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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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impérial qui assurait réguliérement la liaison avec Ostie et Civitavecchia o˘ Trajan faisait construire une digue géante. Petronius déroula fébrilement le parchemin et comprit dés les premiéres lignes qu'un événement grave était survenu au Vélabre. La lettre commençait comme toutes celles de Pline :
    " C. Pline à son cher Petronius, Salut. " Calpurnia ta noble grand-mére m'avait demandé de t'écrire, n'ayant ni la force ni le courage de le faire pour le moment, quand ta lettre m'est parvenue. Ce courrier est donc une réponse sans en être une.
    " Ton cher grand-pére Rabirius est mort. La perte, si dure pour toi, m'est aussi bien pénible. Rabirius est mort de son propre gré, circonstance qui avive la douleur de tous car on ne saurait trop déplorer une fin qui ne semble voulue ni par la nature ni par le destin. quelles que soient en effet les circonstances, lorsqu'un homme termine ses jours par la maladie, l'idée de l'inéluctable est une grande consolation ; mais s'il disparaît par une mort volontaire, on éprouve une inguérissable douleur à se dire qu'il aurait pu vivre longtemps. Rabirius a été conduit par un motif trés puissant et cela en dépit des raisons nombreuses qu'il avait de vivre : la conscience de ses vertus, un honneur sans tache, une carriére exemplaire au service de son art et de l'Empire, en outre une femme remarquable, un petit-fils, une belle-fille,
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    gages de tendresse auxquels il faut joindre de vrais amis.
    " Une maladie de l'‚me le tourmentait depuis qu'une injustice l'avait privé

    de l'exercice de son art. A cette insupportable épreuve s'était joint récemment un autre mal, physique celui-là. Il avait été attaqué aux pieds par la goutte et subissait une terrible et inéluctable douleur. C'est alors qu'il a décidé de quitter la vie. Ni Calpurnia ni notre cher Juvénal n'avaient réussi à le fléchir. Il ne restait que moi pour tenter de le rattacher à l'existence. Hélas ! ma dialectique ne servit à rien.
    " Ton grand-pére est mort en Romain, cher Petronius. Il a beaucoup donné, beaucoup servi, beaucoup aimé et beaucoup souffert. Tu vas te montrer digne de lui. Il t'aurait aidé à suivre ta voie dans l'art, nous t'aiderons, comme nous t'aiderons à le pleurer. Pour ma part, j'ai perdu un témoin de ma vie. Reviens le plus tôt possible au Vélabre, ta chére grand-mére a besoin de toi. Adieu. "
    Petronius avait vécu une jeunesse heureuse, l'argent n'avait jamais manqué
    au Vélabre, les amis célébres de ses parents lui avaient toujours manifesté
    de la sympathie et même de l'affection, aucun événement grave n'était venu gêner son déroulement harmonieux. Il y avait bien eu cette inquiétude suscitée par l'activité chrétienne de sa mére et de sa grand-mére, mais il n'avait jamais pensé que les conséquences en seraient tragiques II avait d'ailleurs oublié cet épisode quand la lettre de Pline lui fit découvrir que la vie pouvait brusquement devenir cruelle.
    Il avait admiré Rabirius qui l'avait élevé, il avait été révolté par la décision de l'Empereur et, s'il avait préféré la sculpture à
    l'architecture, c'était beaucoup pour ne pas risquer de ternir l'immense renommée du Vélabre à jamais marquée par trois géniaux constructeurs. H
    avait dit à Rabirius désappointé que, ne se setMnl put capable 299
    de les égaler, il aimait mieux tenter d'assurer la pérennité du nom en devenant sculpteur. Aujourd'hui, il se rappelait que Rabirius l'avait compris et encouragé à suivre la voie qu'il avait choisie.
    Le jeune homme avait du mal à admettre qu'il ne reverrait pas celui qu'il considérait comme son grand-pére et il le pleurait, la lettre de Pline serrée dans sa main, effondré sur une pile de plaques de carrare, blanches comme un tombeau neuf.
    C'est là que Fidelia, la femme de Polimus, le trouva à la tombée de la nuit. Il n'avait pas bougé et la regarda, l'úil vague.
    - que t'arrive-t-il, Petronius, toi toujours si joyeux ? De mauvaises nouvelles ? Les lettres en sont pleines.
    - Des nouvelles affreuses, chére Fidelia. Mon grand-pére est mort. Il s'est suicidé. Pline parle d'une crise de goutte douloureuse mais je suis s˚r qu'il n'a pas supporté d'être supplanté par Apollodore.
    - C'est peut-être mieux de choisir sa fin, murmura Fidelia en prenant la tête du garçon dans ses bras et la caressant comme l'aurait fait sa mére.
    Tiens, respire le marbre, ajouta-t-elle en reposant doucement sa

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