Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les fiancés de Venise

Les fiancés de Venise

Titel: Les fiancés de Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
Vom Netzwerk:
bord. Il écouterait sa description, consulterait la liste des passagers de dimanche et lui révèlerait le nom de l’inconnu. Comme, selon toute vraisemblance, le commissaire n’était plus dans son bureau à cette heure, elle se rendrait ensuite au palais Tron pour lui raconter ce qu’elle avait appris. Et s’il n’était pas chez lui non plus, signor Da Ponte inviterait Angelina à attendre son retour. En buvant une délicieuse tasse de cacao dans sa merveilleuse cuisine.
    1 - Rue pavée. ( N.d.T. )

20
    La cuillère de service en argent, aux armoiries des Montalcino, s’arrêta quelques secondes sous ses yeux, puis se baissa, se renversa avec précaution et déposa une nouvelle tranche de filet de bœuf à la jardinière sur l’assiette du service en porcelaine de Sèvres au marli doré que la princesse préférait pour la cuisine française. Sur un signe de la maîtresse de maison, Moussada (ou Massouda), en tout cas celui qui tenait la cuillère, se retira sans bruit vers le buffet, suivi par son frère (ou cousin ? ou oncle ?), celui qui avait tendu le plat. Sans un mot, ils se mirent à préparer le dessert à gestes comptés.
    Tron continuait de juger assez ridicule la tenue des deux serviteurs éthiopiens (pantalon bouffant, turban et poignard oriental), mais il devait reconnaître qu’ils maîtrisaient l’art du service à la perfection. Leur talent ne faisait que souligner les déficiences croissantes d’Alessandro, qui tenaient d’une part à son grand âge et d’autre part au fait que le majordome devait gravir un escalier glacial pour atteindre la salle à manger. Le palais Balbi-Valier possédait un monte-plat. Le palais Tron, bien entendu, non.
    — Je ne crois pas que l’archiduc me propose de l’argent, déclara Tron. Ce serait trop grossier.
    — Alors, quelle offre va-t-il te faire, à ton avis ?
    Le commissaire haussa les épaules.
    — En tout cas, Schertzenlechner m’a assuré que je ne pourrai pas refuser.
    — Cela sonne presque comme une menace, remarqua la princesse.
    — Ou plutôt, corrigea Tron, cela laisse entendre d’incroyables avantages si j’accepte et d’incroyables inconvénients si je refuse.
    — Quelle sorte d’avantages ? Il ne va pas te faire miroiter une médaille quand même ?
    — Non. Et quant à me hisser à un rang plus élevé, poursuivit le commissaire, ce serait tout aussi stupide. Premièrement parce que je n’attache aucune importance au titre de prince vu que je l’ai déjà. Et deuxièmement…
    — Attends ! l’interrompit la princesse, stupéfaite. Tu es prince ?
    Tron lança un regard rempli d’incompréhension.
    — Comme tu le sais sans doute, tous les membres du Grand Conseil de Venise peuvent devenir doge. C’est-à-dire qu’ils sont de rang équivalent aux princes. Voilà mille ans qu’il en est ainsi et que toutes les chancelleries d’Europe le reconnaissent.
    Son amie roula des yeux.
    — Comme tu le sais sans doute, Tron, la République n’existe plus depuis 1797. Plus de République de Venise, cela signifie plus de Grand Conseil et plus de doge. Nous sommes en 1863, mon cher, au cas où tu l’aurais oublié.
    — Et deuxièmement, reprit-il sans se laisser troubler, parce que la famille Tron est une centaine d’années plus vieille que la dynastie des Habsbourg. De ce fait, il serait absurde qu’il prétende m’élever à un rang plus haut.
    — De toute façon, tu refuserais ?
    Il fit semblant de ne pas entendre l’ironie dans sa voix.
    — Évidemment, confirma-t-il.
    — Donc, résuma-t-elle, pas de médaille et pas d’ascension. Que reste-t-il ?
    — Le poste de commandant en chef de la police n’a été confié à un Autrichien que faute de mieux. Et le baron n’est plus tout jeune. L’archiduc pourrait très bien me faire entrevoir sa succession. En accord avec son frère. Je sais que Vienne préférerait placer un Vénitien. Du moment qu’il soit loyal.
    — Parce que tu es loyal, toi ?
    — Envers ma cité, assurément ! De plus, je ne soutiens ni Garibaldi ni le Piémont. Je me moque de l’annexion de la Vénétie au royaume d’Italie. Cela devrait suffire pour ma nomination.
    Il pencha légèrement le buste sur le côté afin de permettre à Moussada (ou Massouda) de lui servir une cuillère de petits pois.
    La princesse le fixa soudain avec un air à la fois troublé et concentré.
    — Veux-tu laisser entendre par là que tu serais prêt à accepter ?
    En principe, ce

Weitere Kostenlose Bücher