Les dîners de Calpurnia
encore quelques confidences, c'est-à-dire que Valerius parla beaucoup et Calpurnia peu. Les derniers propos du jeune homme, dont elle aurait pu apprécier la franchise et qui, au regard des múurs du temps, n'avaient rien de choquant, lui laissaient pourtant un go˚t amer. Elle avait été élevée dans le culte des vertus et, si elle s'était émancipée dans la fréquentation de jeunes Romaines fortunées, elle était demeurée pure. Celer avait raison : hors de la maison de Sevurus, le vice pourrissait Rome. Même Valerius, garçon honnête, loyal, était condamné à la flétrissure !
Il était intelligent et comprit le désarroi de Calpurnia : - Ne me juge pas, dit-il. Attends de me connaître. Je t'aime et ne veux pas te perdre...
quand ils se quittérent, elle lui abandonna ses lévres et frissonna. " Ce doit être cela l'amour, se dit-elle. J'ai l'‚ge d'aimer un homme et cet homme, c'est Valerius. Je vais implorer les dieux de protéger cet amour. "
Calpurnia n'était pas particuliérement dévote mais Sevurus lui avait appris à honorer les dieux séculaires qui avaient tendance à se multiplier depuis Auguste. La vieille religion romaine, polythéiste, s'enrichissait constamment de nouveaux cultes et, comme de trés nombreuses femmes, Calpurnia, parce que c'était nouveau et que c'était la mode, avait ajouté
Isis au panthéon familial. La déesse égyptienne aux milliers de noms n'accaparait pas le temps assez mesuré que Calpurnia consacrait aux 44
divinités ménagéres, telles celles de l'enfant, du seuil, des saisons ou de la bonne santé. C'est pourtant Isis qu'elle invoqua pour attiser le feu de son amour naissant, sentiment neuf, secret, mystérieux, qui s'accordait bien, pensait-elle, au mysticisme oriental. Elle regretta de n'avoir pas le talent de Valerius qui aurait su ciseler des phrases sublimes pour s'adresser à la déesse mais elle n'était pas dépourvue d'esprit et décida de rédiger une priére qu'elle irait déposer le lendemain au temple d'Isis et de Sérapis, au Champ de Mars, o˘ elle br˚lerait encore un b‚ton d'encens. Elle alla s'installer dans le tàblinum, devant le pupitre o˘
travaillait habituellement Sevurus, prit un papyrus écrasé de la meilleure fibre, celui que son oncle réservait aux messages importants, et commença d'écrire sa supplique, ce qui n'était pas facile car le papier se trouait facilement. Finalement, en raison des difficultés de la t‚che, elle résolut de se contenter d'une phrase :
" Isis, je t'en conjure par ton sistre, par la tête mystérieuse d'Anubis, par Apis et son croissant sur le front, daigne exaucer ma priére. Protége Valerius que j'aime et fais en sorte qu'il m'aime en retour. "
Le lendemain, Calpurnia se rendit au temple vêtue d'une simple robe blanche, fit fumer l'encens sur les autels et déposa sa priére devant le serpent d'argent. Elle se jura de venir pendant huit jours chanter en l'honneur de la déesse, d'observer les je˚nes prescrits et la chaste abstinence imposée par les prochaines fêtes. Cette derniére promesse la fit sourire et elle s'éclipsa. Elle devait retrouver Valerius qui participait à
une lecture publique. Il allait réciter ses vers et se faire applaudir.
Calpurnia en frémissait à l'avance. " Désormais, les succés de Valerius seront les miens ! " se dit-elle.
La lecture publique était devenue à Rome une institution. Chacun y trouvait une occasion de meubler son oisiveté, de montrer son éloquence, de satisfaire sa vanité d'auteur. Aux quatre coins de la ville, chez des particuliers amateurs de littérature ou voulant le faire croire, dans des locaux aménagés et loués, la recitatio remplis-45
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