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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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pour succéder à Tigellin. Mais qui parmi ces illustres comploteurs pourrait se juger capable de remplacer Sevurus, ou même toi, jeune Celer ?
    - Nous n'avons donc rien à craindre, mon maître ?
    - Rien, sinon quelques tempêtes. Mais pas de naufrage !
    C'est ainsi que débuta, sur les ruines de la ville incendiée, la construction de la Domus Aurea, rêve insensé, t‚che immense et audacieuse confiée à deux affranchis, l'un ‚gé, originaire de Gréce, l'autre encore jeune, arrivé de Naples avec pour tout bagage le génie des mathématiques et devenu en quelques années l'un des meilleurs ingénieurs b‚tisseurs de Rome.
    Néron leur avait ouvert des crédits illimités qu'ils transformaient au fil des mois en fondations profondes, en millions de briques moulées et cuites sur place, en échafaudages vertigineux, en milliers de tonnes de travertin extrait de la campagne romaine et en bateaux entiers de marbres venus de l'île de Paros ou de Phrygie o˘ abondait le palombin aux inimitables teintes ivoirines. L'or de César servait aussi à payer les innombrables ingénieurs, architectes, techniciens, ouvriers et manúuvres enrôlés dans tout l'Empire pour se joindre à la plus formidable armée de b‚tisseurs que le mon3e ait connue.
    L'organisation et la surveillance de ce gigantesque chantier avaient naturellement bouleversé l'existence ï.ranquille de la maison Sevurus. Le maître, qui rêvait hier encore de finir paisiblement ses jours entre les rosés de son jardin et l'atrium o˘ ses vieux amis viendraient lui raconter les derniéres nouvelles politiques les jours o˘ il n'aurait pas été au forum se mêler à la foule cosmopolite romaine, se retrouvait soudain écrasé par une t‚che colossale, la plus lourde qu'il ait jamais eu à assumer, et cela alors que ses épaules commençaient à se vo˚ter.
    - Si tu n'avais pas été là, disait-il à Celer, je n'aurais Ôamais accepté
    une telle responsabilité. Mais je serais mort d'humiliation d'avoir d˚
    refuser le travail le plus prestigieux jamais proposé à un représentant de notre métier.
    - Bénis les dieux, Sevurus, qui t'offrent le privilége de finir ta carriére en apothéose. Les difficultés à vaincre, les úuvres à créer, les arbitrages à rendre, les pratiques techniques à inventer vont te faire retrouver ta jeunesse. Un b‚tisseur ne meurt pas avant que la derniére pierre ne soit scellée. Tu as encore de longs jours à vivre, pour notre plus grande joie.
    quant à moi, est-il besoin de te promettre que je vais me surpasser et que tu peux compter sur mon aide et ma fidélité ?
    - Je sais, je sais et je t'en remercie. Mais durant plusieurs années ton labeur va être accablant. Le jour, la nuit, tu ne vas penser que murs, vo˚tes et jardins. Tu rêveras de chaux, de pouzzolane et d'opus reticulatum. Il te faut en contrepartie une existence familiale calme et réconfortante. Te souviens-tu de ce que je t'ai dit à propos de Calpurnia ?
    Epouse-la et vis prés d'elle cette existence apaisante dont tu vas avoir besoin...
    - Les choses ne sont pas si simples, Sevurus. D'abord, ce n'est pas le moment de prendre femme lorsque ma vie se trouve entiérement accaparée parle travail. quel mari je ferais ! Ensuite je suis persuadé que Calpurnia ne souhaite pas, comme tu en es persuadé, devenir ma femme. Alors je crois qu'il faut laisser le temps passer et remettre à plus tard ton idée de mariage. Calpurnia est ma súur,
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    pas ma fiancée. J'ai mon travail et il est bien normal qu'elle vive, elle, sa vie de jeune fille.

    - Ce que tu me dis me chagrine. C'est vrai, je m'étais fait des idées. Ce mariage pour moi arrangeait tout. C'était sans doute de l'égoÔsme...
    - Mais non, mon maître. Tu veux notre bonheur mais le bonheur ne se décide pas pour les autres. Bientôt, peut-être, les choses changeront... Pour l'instant il nous faut décider de la mise en úuvre du colosse de César qui va dominer le palais.
    - Bon, je me tais et j'espére. Pour la statue, tu sais que Néron a choisi Zénodore. Il paraît que celui-ci travaille en Narbonnaise. Je vais demander à Tigellin qu'il le fasse tout de suite revenir. Dis-moi, comment se présentent nos constructions en opus cúmenticium ? Avons-nous eu raison de choisir cette nouvelle technique du blocage1 ?
    - S˚rement. Nous y gagnons beaucoup en solidité et en rapidité d'exécution.
    La méthode du remplissage n'exige pas une main-d'úuvre qualifiée. De simples esclaves

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