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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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maison o˘ l'on a tant parlé de l'avenir est aujourd'hui celle des souvenirs... disait Calpurnia, mais cette mélancolie disparaîtra avec moi.
    Petronius, nous l'avons toujours dit, lui rendra sa gaieté !
    Lucinus et Tullia revenaient également au Vélabre. Lui était toujours célibataire et, au dire de sa súur, menait une vie fort dissolue. " J'ai encore réussi à échapper aux épouses que me propose mon pére, disait-il en riant, mais cela ne durera pas éternellement. " quant à Tullia, elle venait d'épouser le fils du chevalier auquel elle était destinée depuis longtemps.
    Elle avait un jour raconté à Petronius, dans le secret de l'atelier, les péripéties de son
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    mariage. Aprés une longue rebuffade elle avait fini par obéir à son pére :
    - Finalement, dit-elle avec drôlerie, cela ne s'est pas trop mal passé.
    Clodio n'est pas laid, je lui découvre parfois un certain esprit, et ses parents, nobles désargentés, sont plutôt agréables. Bref, je me dis que cela aurait pu être pire !
    - Puis-je te poser une question ? demanda Petronius.
    - Aprés ce que je viens de te raconter, je pense que tu peux tout te permettre.
    - Et l'amour ? Te rend-il heureuse ? Elle le regarda en souriant :
    - Tu veux que je te réponde franchement ?
    -Oui.
    - Eh bien, je crois que cela aurait été mieux si tu t'étais intéressé à moi lorsque j'étais amoureuse de toi !
    Ce n'était pas la réponse qu'il attendait et il se sentit ï désarçonné, un peu bête, planté devant elle son ciseau à T la main.
    - Cela t'étonne ? demanda-t-elle.
    - Oui, je croyais oubliés ces souvenirs d'enfance.
    - Enfance, enfance... Tu n'étais plus tellement un enfant lorsque cette chére Rufa t'a sorti des bras de mon frére et de mes pensées !
    - Allons jusqu'au bout : es-tu fidéle à ton mari ?
    -Oui.
    - Le resteras-tu ?
    - Je ne sais pas. Plus tard, peut-être, je le tromperai. Mais pas avec n'importe qui ! Si les femmes romaines ne peuvent choisir leur mari, rien ne les empêche de choisir leurs amants !
    La façon dont elle avait dit cela, en le fixant, laissa Petronius pantois.
    Il ne la retint pas lorsqu'elle dit qu'elle allait retrouver Calpurnia et son frére dans l'atrium. Il s'assit dans le vieux fauteuil pour réfléchir et pensa avec une fatuité bien masculine que Tullia ne se refuserait pas si un jour il lui demandait d'être à lui. Il eut conscience 400
    .:e cette pensée n'allait pas quitter son esprit de sitôt. Il j leva, prit un bloc de glaise et commença de modeler -~e tête qui ressemblait déjà à
    Tullia...

    Calpurnia rendit l'‚me un matin de septembre. Il fai-
    -ait encore trés chaud et elle avait demandé qu'on la port‚t sur un lit, dans le jardin, à l'abri d'un muret cou-
    - ert de vigne vierge, endroit d'o˘ l'on voyait le grand .irbre au pied duquel les cendres de Sevurus et de Celer
    --.valent été dispersées.
    - Reste avec moi, avait-elle dit à Petronius. Je crois que les oiseaux chantent si bien ce matin c'est pour annoncer mon arrivée au ciel.
    - Tu souffres ? demanda Petronius.
    - Non, je suis seulement fatiguée. Une fatigue inconnue qui m'enveloppe doucement et qui, je le sens, m'emportera. Viens plus prés de moi car j'ai du mal à parler.
    Petronius s'avança et prit sa main ridée.
    - Parle, grand-mére, dit-il. Je t'écoute.
    - J'aimerais que tu ailles prévenir mon bon géant Colosseo à l'amphithé
    ‚tre. Je ne voudrais pas mourir si loin de mon Dieu. Dis-lui que je vais trés mal.
    - Mais comment entrer dans l'amphithé‚tre ?
    - Par la grande porte. Tu le demanderas en disant simplement qu'il s'agit du poisson. L'homme comprendra.
    - Il comprendra quoi ? Poisson ?
    - Le poisson est l'embléme des chrétiens... Maintenant, va ! Ne sois pas trop long. Je vais essayer d'attendre ton retour. Avec des priéres cela devrait aller.
    Petronius partit en courant. A cette heure, c'était à Rome le meilleur moyen d'aller vite. A la porte de l'amphithé‚tre personne ne l'empêcha d'entrer. A mesure qu'il pénétrait dans les couloirs, l'acre odeur des fauves se faisait plus puissante. Au bas d'un escalier il aperçut une sorte d'athléte bizarrement vêtu de cuir qui tenait une 401
    pique à la main. quand il lui demanda o˘ il pourrait rencontrer Colosseo, l'homme le regarda avec méfiance :
    - Pourquoi veux-tu voir Colosseo ?
    Petronius se rappela alors qu'il avait oublié de mentionner le mystérieux poisson. Dés qu'il eut prononcé le mot magique, la figure

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