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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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défendrais-tu d'avoir de l'affection pour un si charmant compagnon ?
    J'espére que vous allez animer par votre jeune enthousiasme notre réunion de vieillards.
    - Parle pour toi ! s'écria Calpurnia. Je ne me sens pas vieille du tout !
    Mais deux nouveaux arrivants se joignaient au groupe. C'était Apollodore et sa femme, une insignifiante personne, ni laide ni belle et qui, avant même d'entrer, avait l'air de s'ennuyer. D'un seul coup d'úil, Calpurnia l'avait jaugée. Pas mécontente, elle s'était dit qu'elle n'aurait pas ce soir de concurrence.
    Malgré cela, le dîner fut raté. Suétone avait envoyé au dernier moment un messager pour se faire excuser et Tacite, fatigué, n'avait pu que rab‚cher sa tirade sur la défense de la philosophie qu'il souhaitait voir prendre une place plus importante dans l'éducation des jeunes. Les jeunes, parlons-en ! Lucinus, intimidé, n'avait ouvert la bouche que pour montrer que s'il avait beaucoup lu il n'avait pas tout compris. quant à Petronius, si à
    l'aise d'ordinaire, il ne s'anima que pour remercier Apollodore qui lui annonçait que le sculpteur Assandre lui donnerait dés le lendemain sa premiére leçon. Le garçon se croyait le point de mire de l'assistance et jugé par tous les regards qui croisaient le sien ou celui de Lucinus.
    Malgré tous ses efforts, Juvénal n'arriva pas à dégeler l'atmosphére. Les quelques aphorismes qu'il lança sombrérent dans l'indifférence, comme les potins du palais et les histoires qu'il était allé dans l'aprés-midi récolter sur le forum. Calpurnia, pourtant, s'était dépensée ! Dix fois elle avait essayé de relancer la conversation mais, en définitive, la seule qui mordît à l'hameçon fut Aelia Apollodore qui parla avec drôlerie de son mari, moins s˚r de lui qu'il ne le disait lorsqu'il installait des tours et des balistes sur les champs de bataille. Le mari, qui paraissait filer plutôt

    doux devant sa femme, devait avoir tout dit lors de sa premiére visite.
    Calpurnia le trouva tout compte fait assez fade et lui préféra son épouse.
    Plus tôt qu'à l'accoutumée les invités quittérent un Vélabre sans panache.
    Les Tacite ramenérent Juvénal attristé et Apollodore se chargea du jeune Lucinus. quand ils furent seuls, Calpurnia éclata de rire et dit à
    Petronius :
    - C'est la premiére fois qu'une soirée du Vélabre est aussi lamentable. A quoi attribues-tu le malaise qui a g‚ché notre réunion ?
    - Je ne sais pas. Peut-être la présence de Lucinus... Je dois dire que nous n'avons guére été brillants tous les deux. Juvénal qui comptait sur nous pour ranimer la flamme vacillante du Vélabre !
    - Pourquoi parles-tu de Lucinus ? Il est gentil, ce garçon, et il est bien normal qu'il ait été intimidé ! Réponds-moi si tu veux : qu'est-il pour toi exactement ?
    - Rien d'autre qu'un ami trés cher avec qui je suis en confiance. Tu sais, je n'ai jamais eu de vrais camarades de mon ‚ge. J'ai toujours vécu au milieu d'adultes, tous remarquables parleur talent et leur intelligence. Je les ai écoutés discourir sans bien les comprendre. Lucinus m'ouvre un autre univers, m'apporte une bouffée d'air frais et de jeunesse.
    Calpurnia n'insista pas. Elle comprenait que Petronius f˚t traumatisé par le suicide de son grand-pére survenu dans une période délicate de sa vie...
    Elle, elle avait eu Celer à ses côtés durant toute leur enfance et leur adolescence. Ils avaient pu jouer ensemble, puis échanger leurs confidences... Culpabilisée, elle pria pour le bonheur de son petit-fils et passa une mauvaise nuit.
    A Rome, pourtant, la politique, dont Petronius regrettait la veille encore qu'elle f˚t effacée des préoccupations par le régne idéal de Trajan, reprenait sa place traditionnelle dans les allées du pouvoir comme au forum. Juvénal, le premier, en était content. Les rumeurs lui redon-326
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    naient du grain à moudre pour ses satires et il avait enfin quelque chose à
    raconter lorsqu'il montait au Vélabre. Déçue par sa derniére expérience, Calpurnia avait renoncé aux dîners qui avaient fait sa gloire mais Juvénal continuait naturellement d'avoir table ouverte dans la maison qu'il qualifiait lui-même de familiale. Calpurnia accueillait avec reconnaissance cet ami de toujours qui l'aidait à demeurer dans son siécle. Petronius, quand il était là, quelquefois en compagnie de Lucinus, prenait part avec plaisir à la réunion et enrichissait ses connaissances civiques, comme

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