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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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attendre l'illustre visiteur aprés avoir posté à l'entrée Pappus, le plus ancien serviteur de la maison.
    Petronius était bien obligé d'admettre que les espoirs de Rufa n'étaient peut-être pas vains. Certes, la visite de son pére ne signifiait pas que la partie était gagnée mais elle pouvait constituer le premier pas vers une union que l'usage proscrivait.
    - Tu sais bien qu'à Rome la tradition a force de loi, dit-il en marchant comme un ours en cage autour du bassin de l'impluvium. Peut-être pourrons-nous, dans le meilleur des cas, nous rencontrer sans trop nous cacher mais il ne faut pas se bercer d'illusions : nous ne nous marierons jamais !
    - Tais-toi, oiseau de mauvais augure ! répliqua-t-elle. Mon pére m'a toujours enseigné que l'optimisme, s'il ne résout pas tout, aide souvent à
    réussir. Apprête-toi plutôt à lui parler du marbre et de la sculpture comme tu sais si bien le faire. Les sénateurs sont sensibles au verbe. Aurelius a suivi dans sa jeunesse des cours d'éloquence et il a été avocat comme son ami Pline. Alors soigne ta plaidoirie !
    Milvius Aurelius descendit de sa litiére à l'entrée du vestibule, et Petronius, le maître de maison, alla au-devant de lui :
    - Hôte illustre de ma modeste maison, je te salue de toute mon ‚me. Ta fille t'attend dans l'atrium.
    Aurelius, qui arrivait de la Curie, portait sa toge de sénateur, blanche bordée de pourpre. A cinquante-cinq ans, il avait toujours un port altier et élégant. Son visage régulier était peu marqué et il avait conservé ses cheveux
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    bruns coupés court sur le front. Il regarda un instant Petronius et dit :
    - C'est donc toi le séducteur de ma fille ! Je ne dis pas qu'elle a eu mauvais go˚t mais votre passion n'a pas fini de me causer des soucis !
    Enfin, tu vas me montrer ce portrait d'Antinous qui est, paraît-il, trés beau, encore que le jugement de Rufa ne soit peut-être pas exempt d'un excés de bienveillance.
    Il sourit et embrassa sa fille. En observant leurs visages rapprochés, Petronius fut frappé par leur ressemblance. Son úil exercé d'artiste remarqua l'intelligence du regard du sénateur et il se dit qu'il aurait plaisir à l'évoquer dans le marbre.
    - Allons tout de suite dans l'atelier, dit-il. Le buste que tu veux voir a été terminé hier.
    Ils s'engagérent dans le jardin et, comme chaque visiteur nouveau, le sénateur fut ébloui par la prolifération des plantes rares, la variété des fleurs et le savant désordre des parterres voulu en d'autres temps par Sevurus.
    - Le Vélabre, je crois que vous donnez le nom du quartier à votre maison, respire l'art et la beauté. Tout en marchant, il continua :
    - Savez-vous que dans ma jeunesse j'aurais donné n'importe quoi pour y être invité ? Rome tout entiére vantait la qualité de ses hôtes, écrivains, poétes, architectes. que n'aurais-je fait pour y rencontrer le vieux Pline, Martial, Juvénal, et partager en leur compagnie une table que l'on disait la plus simple mais la meilleure de Rome. Ah ! quand, à cette époque, on avait parlé des dîners de Calpurnia, on avait tout dit !
    - Calpurnia était la grand-mére de Petronius, dit Rufa.
    - C'était une grande dame, ajouta simplement Petronius en ouvrant la porte de l'atelier. Tenez, voici le portrait que j'ai fait d'elle. J'étais encore un débutant mais elle était si belle qu'il aurait fallu être un bien piétre sculpteur pour ne pas le réussir. Au milieu de l'atelier, c'est le buste d'un jeune homme dont la beauté va s'éteindre dans l'instant. Evidemment il s'agit d'Antinous, dont
    les traits étaient restés gravés dans ma mémoire depuis qu'il avait posé
    pour moi.
    Le sénateur ne répondit pas. Il était planté devant le portrait et hochait silencieusement la tête.
    - Tu as beaucoup de talent ! finit-il par dire. J'étais aux côtés de l'Empereur lorsque le garçon a choisi de quitter la vie. Son visage de marbre me bouleverse ! Veux-tu le montrer à Hadrien ? Je crains un peu sa réaction douloureuse mais il faut qu'il voie ton úuvre.
    - Si l'Empereur souhaite la garder, je lui en ferai cadeau, répondit Petronius, surpris par l'éloge.
    - Trés bien, fais-la envelopper afin qu'il ne lui arrive rien. Mes gens vont la placer dans ma litiére et je la présenterai dés demain à César.
    - Merci. L'humble artiste est comblé !
    - Ne fais pas trop le modeste. Tu sais trés bien que tu as créé une úuvre remarquable et que tu ne manques pas de talent.

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