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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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secret. Lorsqu'ils eurent épuisé les souvenirs, Petronius la questionna sur l'Empereur et son désespoir aprés la disparition d'Antinous.
    - Hadrien gouverne. Il poursuit la réforme des lois anciennes pour les adoucir, leur donner un caractére plus libéral. Il s'intéresse à la condition juridique des faibles, des déshérités, des affranchis, des esclaves... Tout cela occupe selon mon pére un tiers de son temps. Un autre tiers est consacré au culte d'Antinous qu'il entend codifier, insérer dans la symbolique des autres dieux. Comme toi avec ta statue !
    - Et le reste du temps ?
    - Il écrit un peu mais se passionne surtout pour sa villa de Tibur dont il dirige personnellement les travaux. Tu sais qu'il a toujours rêvé d'être architecte ? Eh bien, il l'est devenu réellement. C'est lui qui dessine, qui choisit, qui décide. Le périmétre de la résidence impériale et des dépendances s'agrandit chaque jour et l'ensemble devient colossal. Il paraît que la fameuse Maison Dorée de Néron n'était qu'une maison de paysan à côté de la villa d'Hadrien ! Mais parle-moi plutôt de ton art. J'ai l'impression que tu as fait d'énormes progrés !
    - Ce serait malheureux si je sculptais aujourd'hui comme lorsque nous nous sommes connus. Je débutais et, te rappelles-tu ? tu as été mon premier modéle. qu'as-tu fait de ce buste que je t'avais offert ? J'en ai dix de beaucoup plus réussis au Vélabre.
    - Ce premier marbre est dans ma chambre et y restera. Il m'a suivi en Bithynie et demeurera à jamais pour moi le plus irremplaçable des chefs-d'úuvre. Demain matin je veux te regarder travailler et t'écouter parler de sculpture. Ce que tu m'as dit au sujet de ton buste d'Antinous a piqué ma curiosité.
    Ils dormirent comme des enfants sur un mauvais lit installé devant la baie grande ouverte. C'est le chant lointain d'un coq qui les réveilla, ou plutôt le concert d'oiseaux qui lui succéda. Un roitelet gros comme le pouce eut même l'impudence d'entrer dans la chambre et de se poser un instant sur la couverture avant d'aller retrouver ses amis qui, d'une statue à l'autre, échangeaient leurs ramages.
    - Regarde-les, dit Petronius. C'est l'heure o˘ ils conversent avec les dieux qui ne se formalisent pas d'être choisis comme perchoirs. Ils ne vont pas tarder à s'en aller vers les bois ou les hauteurs et nous ne les reverrons pas avant le soir, quand ils viendront nous jouer la sérénade.
    Ils prirent le jentaculum, des galettes et des fruits, burent l'eau de la source voisine et se dirigérent vers le pré des dieux o˘ Petronius découvrit l'ébauche du buste d'Antinous dissimulée sous un morceau de couverture.
    - Voilà, dit-il, l'éphébe impérial au moment o˘ il franchit la frêle barriére qui sépare la vie de la mort. Tu vois, c'est en intériorisant les visages, en exprimant le carac-428
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    tére profond de l'être que les sculpteurs romains réussiront à faire valoir leur art en face des chefs-d'úuvre grecs. Les plus grands artistes grecs cherchaient l'idéal, nous devons trouver le réel !
    Comme toujours lorsqu'il parlait de sculpture, Petro-nius s'enflammait, et ses auditeurs, les femmes surtout, ne pouvaient résister au charme que dégageait son enthousiasme.
    - Continue, explique-moi ! Chacun de tes gestes me fascine. Tu manies le burin avec une telle précision que l'art semble facile.
    - Il n'y a d'oeuvre que si le geste est spontané, presque automatique, et obéit au cerveau du créateur. Tiens, je vais te montrer un nouvel outil que nous commençons à utiliser pour les traits en creux à la place du burin, par exemple pour les cheveux ou les plis des vêtements. C'est la vrille. Gr
    ‚ce à elle nous obtenons un sillon continu, parfait, en évitant un travail long et fastidieux1.
    Comme la veille, ils reparlérent de tout, d'eux, de la santé de l'Empereur qui n'était pas bonne, de Tullia qui s'accommodait du mariage, du pére de Rufa qui, fatigué par les voyages, avait abandonné pour l'instant une partie de ses charges. A ce propos, Petronius émit à nouveau des doutes sur la réaction du sénateur :
    - Je ne peux pas me faire à l'idée que ton pére m'acceptera. Ne me fais pas rêver d'une union qui me paraît impossible.
    - A priori, tu as raison. Mais les ressources d'une femme sont grandes et j'espére bien arriver à mes fins. En tout cas, mariée ou pas, je ne te l
    ‚cherai plus !
    quand elle repartit, dans l'aprés-midi, la maison d'Atticus retomba dans

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