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Les disparus

Titel: Les disparus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Mendelsohn
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peut acheter des petites statuettes du premier
Yossel, réponse précoce et un peu primitive, certes, à la persécution des Juifs
dans cette ville.
    Qu'avons-nous vu d'autre ? Nous avons vu des objets qui
étaient beaucoup plus raffinés que les statuettes de Yossel : les milliers
d'objets, de coupes et de vases rituels de toutes les sortes – taillés,
sculptés, gravés et repoussés – qu'on puisse trouver, dans l'exposition
permanente de culture judaïque européenne, située à l'étage supérieur de la
synagogue espagnole, dans la partie qui était autrefois la galerie des femmes,
à l'époque où il y avait encore des Juifs à Prague pour prier dans les
synagogues où, en cette belle journée d'été, des centaines de touristes et moi
déambulions très respectueusement. Curieuse coïncidence, cette collection de
couronnes de Torah, de cierges de cérémonie, de gobelets et de médaillons doit
sa richesse (même si cette information n'est pas bien mise en évidence dans
l'exposition) au fait que Hitler avait choisi Prague pour être le lieu d'un
musée d'un Peuple disparu qu'il avait projeté de faire construire, afin que les
Aryens pussent, sans doute dans l'avenir, regarder bêtement ces trésors. Et en
effet les richesses d'au moins cent cinquante-trois communautés de la région de
Prague ont été soigneusement transportées dans la ville en 1942 pour une
évaluation et un tri, quand bien même le musée du peuple juif des nazis n'a
jamais été construit, ce qui explique pourquoi tous ces objets d'ornementation
d'une telle opulence peuvent être aujourd'hui admirés par les touristes qui
passent dans ce quartier de Prague avant de retourner à leur hôtel pour
commencer à réfléchir à l'endroit où ils vont aller dîner.
    Nous avons donc vu tout cela, avant de retournera notre
propre hôtel chercher un endroit où dîner ; car, après tout, quel que soit
l'intérêt, quelle que soit l'obsession que vous nourrissez à l'égard du passé,
vous vivez dans le présent et il est nécessaire de s'occuper de cette affaire
de vivre. Toutefois, le passé a de curieuses façons de vous rattraper. C'est à
Prague que la première de ce que j'ai cru alors être une série bizarre de
coïncidences s'est produite. La veille du jour où Froma et moi devions aller à
Terezin – le camp de concentration « modèle », situé près de la
ville, qui avait été autrefois montré aux représentants de la Croix-Rouge comme
un exemple de l'humanité avec laquelle les Allemands traitaient les Juifs
internés, les subversifs et les autres prisonniers –, elle et moi avions
pris l'ascenseur jusqu'au dernier étage de notre hôtel où se trouvait un bar
qui s'enorgueillissait, nous avait informé le guide de l'hôtel, d'avoir le plus
beau panorama sur la ville. Quelques étages avant d'arriver à ce merveilleux
nid d'aigle, l'ascenseur s'est arrêté et un homme, pas particulièrement âgé,
très bien habillé, est entré. Il portait, j'ai remarqué, quelques grosses
bagues en or et une montre très coûteuse. Comme cela arrive souvent dans ces
cas - là, il y a eu un silence et des sourires embarrassés lorsque les
portes se sont refermées et que l'ascenseur a recommencé à monter. Soudain, cet
homme aux cheveux blancs et à l'allure vigoureuse s'est tourné nonchalamment
vers nous et – en hochant la tête comme s ' il acquiesçait, comme si
ce qu'il allait dire était la suite de la conversation que nous avions eue tous
les trois depuis un moment – il a dit, Oui, j'étais à Babi Yar.
    Le lendemain matin, nous avons pris un énorme car climatisé
pour le trajet d'une heure jusqu'au dernier camp que le groupe de Froma allait
visiter au cours de ce sinistre tour. Les Tchèques appellent l'endroit Terezin,
mais son nom, lorsque la ville avait été fondée sous un régime bien antérieur et
aussi pendant l'occupation nazie, était Theresienstadt, « Ville de
Theresia » –  c'est - à-dire la ville de Marie-Thérèse, la
grande impératrice des Habsbourg au XVIII e siècle, la Victoria de la Mitteleuropa. Elle a été ainsi nommée parce
que la ville fortifiée de Theresienstadt, terminée en 1780, l'année où la reine
est morte, faisait partie d'un réseau de villes fortifiées construites pendant
et juste après le règne de cette femme replète et dominatrice pour protéger le
vaste empire des Habsbourg, patchwork multiculturel de pays, de provinces et de
principautés qui s'est finalement

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