérant régner à sa place. L'activité de son fils ne la satisfaisait pas et elle était, le bruit en courait au forum, décidée à le faire assassiner.
    - Mais c'est lui qui a tué sa mére !
    - Oui. Disons que c'était de la

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