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Les disparus

Titel: Les disparus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Mendelsohn
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façon dont de minuscules
nuances comme l'ordre des mots, leur choix, la grammaire et la syntaxe peuvent
avoir des ramifications plus vastes pour la signification complète du texte
donne une couleur au commentaire de Rachi dans son ensemble. Selon lui (pour
prendre un autre exemple), la tristement célèbre « double ouverture »
de la Genèse – le fait qu'elle ne contient pas un, mais deux récits de la
Création, le premier commençant avec la création du cosmos et s'achevant avec
la création du genre humain (Genèse 1, 1-30), le second se concentrant dès le
début sur la création d'Adam et se déplaçant presque immédiatement vers
l'histoire d'Eve, du serpent et de l'Expulsion du Jardin d'Eden — est, au fond,
un problème de style, assez facilement expliqué. Dans sa discussion de Genèse
2, Rachi anticipe sur les plaintes des lecteurs — la création a été, après
tout, traitée dans Genèse 1, 27 — mais déclare que, après avoir lui-même
consulté un certain corpus de la sagesse rabbinique, il a découvert une
certaine « règle » (numéro treize sur trente-deux, en fait, qui
aident à expliquer la Torah), et cette règle dit que lorsqu'une proposition
générale ou une histoire est suivie d'un second récit de cette histoire, le
second récit est censé être compris comme une explication plus détaillée du
premier. Et donc le second récit de la création du genre humain, dans Genèse 2,
est pour ainsi dire censé être conçu comme une version améliorée du premier
récit que nous avons dans Genèse 1. Comme c'est le cas en effet : car rien dans
le premier chapitre de la Genèse, avec son récit chronologique sec de la
création du cosmos, de la terre, de sa flore et de sa faune, et enfin du genre
humain, ne nous prépare à la riche narration du second chapitre, avec sa fable
de l'innocence, de la tromperie, de la trahison, de la dissimulation, de
l'expulsion et de la mort pour finir, de l'homme et de la femme dans un endroit
protégé, de l'apparition soudaine et catastrophique d'un mystérieux intrus, le
serpent, et puis : l'existence paisible détruite. Et au centre de tout ce drame
– car Rachi ne s'épargne rien pour expliquer qu'il se trouve bien au
centre en effet -le symbole mystérieux et assez émouvant de l'arbre dans le
jardin, un arbre qui représente, j'en suis venu à le penser, à la fois le
plaisir et la douleur qui naissent de la connaissance des choses.
    Aussi intéressant que cela ait
pu être, quand je me suis immergé dans la Genèse et ses commentateurs pendant
un certain nombre d'années, j'ai naturellement fini par préférer l'explication
générale de Friedman sur le pourquoi d'un tel commencement de la Torah. Je dis
« naturellement » parce que la question que Friedman se préoccupe de
faire comprendre à ses lecteurs est, par essence, une question d'écrivain :
comment commencer une histoire ? Pour Friedman, l'ouverture de Bereishit fait penser à une technique que nous
connaissons tous grâce aux films : « Comme certains films qui commencent
par un long travelling qui se resserre ensuite, écrit-il, le premier chapitre
de la Genèse se déplace progressivement d'un plan sur le ciel et la terre pour
descendre et se resserrer sur le premier homme et la première femme. Le point
focal de l'histoire va continuer à se resserrer : depuis l'univers jusqu’à la
terre, au genre humain, à des territoires spécifiques, à des peuples, à une
seule famille. » Et cependant, rappelle-t-il à ses lecteurs, les vastes
préoccupations cosmiques du récit historico-mondial que nous relate la Torah
resteront à l'arrière-plan lorsque nous continuerons à lire, fournissant ainsi
le riche substrat de sens qui donne toute sa profondeur à l'histoire de cette
famille.
    La remarque de Friedman
implique que, très vraisemblablement, ce sont souvent les petites choses plutôt
que la grande image que l'esprit retient le plus facilement : par exemple, il
est plus naturel et plus attrayant pour des lecteurs de comprendre le sens d'un
grand événement historique à travers l'histoire d'une seule famille.
     
    Comme on ne parlait
pas beaucoup de Shmiel et comme, lorsqu'on en parlait, c'était souvent sous la
forme de murmures ou en yiddish, langue que ma mère parlait avec son père pour
préserver leurs secrets – en raison de tout cela, quand j'apprenais
quelque chose, c'était en général par hasard.
      Un jour, quand j'étais petit, je
l'avais entendu parler à

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