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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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toujours le cas ! Voilà avec quoi je gagne ma vie, mes amis ! Ce n'est pas avec de telles sornettes que je passerai à la postérité.
    - Et pourquoi pas ? s'exclama Calpurnia. Le pauvre Valerius disait la même chose de ses élégies et les libraires vendent toujours ses rouleaux qui ont été copiés et ' recopiés des centaines de fois. C'est curieux comme les poétes se complaisent à proclamer leur futilité !
    - La poésie, c'est la mousse que l'on jette lorsqu'on ouvre une amphore de vin vieux. Le meilleur est au fond, s'entêta Martial. Ce qu'écrit en ce moment notre cher Pline sur l'histoire naturelle et toutes les autres connaissances humaines est autrement intéressant !
    - Peuh ! Je ne fais que rassembler et expliquer ce qu'ont découvert les autres ! Toi, tu inventes, tu joues avec les mots. Sans vous, les poétes, à
    commencer par les Grecs, les langues demeureraient inertes. Heureusement que vous fustigez le verbe et faites chanter la syntaxe !
    - Avez-vous fini de dénigrer vos úuvres et de jouer les modestes ? dit Celer. Moi, je suis trés fier de mon forum. Et pourtant il a beaucoup moins de chances de me survivre que vos papyrus. Tenez, regardez la Maison Dorée : j'ai été payé pour la construire, et maintenant je suis payé pour la démolir !
    - quelle chance ! On n'a jamais payé un poéte pour qu'il détruise un volumen !
    On en resta là et l'on se sépara de bonne heure : Pline partait le lendemain matin pour la Cisalpine étudier comment les Gaulois s'étaient intégrés à l'Italie.
    L'histoire, qui s'était emballée durant les derniéres années, retrouvait sous Vespasien la sérénité des communautés paisibles. Chacun avait repris sa place : les centuries dans les casernes, les ouvriers sur les chantiers, 146
    les gladiateurs dans l'aréne. Les sénateurs eux-mêmes, longtemps dressés contre le pouvoir, fréquentaient assid˚ment la Curie et portaient avec fierté leur tunique à bande rouge et leurs chaussures ornées d'un croissant. Le vieux démon de la guerre civile avait été banni de Rome dont les habitants s'émerveillaient de revoir les lourds chariots traverser la ville pour transporter des pierres taillées et des blocs de marbre sur la place du vieux marché o˘ s'élevait chaque jour un peu plus haut le temple de la Paix, au cúur d'un forum tout neuf.
    Les nones, les ides et les calendes passaient ainsi, tranquilles, sous la tutelle bonhomme mais énergique d'un empereur qui dédaignait le faste et vivait comme un patricien modeste entre le Palatin o˘ il habitait peu et sa maison des Jardins de Salluste o˘ il se plaisait. C'est là qu'il recevait les sénateurs et ceux qui souhaitaient l'entretenir de questions personnelles ou officielles. Aucun garde ne protégeait l'entrée de sa demeure et il répondait à tous ceux qui le saluaient dans la rue. Il ne songeait pas à dissimuler l'obscurité de son origine. Souvent même il en tirait vanité et tournait en ridicule les flatteurs qui voulaient faire remonter la gens Flavia aux fondateurs de Reate1 et même à un compagnon d'Hercule !
    C'est dans ce climat, propice aux créateurs, que Celer et ses compagnons construisirent le forum de la Paix et ses dépendances. Lorsque les b
    ‚timents furent livrés aux décorateurs et aux paysagistes, l'éléve de Sevurus, devenu un artiste reconnu et célébré, commença à penser à
    l'amphithé‚tre des Flaviens, une immense ellipse de pierre et de marbre que Vespasien voulait laisser aux Romains pour servir de cadre aux spectacles.
    Il n'était pas question pour Celer d'assumer seul un projet d'une telle envergure, à côté duquel le temple de Jupiter Capitolin, le forum de la Paix et même la Maison
    1. Reate, ancienne ville de l'Italie centrale fondée par les aborigénes, premiers habitants de la Péninsule. Elle était devenue capitale de la Sabine, le pays de Vespasien.
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    Dorée n'étaient que de modestes monuments. Vespasien avait confié à son fils Titus la responsabilité des travaux et celui-ci avait nommé un curator, haut personnage de l'ordre sénatorial, directeur des travaux publics, pour le représenter. C'était lui le grand responsable du projet, lui qui transmettait les directives de l'Empereur, lui qui gérait les sommes considérables engagées, lui qui dirigeait le recrutement des ouvriers. Celer était placé sous ses ordres directs en qualité de redemptor. En fait il était l'homme de l'art, le technicien, l'artiste, Marcellus, curateur

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