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Les disparus

Titel: Les disparus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Mendelsohn
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glanée du fait d'une relation dont je n'avais même pas rêvé
qu'elle pût exister (comment l'aurais-je pu, sachant si peu d'elle, ne sachant
même pas qu'elle avait eu des frères et des sœurs ?) –, le fait de parler
à cette personne était à la fois excitant et, d'une certaine façon, sidérant.
J'ai commencé à me demander alors combien d'autres traces elle avait laissées
derrière elle, combien d'autres indices étaient dispersés, flottant sur les
sites Internet, ou bien enterrés dans des archives dont j'aurais été incapable
de savoir si elles étaient utiles, parce que je disposais de si peu
d'informations pour continuer que je n'aurais pas pu savoir si elles étaient
pertinentes quand bien même je les aurais eues sous le nez.
    Toutefois, je brûlais peut-être les étapes : après tout, il
pouvait: très bien y avoir eu plus d'une Ester Schneelicht, née dans les années
1890 à Stryj. Mais pendant que je me disais cela, l'homme à l'autre bout de la
ligne disait quelque chose d'autre. Il me racontait que certains de ces frères
et de ces sœurs de son père, qui étaient, pour autant que je sache, les frères
et les sœurs de ma grand-tante Ester, avaient tous eu des surnoms, chose que,
naturellement, j'imaginais fort bien puisque cela avait été le cas dans ma
famille : son père, Eisig, par exemple, m'a-t-il dit, était aussi appelé Emil.
Je prenais des notes pendant qu'il parlait et, sur le morceau de papier que
j'avais à la main, j'ai écrit EISIG = EMIL . Puis, il a dit qu'une de ses tantes,
Mindel, ou Mina, n'avait pas, en fait, péri dans l'Holocauste, mais était
arrivée bien avant aux Etats-Unis et vivait  à  New York avec son  mari.  Il
était photographe.
    Mina, a répété cette voix à l'autre bout de la ligne. Ils
l'appelaient aussi Minnie.
    Je m'apprêtais à écrire M indel = M ina = M innie , lorsque mes
mains sont devenues moites et que mon cœur s'est mis à battre à tout rompre.
    Attendez, ai-je dit. Attendez.
    Je me suis éclairci la gorge et j'ai dit ensuite, Elle était
mariée à un photographe et elle s'appelait Minnie ?
    Ouais, a dit le type. Son mari s'appelait Spieler, Jack ou
Jake. Spieler. Mon oncle et ma tante. Jack et Minnie Spieler.
     
    Ecoutez :
     
    PEU de temps après que j'ai
commencé à utiliser régulièrement le site jewishgen.org , j'ai
établi un contact avec une femme qui, comme moi, avait un lien familial avec
Bolechow. Cette femme qui, lorsque je l'ai finalement rencontrée, s'est révélée
aussi vivante, ouverte et généreuse que ses premiers e-mails l'avaient laissé
supposer et dont la masse opulente de boucles rousses semblait en quelque sorte
exprimer ces qualités, ce matin de mars 2001, quand je suis finalement descendu
dans Greenwich Village pour la rencontrer, s'était portée volontaire pour le
projet du Livre Yizkor du site Internet (bon nombre de livres Yizkor, y compris
le Sefer HaZikaron LeKedoshei Bolechow, sont écrits en hébreu ou en
yiddish, ou les deux, et jewishgen.org a financé un projet
de traduction de ces textes en anglais, qui seront ensuite disponibles sur le
site). La femme, qui se prénommait Susannah, avait aussi fait un voyage à
Bolechow –  quand bien même, comme elle devait me le dire par la suite,
aucun membre de sa famille immédiate, pas une personne qu'elle ait vraiment
connue, n'ait été originaire de la ville, détail qui m'avait ému et
impressionné –  et avait posté ses photos de la ville sur le site ShtetlLinks.
Je lui avais envoyé un e-mail pour lui dire combien j'avais apprécié ses photos
et nous avons commencé une correspondance, au cours de laquelle elle m'a donné
deux informations d'une importance cruciale.
    Tout d'abord, elle m'a mis en relation avec un jeune
chercheur ukrainien, Alex Dunai, qui avait été son guide à Bolechow –  ou,
comme il faut le dire maintenant, Bolekhiv –  et avait aussi fait,
m'a-t-elle dit, un travail de recherche dans les archives de diverses
administrations locales. Muni de ce renseignement, j'ai envoyé un e-mail à Alex
pour lui demander d'explorer les archives juives de Bolechow qui,
miraculeusement, n'avaient pas été détruites pendant la guerre. Deux mois
environ après notre premier contact, j'ai reçu un volumineux paquet d'Ukraine
contenant plus d'une centaine de documents : des photocopies des originaux,
accompagnées des laborieuses traductions d'Alex, tapées à la machine. De ces
documents, je dirai pour le moment qu'ils

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