Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
Vom Netzwerk:
dérobé au supplice ! " J'ai tout de même réussi quelque chose : j'ai gavé les trois lions qui devaient le dévorer et ils ne l'ont pas touché. Ignace n'est pas mort déchiqueté mais d'un coup d'épée...
    - C'est afin de pouvoir faire cela que tu restes ici, à la fois puissant et ignoré de tous ?
    - Oui, et pour d'autres raisons que je te révélerai peut-être plus tard.
    Ce jour-là, en le quittant, Calpurnia, émue, se haussa sur la pointe de ses sandales pour embrasser son bon géant mais elle n'atteignit que le bas de sa poitrine velue.
    Petronius fut heureux de constater que sa grand-mére reprenait go˚t à la vie. Ses absences fréquentes, le soir, lui laissérent à penser que Calpurnia avait renoué avec la religion de Jésus. Soucieux, il l'avait questionnée et avait reçu en réponse des paroles rassurantes :
    - Il est vrai que je vais prier^avec les chrétiens mais nous ne risquons rien. D'abord les temps sont plutôt à la tolérance et nous ne sommes pas recherchés, ensuite notre lieu de priéres est tellement secret que personne ne peut nous surprendre.
    - On croit cela, et puis, une simple dénonciation... Rappelle-toi les poursuites ordonnées contre toi et Terentia. Si Pline n'avait pas été là, o˘ seriez-vous aujourd'hui ? Dis-moi, pour me tranquilliser o˘ vous vous réunissez.
    - Je ne peux pas. J'ai prêté serment. Mais si un jour il m'est possible de te confier mon secret, tu seras stupéfait.
    - Sois prudente ! Je vois que tu vas partir, veux-tu que je t'accompagne ?
    - Tu m'accompagneras peut-être un jour si tu éprouves l'intense besoin de te convertir.
    344
    Petronius alla ouvrir le portail et la regarda s'éloigner, enveloppée dans son large manteau grec de grosse laine qui donnait de l'ampleur à sa frêle silhouette. Il soupira et se dit qu'il avait de la chance d'avoir été élevé
    par une femme aussi déterminée, dans sa foi comme dans tous les actes de sa vie si pleine, si droite, si riche. Lucinus craignait de ressembler un jour à son pére qu'il avait bien tort de mépriser. Ressemblerait-il, lui, à
    Calpurnia ? Comment ne pas le désirer !
    L'apprentissage chez Assandre se poursuivait dans la quiétude et l'amour.
    Le vieil homme était un sage qui avait gardé des îles de l'Ionie o˘ il était né bien aprés les premiers artistes de la Gréce, la naturelle douceur des Vénus de Praxitéle et, d'Anaxagore, le principe vital de l'intelligence. quant à l'amour, c'était celui de la beauté dont ses discours étaient pleins.
    Tout en modelant la glaise ou en grugeant la surface d'un motif, Petronius écoutait le maître parler de son art :
    - Les Grecs se vantent volontiers d'avoir tout inventé, à commencer par l'art. Mais c'est oublier les monuments de l'Assyrie et de l'Egypte. Je dis, moi, que l'art de la Gréce est né d'imitations. Cela n'altére en rien leur gloire car ils ont su tout de suite s'affranchir de cet esprit d'imitation pour créer un art libre, original, individuel. Aprés avoir assimilé leurs modéles, ils les ont dépassés. Les Grecs n'ont pas inventé
    l'art, ils ont inventé la beauté ! Tu vois la différence avec les copistes romains qui n'enrichissent pas leur modéle grec mais l'avilissent.
    Le soir, Petronius notait sur une tablette les propos d'Assandre. " Je devrai plus tard parler d'art et de sculpture, pensait-il. Il me faut garder en mémoire des jugements si nets et si pénétrants. "
    Apollodore, dont la réputation grandissait à Rome depuis que Trajan lui avait confié la responsabilité de ses úuvres édilitaires, n'avait plus le temps de sculpter. Sans doute trop occupé, il ne donnait plus signe de vie à Calpurnia qui n'en ressentait aucun regret. Mais il ne man-345
    quait pas, quand il le pouvait, de rendre visite à son maître. Il prenait alors des nouvelles de Petronius :
    - Alors, comment se comporte notre jeune sculpteur ? demanda-t-il un jour.

    N'oublie pas, cher Assandre, que j'ai promis à sa grand-mére de le faire travailler à la finition de la colonne. En sera-t-il capable ?
    - Parfaitement. Laisse-le encore quelques semaines se faire l'outil sur des bas-reliefs de tombeaux et il pourra se rendre utile.
    - Tu entends, Petronius ? dit Apollodore. quand la colonne fera monter dans l'air de Rome la spirale héroÔque des exploits de César, tu pourras dire : Je suis l'un des artistes qui ont sculpté cette merveille. Mais venez donc tous les deux la voir, cette fameuse colonne. Vous me direz si j'ai

Weitere Kostenlose Bücher