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Les Essais

Les Essais

Titel: Les Essais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Montaigne
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et jeunes
femmes, et de celles de bonne maison, seroient gardez trois jours,
avant qu'on les mist entre les mains de ceux qui avoient charge de
prouvoir à leur enterrement. Periander fit plus
merveilleusement : qui estendit l'affection conjugale (plus
reiglee et legitime) à la jouyssance de Melissa sa femme
trespassee.
    Ne semble ce pas estre une humeur lunatique de la Lune, ne
pouvant autrement jouyr d'Endymion son mignon, l'aller endormir
pour plusieurs mois : et se paistre de la jouyssance d'un
garçon, qui ne se remuoit qu'en songe ?
    Je dis pareillement, qu'on ayme un corps sans ame, quand on ayme
un corps sans son consentement, et sans son desir. Toutes
jouyssances ne sont pas unes : Il y a des jouyssances ethiques
et languissantes : Mille autres causes que la bien-vueillance,
nous peuvent acquerir cet octroy des dames : Ce n'est
suffisant tesmoignage d'affection : Il y peut eschoir de la
trahison, comme ailleurs : elles n'y vont par fois que d'une
fesse ;
    tanquam thura merumque parent :
absentem marmoreámve putes
.
    J'en sçay, qui ayment mieux prester cela, que leur coche :
et qui ne se communiquent, que par là : Il faut regarder si
vostre compagnie leur plaist pour quelque autre fin encores, ou
pour celle là seulement, comme d'un gros garson d'estable : en
quel rang et à quel prix vous y estes logé,
    tibi si datur uni
Quo lapide illa diem candidiore note
t.
    Quoy, si elle mange vostre pain, à la sauce d'une plus agreable
imagination ?
    Te tenet, absentes alios suspirat
amores
.
    Comment ? avons nous pas veu quelqu'un en nos jours,
s'estre servy de cette action, à l'usage d'une horrible
vengeance : pour tuer par là, et empoisonner, comme il fit,
une honneste femme ?
    Ceux qui cognoissent l'Italie, ne trouveront jamais estrange, si
pour ce subject, je ne cherche ailleurs des exemples. Car cette
nation se peut dire regente du reste du monde en celà. Ils ont plus
communément des belles femmes, et moins de laydes que nous :
mais des rares et excellentes beautez, j'estime que nous allons à
pair. Et en juge autant des esprits : de ceux de la commune
façon, ils en ont beaucoup plus, et evidemment. La brutalité y est
sans comparaison plus rare : d'ames singulieres et du plus
haut estage, nous ne leur en devons rien. Si j'avois à estendre
cette similitude, il me sembleroit pouvoir dire de la vaillance,
qu'au rebours, elle est au prix d'eux, populaire chez nous, et
naturelle : mais on lavoit par fois, en leurs mains, si pleine
et si vigoreuse, qu'elle surpasse tous les plus roides exemples que
nous en ayons. Les mariages de ce pays là, clochent en cecy. Leur
coustume donne communement la loy si rude aux femmes, et si serve,
que la plus esloignee accointance avec l'estranger, leur est autant
capitalle que la plus voisine. Cette loy fait, que toutes les
approches se rendent necessairement substantieles : Et puis
que tout leur revient à mesme compte, elles ont le choix bien aysé.
Et ont elles brisé ces cloisons ? Croyez qu'elles font
feu :
Luxuria ipsis vinculis, sicut fera bestia, irritata,
deinde emissa
. Il leur faut un peu lascher les resnes.
    Vidi ego nuper equum contra sua frena
tenacem
Ore reluctanti fulminis ire modo
.
    On alanguit le desir de la compagnie, en luy donnant quelque
liberté.
    C'est un bel usage de nostre nation, qu'aux bonnes maisons, nos
enfans soyent receuz, pour y estre nourris et eslevez pages comme
en une escole de noblesse. Et est discourtoisie, dit-on, et injure,
d'en refuser un gentil-homme. J'ay apperçeu (car autant de maisons
autant de divers stiles et formes) que les dames qui ont voulu
donner aux filles de leur suite, les reigles plus austeres, n'y ont
pas eu meilleure advanture. Il y faut de la moderation : Il
faut laisser bonne partie de leur conduitte, à leur propre
discretion : car ainsi comme ainsi n'y a il discipline qui les
sçeut brider de toutes parts. Mais il est bien vray, que celle qui
est eschappee bagues sauves, d'un escolage libre, apporte bien plus
de fiance de soy, que celle qui sort saine, d'une escole severe et
prisonniere.
    Nos peres dressoient la contenance de leurs filles à la honte et
à la crainte (les courages et les desirs tousjours pareils) nous à
l'asseurance : nous n'y entendons rien. C'est à faire aux
Sarmates, qui n'ont loy de coucher avec homme, que de leurs mains
elles n'en ayent tué un autre en guerre. A moy qui n'y ay droit que
par les oreilles, suffit, si elles me retiennent pour le conseil,
suyvant

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